La semaine dernière se tenait à Paris, le 3e Forum franco-québécois Bois & Forêt. À trois semaines de la COP21, le forum a tourné au plaidoyer pour la forêt comme outil de réduction des gaz à effet de serre (GES) et s’est traduit par sept recommandations qui seront remises lors de la COP21.
“Le grand tribunal du climat nous convoque tous, et au premier rang, il y a le secteur forestier”, assène Jean-Yves Caullet, député français et membre du groupe d’études Forêt, Bois, Meubles et Ameublement, mais aussi de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire à l’Assemblée nationale.
Du côté du Québec, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Laurent Lessard, avait fait le déplacement jusqu’à Paris, marquant ainsi l’importance qu’accorde le Premier ministre Philippe Couillard à la COP21. Il se réjouit également du changement de gouvernement à Ottawa. « On va avoir un Canada plus engagé », affirme-t-il.
Sept recommandations pour la COP21
Le forum, qui se veut un lieu d’échange de connaissances scientifiques et de bonnes pratiques de gestion des forêts, et de l’utilisation du bois, avait obtenu le précieux label de la conférence de Paris cette année. « Nous voulons être une force dans la COP21 », préviennent les organisateurs.
Aux termes de trois jours de travaux, cinq jeunes leaders français et québécois ont formulé sept recommandations qu’ils souhaitent voir discutées lors des travaux de la COP21.
Ces recommandations marquent la volonté de la filière de faire de la forêt un outil de lutte contre les changements climatiques, de soutenir la recherche, de reconnaître un vocabulaire international commun, de favoriser l’utilisation du bois dans la construction, d’utiliser le bois dans la planification urbaine, dans une vision intégrée de la filière bois-forêt.
Le Québec, des cibles de réduction ambitieuses
Du côté du Québec, le ministre Lessard a rappelé que la province se positionnait comme un leader au Canada, pour la réduction des GES. La cible de réduction du taux d’émission a été fixée à 37,5% par rapport à 1990. D’ailleurs, le Premier ministre Couillard sera à Paris dans trois semaines.
[caption id="attachment_12540" align="alignleft" width="300"] Le ministre du Québec, Laurent Lessard, en séance plénière du 3e Forum Bois & Forêt[/caption]Le Québec ressent lui aussi les effets du changement climatique. Les fenêtres de chaleur se déplacent. « On est maintenant capable de produire du sirop d’érable dans la Bas-St-Laurent ou en Gaspésie, et nos forêts du nord sont infestées par des parasites du sud (tordeuse des bourgeons d’épinette) », révèle Laurent Lessard.
Le bois, matériau de construction de l’avenir
« La forêt est un moteur de changement dans le climat », précise le ministre. Si la forêt est reconnue pour séquestrer le carbone, elle est aussi un matériau de construction peu polluant. D’ailleurs, la province favorise les constructions en bois et des constructions multi-étagées sortent de terre. À Griffintown, au cœur de Montréal, une série de bâtiments de huit étages mettant le bois en valeur, va être construit prochainement. La construction en bois est de moins en moins un problème technique mais un problème de réglementation, selon des architectes français et québécois. « En France, la construction est en pierre, le bois a du mal à s’imposer, c’est culturel », précise l’un deux. Car même si les constructions en bois ne sont pas plus chères que les constructions traditionnelles, le grand public n’aime pas que l’on coupe des arbres. Pourtant, en France, la forêt couvre 28% du territoire et a augmenté de 60% en un siècle.
Si la forêt se régénère seule à 80%, l’homme apporte sa contribution pour 20%. Le Québec plante ainsi 150 millions d’arbres, mais choisit aujourd’hui des espèces différentes de l’épinette noire à cause de la chaleur.
Tous les participants ont insisté sur le caractère renouvelable autant que vulnérable de la forêt. « Chaque fois que le forestier s’endort, la forêt pousse, et aucune ressource ne suit ce schéma », ajoute Jean-Yves Caullet. « La ressource est renouvelable, mais pas infinie », conclut Laurent Lessard.
(crédit photo : Nathalie Simon-Clerc)
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