Elégante, technique et créative, cette danse de couple originaire de Rio de Janeiro, plus communément appelée Tango brésilien, se développe en France depuis quelques années et fait de plus en plus d’adeptes chez les Montréalais. Rencontre avec Pierre-Henri Dobill, un Franco-Camerounais expatrié au Québec depuis treize ans et membre de l’association Espace Samba de Gafieira de Montréal.
Ce vendredi 5 septembre, au café du parc Lafontaine, se tenait le dernier évènement de musique brésilienne de l’été organisé par l’association Espace Samba de Gafieira de Montréal. A cette occasion, une soixantaine d’habitués et de néophytes se sont élancés sur la piste pour exécuter des enchainements de petits pas empruntés aux danses latines telles que le Forro et la Samba de Gafieira. L’artiste à la voix suave, Nico Beki, accompagnée de ses musiciens, a offert un concert gratuit de chansons populaires brésiliennes, de Bossa nova et de Samba. Une façon joyeuse de clore cette saison estivale et de célébrer la rentrée.
Un petit groupe de passionnés à Montréal
« La première fois que j’ai entendu de la Samba, mon cœur est sorti de ma poitrine. », témoigne Pierre-Henri Dobill qui a grandi en France puis au Cameroun, pour ensuite s’installer au Québec en 2001. « En Afrique, on ne conçoit pas une journée sans musique, sans chant ni danse. Je retrouve cette joie de vivre dans la Samba brésilienne. C’est une musique organique. », explique-t-il. Si les sonorités de la Samba lui rappellent les percussions africaines, elles sont également pour lui l’expression du métissage ; à la croisée de l’Europe, de l’Afrique et des Amériques.
C’est d’ailleurs à Montréal, en 2008, alors qu’il cherche des cours de Salsa, qu’il découvre l’unique atelier de Samba de Gafieira de la ville. A cette époque, les cours sont donnés par Marcos Oliveira, un danseur brésilien ; il n’y a que six élèves. Quelques mois plus tard, lorsque le professeur est contraint de repartir pour le Brésil, les membres du groupe décident de continuer seuls l’apprentissage, de se perfectionner et de fonder le collectif Sambakana afin de proposer leurs propres cours de Gafieira. En 2012, ils créent également une organisation à but non lucratif : Espace Samba de Gafieira de Montréal. Cette structure a pour vocation de promouvoir des événements culturels autour de la musique et de la culture brésilienne : ateliers, concerts, soirées dansantes, échanges, congrès, voyages ...
Aujourd’hui, grâce à leur passion, leur détermination et leur dynamisme, on compte plus d’une soixantaine d’adeptes de Samba de Gafieira à Montréal, dont une dizaine de Français.
Pour Julie Lasfargues, une Toulousaine qui réside au Québec depuis quatre ans et qui suit régulièrement ces cours, la Samba de Gafieira a été une révélation : « C’est ma sœur qui habite en France, à Lyon, qui m’a fait découvrir la Gafieira. Lorsque je suis arrivée à Montréal, je me suis mise en relation avec Sambakana. Je ne pourrais plus rater un seul de ces cours. C’est devenu une réelle passion ». Julie participe également, chaque mardi, aux soirées dansantes que le collectif organise au Studio MMP, avenue des pins.
Une danse carioca qui dépasse les frontières
Si la Samba de Gafieira est moins populaire que ses cousins : Salsa et Tango, elle séduit par son originalité et s’installe progressivement dans les bals aux rythmes latins. Ainsi, elle gagne l’Europe, la Russie, le Japon, l’Australie et l’Amérique du Nord.
Rappelons que cette danse de couple, qui émerge dans les faubourgs de Rio de Janeiro après l’abolition de l’esclavage, est l’étonnant mélange des danses de salon européennes et des rythmiques africaines ( le Batuque ). De nos jours, avec la mondialisation et les flux migratoires, elle correspond aussi à l’expression du brassage des cultures.
Sur le plan technique, il y a une trentaine de pas de base à connaître et différentes combinaisons qu’il s’agit d’exécuter avec précision ; ce qui fait de la Samba de Gafieira une danse riche et complexe qui ne s’improvise pas. En effet, elle nécessite un réel apprentissage et une pratique assidue.
L’objectif du collectif : créer des ponts entre la France, le Québec et le Brésil
Espace Samba de Gafieira de Montréal cherche à étendre sa communication et ses partenariats avec la France et le Brésil. Après une série d’évènements et de campagnes de promotion de la Gafieira, le collectif souhaite désormais multiplier les échanges internationaux et trouver de nouvelles collaborations au Québec. L’objectif étant d’accompagner l’engouement qui se crée autour de ce nouveau phénomène dansant.
En France, où il y a environ 150 adeptes de Samba de Gafieira à Paris et une cinquantaine à Lyon, des petits groupes de passionnés, comme l’association parisienne Dança Samba, travaillent également sans compter leurs heures et s’investissent pour la reconnaissance de cette danse surprenante.
De Montréal à Paris, tous dépeignent une atmosphère décontractée, conviviale et des moments de partage chaleureux. En somme, un lieu propice aux rencontres interpersonnelles et aux échanges interculturels.
Crédit photo : Sarah Laou
Les prochains évènements à ne pas manquer :
- Soirées dansantes : tous les mardis au Studio MPP – 10, avenue des Pins, #412 :
De 20h15 à 21h15 : Forro et Gafieira
Après 21h15 : Gafieira uniquement
5$ par personne
- Week-end culturel brésilien : Les 11 et 12 octobre 2014 :
12h d’atelier de danse brésilienne en couple ou individuel + soirées dansantes latines + Concert musique live brésilienne
Invités : Luanda JONES en première partie de MARACUJA (Samba, Soul, Jazz d’artistes brésiliens )
VIDEO – Présentation de la Samba de Gafieira par le collectif Sambakana et Espace