Dans le cadre de son 75e anniversaire, le Collège International Marie-de-France (CIMF) a présenté la pièce de théâtre Les Femmes de bonne humeur de Carlo Goldoni, le vendredi 28 novembre. L’occasion de mettre en valeur le talent des étudiants actuels, mais aussi de rappeler l’importance de « se battre pour garder un lien avec les anciens », selon le proviseur Régis Raufast.
L’habituel auditorium du collège, où s’est produit le chanteur franco-américain Thomas Hellman au début du mois de novembre, est délaissé le temps des Femmes de bonne humeur. Le spectacle se déroule entièrement dans la salle polyvalente adjacente. Le public navigue dans cet espace pour suivre les comédiens tout au long de la soirée. « J’ai voulu rendre le spectateur fébrile et lui dire : « attention ! Vous rentrez dans un nouvel univers », explique le metteur en scène et animateur à CIMF, Julien Blais.
Les espaces scéniques sont restreints, et les comédiens ne se gênent pas à se mêler au public. « Tu te retrouves en tant que spectateur collé au comédien, éclairé comme lui. Qui joue et qui fait partie du spectacle devient un peu flou, relate le metteur en scène, et je trouvais intéressant de permettre au public de connaître d’autres façons de voir le théâtre, et interagir avec eux. » Une troupe composée d’élèves actuels, de la classe de seconde à la terminale, ainsi que de deux diplômés de 2014, tiennent le spectateur en haleine pendant plus de deux heures. L’ambiance du carnaval de Venise, sous la plume de Goldoni, leur a donné du rythme toute la soirée. « C’est sympathique d’associer les Femmes de bonne humeur à l’anniversaire de Marie-de-France car je savais que j’allais faire un spectacle festif », lance Julien Blais.
« C’est un gros travail de mise en scène qui a été fait», approuve le proviseur du collège, Régis Raufast qui ajoute : « J’ai trouvé la prestation exceptionnelle de la part des élèves. » Il s’agit du spectacle ayant le plus d’étudiants actuels sur scène, dans le cadre des festivités du 75e anniversaire.
« Le culturel », essentiel au CIMF
Le CIMF est une école française appréciée. Les classes sont chargées, et les demandes d’inscriptions sont nombreuses. Mais ce n’est pas uniquement l’excellence du programme et son taux de 99% de réussite au baccalauréat qui fait de Marie-de-France une école sollicitée. « Il faut maintenir cette attractivité de l’établissement, de par l’excellence des résultats, mais aussi de par cet environnement culturel et sportif qui permet d’amener les élèves à la réussite, d’une façon plus heureuse et dynamique », estime Régis Raufast. Les élèves de la 6e à la terminale ont la chance de monter sur les planches tout au long de l’année dans de nombreux spectacles de musique et de théâtre organisés par Julien Blais, mais aussi par des professeurs. Une chaîne de télévision interne, la TV invisible, est également ouverte à tous.
« On a de plus en plus de jeunes qui vont par la suite dans le milieu culturel, que ce soit pour la chanson ou le théâtre » indique l’animateur du collège. Avec son auditorium moderne, Marie de France dispose d’infrastructures qui permettent d’offrir des spectacles de qualité. « La scène actuelle de Marie de France, 75e anniversaire ou pas, continue d’avancer et de s’améliorer d’année en année » poursuit-il. Le culturel fait partie intégrante de la vie à Marie de France.
Le proviseur a lui-même initié une tradition en 2013. Une troupe composée d’élèves du niveau lycée et d’anciens, s’exporte en dehors des murs du collège. Le projet, mis en scène par Julien Blais, joue dans des lycées français d’autres villes, ainsi que dans une salle de Montréal. La troupe de Tristan & Yseult a pu se représenter en 2013 à Paris, ainsi qu’à la salle Marie Gérin-Lajoie à Montréal. Cette année, la troupe d’Hamlet s’est produite aux lycées français d’Ottawa et de Toronto, puis au Théâtre rouge du Conservatoire de Montréal. « Il y a une volonté de s’inscrire davantage dans la scène montréalaise », confirme le metteur en scène. Un projet du même type est prévu pour février 2015.
L’importance du lien avec les anciens
Les « anciens » élèves sur scène font écho à ceux assis dans le public. L’une des ambassadrices du 75e anniversaire et journaliste à La Presse, Marie-Claude Lortie, assiste régulièrement aux spectacles du collège, dont celui de vendredi. Le lien qui l’unit à Marie-de-France est toujours présent. « Comme journaliste, je suis ordinairement réticente à épouser des causes afin de garder mon indépendance. Dans ce cas-ci, je pense que ça ne m’engage à rien d’autre que ce que je fais d’habitude, c’est-à-dire répéter à quel point j’estime avoir reçu un bon enseignement dans cette école », déclare-t-elle.
De nombreuses personnalités importantes pour la communauté montréalaise et québécoise sont sorties de ces murs. De l’ancienne ministre provincial de l’Éducation, du Loisir et des Sports, Marie Malavoy, à la femme d’affaires Hélène Desmarais en passant par la ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Kathleen Weil, la liste est impressionnante. « Même la plus grande critique culinaire du NY Times, Ruth Reichl, a fait ses études à Marie-de-France ! », lance la journaliste à La Presse.
Le lien avec les anciens étudiants est « primordial » selon le proviseur du CIMF. « Il faut que l’on travaille et que l’on se batte pour garder ce réseau d’anciens élèves, développe Régis Raufast. Nous profitons des célébrations pour essayer de le structurer. C’est tout un défi. » L’école organise à l’occasion des soirées retrouvailles, et possède un site internet dédié.
Le 75e anniversaire est épaulé par des ambassadeurs et ambassadrices qui estiment avoir été marqués par Marie-de-France. « Il y a un respect et un amour de la langue que je trouve frappant dans cette école, et je voulais l’encourager », indique Marie-Claude Lortie. Un message que le proviseur espère transmettre aux élèves actuels. « C’est la grande famille de Marie de France. Avec ces ambassadeurs, on montre qu’on peut réussir en sortant d’ici dans tous les domaines », précise Régis Raufast.
Les festivités se poursuivront le mardi 13 janvier 2015 à 19h30 avec un concert de l’ancienne élève et soprano québécoise Natalie Choquette, accompagnée de ses filles.