Dimanche avaient lieu, à Montréal et à Québec, les commémorations du centenaire de l’Armistice du 11 novembre. Dans la métropole, une cérémonie officielle s’est tenue au Parc La Fontaine et à la place du Canada, tandis qu’à Québec, une conférence sur le devoir de mémoire avait lieu au Musée de la civilisation. Cent ans après la fin de ce conflit meurtrier, le devoir de mémoire est plus actuel et pertinent que jamais, croient les participants à ces évènements.
Par Sandrine Bourque, rédactrice en chef adjointe
En ce dimanche matin, le ciel était bleu et ensoleillé, mais l’air, glacial. Cela n’a pas empêché une impressionnante foule de se rassembler sous un grand chapiteau, dressé devant le Monument aux morts français de Montréal et aux volontaires canadiens de l’armée française du Parc La Fontaine, afin de commémorer l’Armistice de ce premier grand conflit mondial de l’ère moderne, qui a coûté la vie à plus de 18 millions de personnes, dont près de 70 000 Canadiens.
Rassemblés autour de la Garde républicaine et des Fusiliers Mont-Royal, le Lieutenant-gouverneur du Québec, Michel Doyon, et la Consule générale de France à Montréal, Catherine feuillet, ont pris la parole lors de cette commémoration au ton solennel. Le Consul général d’Allemagne, Markus Lang, et le sénateur des Français de l’étranger, Damien Regnard, ont également pris part à la cérémonie.
Regarder vers le passé, certes, mais aussi vers l’avenir : c’est le message lancé par les participants à cette commémoration. « Plus que jamais, il est important de souligner l’Armistice du 11 novembre de façon à nous souvenir de tout le courage et de toute la générosité de ceux qui ont combattu pour notre liberté », a déclaré Michel Doyon devant une foule qui, bien que silencieuse, se tortillait pour combattre le froid mordant.
La Consule générale de France à Montréal, Catherine Feuillet a, quant à elle, insisté sur l’importance de souligner l’Armistice afin de refuser que l’histoire ne se répète. « Nous voilà rassemblés en ce 11 novembre pour commémorer la victoire, mais aussi pour célébrer la paix, a-t-elle déclaré. Nos poilus ne sont pas morts en vain, car le siècle qui nous sépare du terrible sacrifice des hommes et des femmes de 1918 nous a appris la grande précarité de la paix et la nécessité de la préserver. »
Peu après ces prises de parole, des dignitaires français, canadiens et étrangers ainsi que des anciens combattants ont déposé tour à tour des couronnes de fleurs sur le Monument aux morts français. Une chorale composée d’une centaine d’élèves des écoles Stanislas et Marie-de-France a également interprété les hymnes nationaux du Canada et de la France. Le cortège de militaires a ensuite pris la route vers la Place du Canada, où avait lieu une grande cérémonie officielle à laquelle s’est jointe la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
À Québec aussi, le devoir de mémoire
À Québec, le froid n’avait pas dissuadé l’impressionnante foule de quelque 300 personnes, rassemblées à la Croix du Sacrifice, à l’entrée des Plaines d’Abraham. La Consule générale de France à Québec, Laurence Haguenauer, accompagnée du commandant du Fulmar, patrouilleur français amarré à Québec, a déposé une gerbe en mémoire des disparus de cette terrible guerre. La cérémonie a eu lieu en présence de François Legault, Premier ministre du Québec, et de Jean-Yves Duclos, ministre fédéral.
L’après-midi, le Consulat de France avait organisé plusieurs activités, dont une conférence sur le devoir de mémoire, en présence du ministre Éric Caire et du député fédéral conservateur, Gérard Deltell. Le Collège Stanislas de Québec était largement associé à cette après-midi et a notamment dévoilé une mosaïque, réalisée par les élèves, en mémoire des disparus.
Une commémoration en présence de la Garde républicaine
À l’invitation du Consulat général de France à Montréal, sept membres de la Garde républicaine avaient fait le déplacement depuis l’Hexagone pour prendre part à la cérémonie tenue au Parc La Fontaine, qui visait à rendre hommage aux soldats canadiens tombés au combat, mais aussi à souligner la fraternité et la vitalité des liens historiques entre la France et le Canada.
Pour la majorité des Gardes républicains ayant pris part à ce séjour québécois, il s’agissait de leur toute première participation à une cérémonie officielle hors de France, preuve du caractère exceptionnel de la commémoration tenue dimanche.
Bien qu’ils n’aient aucune expérience directe de la Grande Guerre, tous ont reconnu l’importance du devoir de mémoire associé aux commémorations du 11 novembre. « Souligner cet anniversaire particulier est une façon de remercier l’engagement de nos anciens », explique le Lieutenant Stéphane Bernard, commandant du peloton d’appui tactique de la Garde républicaine.
Il s’agit aussi selon lui d’une façon de contribuer au maintien de la paix, à une époque où les tensions entre grandes puissances se multiplient. « Nous sommes actuellement témoins d’un climat sécuritaire qui se dégrade, croit le Lieutenant Bernard. Le monde n’est pas à l’abri de l’éclatement d’un nouveau conflit. Le devoir de mémoire est alors d’autant plus nécessaire afin de nous sensibiliser collectivement à l’importance de la paix, à sa valeur et à sa fragilité ».
À la question de savoir quel avenir attend cette commémoration une fois le cap du centenaire passé, Stéphane Bernard est d’avis que celle-ci ne perdra pas en pertinence. « Ce n’est pas parce que tous les poilus nous ont quittés que nous devons cesser de leur rendre hommage, croit-il. Au contraire, il est absolument nécessaire de cultiver notre devoir de mémoire et de le transmettre auprès de la jeune génération afin qu’une telle tragédie ne se reproduise jamais. »