Lors d’une session de négociation sur le climat à Bonn cette semaine, le ministre Français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a réclamé un pré-accord sur les changements climatiques dès octobre, soit deux mois avant la tenue de la conférence COP 21 prévue pour décembre à Paris, où les quelque 150 pays présents doivent s’engager à limiter l’augmentation des températures à 2 degrés au-dessus de la période pré-industrielle. Le ministre a précisé « qu’à ce stade, nous disposons d’un projet d’accord, mais ce texte est long et qui, sur plusieurs points, ne choisit pas. »
Cet appel à une accélération des pourparlers sur le réchauffement climatique du ministre Fabius, qui présidera la COP 21, est toutefois terni par les déclarations pour le moins acides de la ministre Française de l’Écologie, Ségolène Royal, qui déclarait que « les négociations de l’ONU sont totalement inadaptées à l’urgence climatique,…que la lourdeur du processus est telle qu’il se poursuit comme si de rien n’était. » Un bras de fer d’autorité entre les deux ministres se poursuit depuis la dernière rencontre sur le climat COP 20 de Lima, au Pérou en décembre dernier, qui avait vu la ministre de l’Écologie quitter la conférence deux jours plus tôt avec l’avion présidentiel, laissant Laurent Fabius et son cabinet revenir avec une compagnie à rabais.
Tout ce brouhaha politique en France à moins de 200 jours de la COP 21 qui doit réunir 40 000 délégués en décembre à Paris, alors que les soubresauts climatiques souvent meurtriers se multiplient sur la planète. Inondations historiques au Texas, vagues de chaleur sans précédent en Inde, et une sécheresse si importante en Californie qu’on en est réduit à recycler les eaux d’égouts pour consommation domestique.
Et les climato-sceptiques, différences selon la culture…
Pendant ce temps, de ce côté-ci de l’Atlantique, on constate que les climato-sceptiques, ceux qui contestent les effets de la pollution sur le climat, sont différents selon qu’ils opèrent en Amérique et ailleurs dans le monde anglo-saxon, par rapport à ceux qui oeuvrent dans les pays francophones. En effet, le chercheur en géochimie et en modélisation environnementale Sebastian Weissenberger déclarait devant des centaines de scientifiques réunis à Rimouski au Québec, que le négationisme climatique est généralement au service de multinationales dans les pays anglophones, alors que dans les pays francophones, ceux qui confrontent leurs opposants le font en solitaires. Un animateur de l’émission scientifique Les Années Lumières de Radio-Canada, Yanick Villedieu, admet d’autre part ne plus donner la parole aux climato-sceptiques, comme d’autres publications scientifiques, étant donné, reconnaît le vulgarisateur, « que le réchauffement planétaire et sa cause anthropique ne font plus de doute, point final ».
Les grandes universités embarquent, non sans efforts
Enfin, en Écosse et en Angleterre, deux universités de réputation internationale viennent de décider de s’éloigner des industries du carbone, telles le charbon et les sables bitumineux. À Édimbourg, l’institution a finalement accepté de ne plus investir dans produits fossiles, après que les étudiants aient fait 10 jours de grève pour protester contre une position contraire de l’établissement prise le 12 mai dernier. Du côté d’Oxford, on vient également de prendre l’engagement de divertir des industries fossiles une partie des investissements de l’institution, évalués à quelque trois milliards de dollars. La direction de l’Université Oxford dit prendre cette décision pour joindre la cause environnementale déjà soutenue par les étudiants et les autorités ecclésiastiques.
(crédit photo : Nathalie Simon-Clerc)
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