La retraite est une étape de vie importante, d’autant plus lorsque l’on vit à l’étranger… Cette troisième conférence sur les retraites, organisée par l’UFE Canada Montréal (Union des Français de l’Étranger) en partenariat avec l’Union Française, affichait complet, ce 26 octobre. Plusieurs dizaines de participants, expatriés français pour la plupart, sont venus écouter les conseils de deux expertes en la matière: Pascale Gauthier, experte juridique en retraite française et internationale de la société Novelvy, et Fatima Hadji, conseillère financière et fiscale en retraite québécoise.
Par Cédrelle Eymard
Comment assurer une bonne retraite au Québec lorsqu’on est expatrié ? Est-il possible et bénéfique de finir sa vie en France après plusieurs années passées à l’étranger ? Diverses questions que chaque expatrié se pose, et auxquelles Pascale Gauthier et Fatima Hadji ont apporté des réponses claires.
Connaître son statut et ses droits
Avant toute chose, il est essentiel de connaître son statut pour connaître les droits qui en découlent. Cette précision de Pascale Gauthier entame la conférence. En effet, lorsqu’on est Français et salarié au Québec, on peut être soit « détaché », c’est-à-dire salarié d’une entreprise française de France, envoyé au Québec, et donc sous le régime français de la Sécurité sociale (le droit français s’applique donc pour les retraites), soit « expatrié », c’est-à-dire salarié d’une entreprise québécoise, et donc régis par le droit québécois.
Il faut également savoir qu’en tant qu’expatrié français vivant au Québec, « on a le droit à la retraite française (pour la période travaillée en France avant celle travaillée au Québec), même si on a peu travaillé en France », précise l’experte en retraite française. Cette possibilité découle d’un partenariat entre la France et le Canada, une Convention bilatérale de sécurité sociale. Ainsi, chacun peut cumuler les retraites française et québécoise, en fonction de chaque système de retraite. Pour chaque retraite touchée, un calcul différent sera opéré.
France-Québec : deux systèmes différents
En France, il existe deux niveaux de retraite tous deux obligatoires, la retraite dite « de base » (celle de l’Assurance Maladie de la Sécurité Sociale) et la retraite dite « complémentaire » (Agirc et Arrco). Ces deux niveaux proviennent des cotisations salariales des actifs, base du système de retraite par répartition. A partir de ses 62 ans, chaque Français (même expatrié) peut prétendre à l’ouverture de ses droits à la retraite, peu importe le nombre d’annuités effectuées. Par contre, la retraite a taux plein dépend du nombre de trimestres cotisés et de l’année de naissance. Par exemple, une personne née en 1958 devra cumuler 167 trimestres pour prétendre à une retraite complète. Si tel n’est pas le cas, le régime français estime qu’il faut attendre cinq années (67 ans donc) pour obtenir un taux plein garanti. Il existe également la possibilité d’acheter des trimestres manquants (environ 4000 euros chaque).
Fatima Hadji, spécialiste de la retraite au Québec, met en lumière la principale différence entre le Québec et la France en matière de retraites. « Alors que la France est un système par répartition, le système québécois est un système dit « par capitalisation ». En effet, le salarié se constitue une retraite, en plus de la retraite publique à laquelle il a droit (La Sécurité Vieillesse pour le Canada ainsi que le Régime des Rentes du Québec). La Sécurité Vieillesse est une allocation dont le montant versé varie en fonction du nombre d’années vécues au Canada : il faut avoir plus de 65 ans, avoir une résidence de plus de dix ans sur le sol canadien et être citoyen canadien ou résident permanent. On peut en bénéficier même si on n’est plus résident au Canada (accord franco-canadien). Pour ce qui est du Régime de Rentes du Québec, il fonctionne sur des cotisations salariales comme en France. En fonction de son âge, le montant touché n’est donc pas le même. Pour exemple, à 60 ans, le montant s’élève à 699,20 dollars alors qu’à 70 ans, il monte à 1551,35 dollars. Le taux plein est garanti au Québec à partir de quarante années de travail et de cotisations.
Outre ces deux retraites publiques, il existe des possibilités de capitalisation : le REER (Régime enregistré d’Epargne-Retraite), le CELI (Compte d’Epargne Libre d’Impôt), l’Assurance-vie ou simplement l’achat immobilier. En effet, ce qui apparaît comme une éventualité en France devient presque une nécessité au Québec, au vu du montant des retraites publiques.
Quelques conseils des expertes
Qu’il choisisse de vivre sa retraite en France ou au Québec, l’expatrié français peut prétendre aux deux retraites. « Lorsqu’on a cette chance d’avoir un pied dans chaque pays, il faut faire un tour et s’informer sur ce qui se passe des deux bords », précise Fatima Hadji. De son côté, Pascale Gauthier, ajoute qu’ « en tant qu’expatrié français, retraité au Québec, il n’est pas intéressant de racheter des trimestres pour sa retraite française et qu’il est plus opportun de demander l’ouverture de ses droits dès que possible », même si le taux n’est pas plein. La retraite mérite donc réflexion pour qu’elle soit douce et tranquille, d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique.
Pour toute information ou question, il existe le Bureau des Ententes de la Sécurité Sociale (BESS) au Québec ainsi que la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse Française (CNAV) en France.
La prochaine conférence de l’UFE Canada: MERCREDI 23 NOVEMBRE, de 18h30 à 20h30, 355 Place Royale (Vieux-Montréal)
La trousse à outils en matière notariale : transfert de fonds, gestion de biens, protection du patrimoine, divorce, décès, …
Avec Stéphane Larose, notaire fiscaliste et Nathalène Chapuis, notaire au Québec et en France
Les débats seront suivis d’un cocktail « Beaujolais », proposé par la Maison Christian FaureTarifs : 10$ pour les adhérents de l’UFE, 20$ pour les non-adhérents
Réservations : quebec@ufe.org
L’actualité de l’UFE Montréal : www.facebook.com/UFE-Canada-Montr%C3%A9al-483955524999592/
(crédit photo de Une : UFE Montréal)
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