Le théâtre Outremont accueillait la chanteuse La Grande Sophie et l’écrivaine Delphine De Vigan, la semaine dernière à Montréal. Autour de leurs textes et chansons, le spectacle, intitulé L’Une et l’Autre, reflétait l’intimité complice d’une rencontre entre deux artistes sensibles et complètes. Dans le cadre du Festival International de Littérature, immersion dans une dimension onirique et poétique.
La Grande Sophie a fait sept albums. Delphine de Vigan a publié sept livres. C’est à cette occasion que ces deux grandes dames, phares du paysage culturel français, ont décidé de créer un spectacle en 2014, à l’occasion du festival littéraire Tandem-Nevers. Finalement, la création unique s’est prolongée par une longue tournée Mise en avant des textes de l’une, versions a capella des chansons de l’autre, les deux arts se complètent.
« L’idée était de mêler nos univers, de les mettre en résonances. Nos vies sont différentes mais nos sensibilités sont proches. La manière de parler de l’enfance, de l’entrée dans l’âge adulte, de la rencontre amoureuse… « , expliquait Delphine de Vigan, dans une entrevue à l’Express, le 16 avril 2017.
Une communion parfaite
Mise en scène minimaliste, les deux femmes sont habillées en noir. Passant à travers les sept œuvres de chacune des artistes, s’enchaînent lectures interprétées et chansons chuchotées ou chantées, accompagnées par la guitare. S’entremêlent finalement les deux, l’une répondant à l’autre, l’une riant des mots de l’autre, les deux se complétant.
Si les textes et chansons sont connues, la mise en perspective ici présentée donne aux œuvres une dimension neuve. On se laisse emporter, comme l’enfant à qui le parent raconte une histoire avant l’heure du coucher. La voix envoûtante de La Grande Sophie, tantôt grave, tantôt cherchant des hauteurs insoupçonnées, captive le théâtre en entier et permet le rythme. Les lectures de Delphine de Vigan marquent des pauses littéraires passionnantes, et permet de réaliser que son écriture est finalement très adaptée à l’oral.
Pendant une heure et quart, les deux femmes semblent en communion parfaite. Compliqué cependant de ne pas remarquer certaines longueurs, certains moments de flottement. Si cela n’enlève rien au charme dégagé par les voix singulières des artistes, il peut être compliqué de rester concentré tout au long de la représentation.
Finalement, L’Une et l’Autre procure un plaisir auditif plus que visuel, et donne envie de se replonger en les œuvres des deux femmes, ou de se mettre, à son tour, au chant ou à l’écriture.
(crédit photo: © Bastien Burger)