Crédit photo : www.corinnenarassiguin.com
Corinne Narassiguin a fait le voyage depuis Paris pour soutenir Franck Scemama, candidat du Parti socialiste à l’élection partielle en Amérique du nord, lors du lancement officiel de sa campagne, hier à Montréal. Malgré l’annulation de son élection en tant que députée socialiste des Français de l’étranger en février dernier, elle restera impliquée dans la vie politique de la circonscription.
“Pour moi c’était une évidence de soutenir Franck. Le jour même de mon annulation, je l’ai contacté pour lui dire que je pensais que c’était une bonne idée qu’il réfléchisse à cette candidature. (…) S’il est élu, il sera totalement légitime pour exercer ce mandat jusqu’au bout, et totalement légitime pour se représenter”. Corinne Narassiguin reconnait que l’invalidation de son élection par la Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP) a été “un choc brutal”. Sanctionnée par une inéligibilité d’un an, elle compte néanmoins poursuivre son engagement auprès de la majorité socialiste en France (où elle habite désormais) et en Amérique du nord. Elle est convaincue qu’il y a d’autres façons de rester actif en politique sans occuper un poste d’élu. Depuis sa précédente campagne, Corinne Narassiguin a l’expérience du terrain, et compte sur le travail accompli en huit mois de mandat pour venir en aide à celui qui prendra peut-être son siège à l’Assemblée nationale.
“J’ose penser que le travail que j’ai fait a été apprécié, et que beaucoup d’électeurs ont vu l’importance d’avoir un député qui comprend vraiment ce que c’est qu’un Français d’Amérique du nord dans son expérience personnelle, qui connaît ses dossiers par son investissement de longue date, et qui a l’oreille du gouvernement parce qu’il fait partie de la majorité. J’espère que ça permettra à Franck de convaincre qu’il est tout à fait en capacité de continuer ce travail là, et qu’il a ses qualités propres pour amplifier les actions commencées et inventer de nouvelles manières de mieux exercer ses fonctions.” Les députés des Français de l’étranger n’existent en effet que depuis les élections législatives de 2012, et Corinne Narassiguin estime avoir porté la voix des Français de l’étranger dans les débats parlementaires au-delà des perspectives franco-françaises.
En juillet 2012, elle est volontaire pour devenir porte-parole et responsable du groupe socialiste pour le projet de loi « Mariage pour tous », et dépose un amendement – adopté en première lecture – visant à garantir le mariage aux couples homosexuels résidant à l’étranger. “ Cela m’a permis d’introduire un amendement pour les Français de l’étranger que probablement les députés en France n’auraient pas pensé à introduire (…) C’est une démonstration, je crois, de l’importance d’avoir cette représentation des Français de l’étranger à l’Assemblée nationale”, affirme l’ex-députée.
Sur d’autres dossiers en revanche certains reprochent à Corinne Narassiguin de rentrer dans le rang de la majorité. La suppression subite de la PEC (prise en charge des frais de scolarité), et la nouvelle politique des bourses ont parfois été mal comprises des Français d’Amérique du nord. “C’est une réforme dont on ne voit pas encore les conséquences. C’est une année test. Il y a aura éventuellement des révisions.”, se défend-elle.
Une conjoncture politique différente
Comme lors de la précédente campagne, on voudra entendre Franck Scemama sur l’éventuelle taxation des Français de l’étranger, alors même que le gouvernement socialiste vient de décider que la CSG (Contribution Sociale Généralisée) et la CRDS (Contribution pour le Remboursement de la Dette Sociale) s’appliqueront aux revenus du patrimoine des non-résidents. Une réforme que Corinne Narassiguin dit assumer pleinement. Elle entend d’ailleurs continuer à défendre le principe de réciprocité fiscale : “J’ai l’écoute de Bercy, et je continue à l’avoir. Je suis en train de prendre contact avec le nouveau ministre du budget.”
Désaveu de la majorité gouvernementale, réformes inachevées, mécontentements… La donne politique a changé et l’élection s’annonce serrée pour Franck Scemama. Si la présence de Corinne Narassaguin à ses côtés demeure un atout sous plusieurs aspects, une trop grande visibilité de l’ex-députée pourrait déstabiliser la campagne de la gauche dans cette première circonscription. Aucun accord n’a été trouvé avec son ancien suppléant, Cyrille Giraud, désormais candidat sous l’étiquette Europe Écologie les Verts (EELV) contre le ticket formé par Franck Scemama et Annie Michel.
La division est rarement profitable dans une élection, toutefois Corinne Narassiguin a appuyé le choix d’Annie Michel. En temps que Secrétaire national aux Français de l’étranger au Parti socialiste, et première députée élue dans cette circonscription, elle garde un droit de regard sur les stratégies adoptées. Elle ne mâche pas ses mots au sujet des attaques de Cyrille Giraud à son encontre : “Je regrette qu’il soit dans une logique personnelle par rapport à moi sur cette question. Quand on est en politique, on doit voir l’intérêt général et l’intérêt de la majorité. EELV n’a pas été capable de nous proposer une suppléance qui avait les qualités d’Annie Michel.”
Rien n’est joué d’avance dans ce scrutin, mais Corinne Narassiguin veut se tourner vers l’avenir et y croire. Celle qui compte capitaliser sur le travail accompli, et “la satisfaction d’avoir commencé à inventer ce que pouvait être un député des Français de l’étranger” se tient prête pour Franck Scemama : “Je serai là pour l’aider à s’installer. S’il a besoin de mes conseils je serai totalement disponible.”