Le Festival International du Film sur l’Art organisait la semaine dernière la soirée Websérie, art et grand écran dans le cadre de la sélection Nouvelles Ecritures. L’occasion de mettre à l’honneur l’un des fers de lance de la création-production de films sur l’art, la chaine franco-allemande Arte.
Comme chaque année, Arte est omniprésent dans la sélection du FIFA, et ce n’est pas une surprise de retrouver cet ovni de la télévision européenne au cœur de la programmation « Nouvelles écritures ». Lancée pour la première fois cette année, cette sous-sélection thématique a rassemblé une vingtaine d’œuvres représentatives des dernières tendances des films dédiés à l’art sur les nouveaux écrans. Parmi ces œuvres, six webséries coproduites par Arte étaient présentées au public jeudi 30 mars à l’occasion d’une séance interactive animée par le réalisateur David Dufresne et la directrice de la programmation du FIFA, Anita Hugi.
Connectés à la plateforme dédiée à la culture contemporaine Arte Creative, les spectateurs munis d’un laser ont pu voter pour les épisodes de leur choix en dirigeant leur lumière rouge sur telle ou telle partie de l’écran. Une forme de diffusion participative qui n’a pas manqué d’animer la séance, malgré quelques légers cafouillages.
Au programme, une rencontre avec des explorateurs urbains à Paris et Berlin dans City Manifesto, un retour sur l’émergence du mouvement punk hardcore aux Etats-Unis dans Photos Rebelles, une plongée dans l’histoire du photomaton avec Me, my self(ie) and I, une découverte typographique de Montréal dans Safari Typo, et un retour sur l’émergence de la culture du clubbing en France avec Touche Française.
La pertinence des nouveaux formats
La soirée s’est poursuivie avec un débat d’une demi-heure autour d’Alexander Knetig, rédacteur en chef d’Arte Creative. La websérie correspond-elle à un nouveau genre prometteur ou constitue-t-elle une impasse pour la création de films sur l’art ?
Etaient également présents pour répondre à cette question Colette Loumède, productrice exécutive à l’Office national du film du Canada, Yanick Létourneau, producteur à Peripheria et Marc Lustigman, producteur à Darjeeling.
Arte s’est historiquement démarqué du reste de l’offre télévisuelle par la longueur et l’exigence de ses formats. Avec ces créations courtes et dynamiques pensées pour le web depuis quelques années, la chaine interroge sur les nouvelles façons de produire et de diffuser des documentaires sur l’art à l’heure de Youtube et des réseaux sociaux.
« Nous avons aujourd’hui un énorme souci stratégique et éditorial lié au vieillissement de notre public », a expliqué Alexander Knetig, arguant que le public sur certaines cases de diffusion dépassait les 70 ans d’âge moyen. Cette réalité pose des défis considérables en matière de renouvellement du contenu télévisé d’Arte. C’est ainsi que l’exploration de nouveaux contenus s’est déplacée vers de nouveaux formats tels que la websérie, susceptible d’attirer un nouveau public vers Arte.
Le débat s’est ensuite concentré sur la possibilité de proposer une vision artistique aboutie dans un format court comme la websérie, certains reprochant une forme de superficialité aux créations web d’Arte Creative. Alexander Knetig a défendu la pertinence des choix d’Arte : « De plus en plus d’auteurs et de producteurs de documentaires sur l’art décident de s’exprimer dans des formats plus courts et plus feuilletonnants, davantage en phase avec ce qui se fait dans le domaine de la fiction. »
Comme pour appuyer l’argumentation de M. Knetig, la soirée s’est achevée avec la diffusion en avant-première mondiale de Grounds, une websérie dédiée aux danseurs de rue à Paris. Tournée pendant plus de 10 ans, la dernière production d’Arte Creative est portée par le regard passionné du réalisateur Raphaël Stora et n’a rien à envier aux documentaires télévisés qui ont fait le succès de la chaine franco-allemande depuis 25 ans.