Ils sont cinq, ils sont français et ils ont mis le feu au Club Soda le 9 juin dernier. Le groupe Feu! Chatterton participait pour la deuxième fois aux Francofolies de Montréal, mais cette année en tête d’affiche. Ils ont transporté des spectateurs de tous âges, de tous horizons dans leur monde poétique où chaque mot est justement choisi.
L’air est frais pour un début juin. Les passants s’engouffrent dans les salles de spectacles, c’est bien la période des festivals. Pour Arthur, Sébastien, Clément, Raphaël et Antoine, c’est une autre dynamique. Une arrivée à Montréal depuis Paris, des entrevues, mais surtout un concert au Club Soda. Montréal, ils connaissent bien, ils sont déjà venus aux FrancoFolies l’année dernière, sur une scène extérieure, sous la pluie. Mais ils ont aussi eu la chance de faire la première partie de Fauve incontournable ces dernières années.
Comme le dit Arthur (chanteur) : « au-delà du concert de Montréal, on a eu la chance de faire plusieurs dates de suite au Bataclan en première partie. Ça nous a permis de travailler sur notre jeu de scène. Mais ça nous a aussi apporté de la visibilité. » Feu! Chatterton reste modeste malgré le succès de ces derniers mois : « pour l’instant on n’a pas la puissance fédératrice de Fauve, on ne l’aura peut-être jamais, en tout cas ça prendra plus de temps parce que notre musique est moins frontale que la leur », nous explique Raphaël (batteur).
Pourtant quelques heures plus tard, dans la fosse du Club Soda, les spectateurs scandaient les chansons, devinaient les titres à la première note. Il faut admettre que les concerts qui nous happent autant dans un univers sont plutôt rares. On boit les paroles d’Arthur, qui avec sa gestuelle apporte une touche théâtrale au concert. Pour Arthur, « cet aspect théâtral, ce n’est pas une réflexion. Il ne faut pas que c’en soit une, le but c’est juste d’être le plus honnête possible sur scène. Si un soir, être honnête c’est sauter, être excessif alors on le fait. Pour être irréprochable, il faut simplement que notre intention soit pure ». Rien d’excessif pourtant lorsqu’on les voit sur scène, juste une belle manière de vous enrôler dans un monde ou la beauté des mots et de la langue française, sont parfaitement mixées avec des rythmes rock à vous faire danser.
Inspiration et langue française
Feu! Chatterton ne laisse personne indifférent. Les premières phrases de chaque chanson sont indéniablement prenantes. Arthur, qui chante, mais écrit aussi les textes, a évolué dans sa manière d’approcher l’écriture. Avant, il pensait qu’il fallait un sujet de base, une idée précise avant de prendre un stylo. Maintenant si des petites phrases deviennent des chansons c’est parce qu’on le pousse dans une pièce avec ses amis, et qu’il va devoir dire quelque chose, faire quelque chose. « Je prends mes carnets dedans avec plein de phrases à l’intérieur, je vois comment je le sens, si je peux trouver un début d’histoire. Si j’en trouve un, je suis emmerdé, faut que je la termine ! », explique l’artiste
La langue française joue aussi un rôle dans la poésie des textes, mais rien de calculé, juste le naturel de français, voulant jouer en français. Simple, mais logique quand on comprend le but derrière la musique que propose Feu ! Chatterton. Ils rassemblent autour de textes ou chacun peut y comprendre son histoire. « On sent que les gens sont touchés par certains éléments de l’histoire. Quand les gens peuvent comprendre les textes, s’approprier les histoires, la musique prend une ampleur différente. On prend vraiment plaisir à en discuter après les concerts » nous raconte Sébastien.
Ce soir-là, ils avaient prévu de tout donner. Une seule et unique date de ce côté-ci de l’hémisphère, mais une date qui en dit long sur l’avenir plus que prometteur de ce groupe. Nous n’avons pas fini d’entendre parler de Feu! Chatterton, ce groupe frais, qui redonne au rock français cette touche de poésie, de folie qui fait tant de bien à nos cœurs.