Par Margaud Castadère-Ayçoberry
Journaliste pour l’Outarde libérée (Québec)
Dans le cadre du Salon international du livre de Québec, François Garde a reçu, jeudi 10 avril, le prix littéraire Québec-France Marie-Claire Blais 2014 pour son premier roman Ce qu’il advient du sauvage blanc.
François Garde écrit entre terre et mer. L’auteur, né au Cannet en 1959, a consacré une grande partie de sa vie de haut fonctionnaire à sillonner l’outre-mer, sur l’île de la Réunion, en Martinique et en Nouvelle Calédonie. Son premier ouvrage, Ce qu’il advient du sauvage blanc, résulte de ces influences métissées. L’auteur conçoit son roman comme « une parole qui s’est promenée à travers le monde ».
Ce qu’il advient du sauvage blanc, c’est l’histoire d’un matelot vendéen, abandonné sur une côte d’Australie. Pendant dix-sept ans, il vit dans une tribu aborigène qui le recueille, lui apprend à chasser et pêcher. Lorsqu’on le retrouve après toutes ces années, il a oublié sa langue et même son nom. Inspiré d’une histoire vraie, cet ouvrage a été récompensé par neuf prix littéraires, dont le Goncourt du premier roman.
« Ce pays qui nous est commun : la langue française »
Lors de la remise du prix Québec-France, François Garde a souligné son profond attachement à la francophonie du Pacifique. « Cette histoire, cette parole, je l’ai recueillie à Nouméa, où j’y ai travaillé à plusieurs reprises. Toute empreinte des alizés du Pacifique, elle se porte aujourd’hui vers le Québec », a-t-il déclaré. Pour son premier voyage dans la Belle province, l’auteur a exprimé sa joie de voir son œuvre récompensée dans ce haut lieu de la francophonie.
François Garde s’est permis de souligner le dynamisme de la création littéraire francophone : « cela me fait extrêmement plaisir de rappeler que l’adage « il n’est bon bec que de Paris » n’est pas vrai, et qu’au-delà du périphérique il se passe des choses, et qu’au-delà de l’Hexagone il se passe des choses … Aux quatre coins du monde, et dans ce pays qui nous est commun, qui est la langue française ».
L’auteur a également fait remarquer le paradoxe qui émergeait de la remise de ce prix littéraire pour son ouvrage. « Oublier sa langue, oublier son nom… Dire cela, ici, au Québec, dont la belle et forte devise est « je me souviens »… Quel paradoxe extraordinaire ! », s’est-il exclamé.
Un prix qui contribue au rayonnement de la langue française
Le prix littéraire Marie-Claire Blais récompense depuis 2005 un auteur français pour son premier roman. Il s’inscrit dans l’esprit de collaboration entre les organisations Québec-France et France-Québec. Chaque année, les régionales de France-Québec et le Festival du premier roman de Laval, en France, sont invités à soumettre à Québec-France des premiers romans correspondant aux critères du prix.
Un jury québécois qualifié, constitué de trois auteurs de renom, fait alors une sélection de trois livres, lesquels sont transmis aux comités de lecture des 19 régionales de Québec-France. Le lauréat est désigné par le vote de chacune de ces régionales. Ce sont plus de 135 lecteurs qui expriment un choix. Et c’est ce qu’a notamment apprécié François Garde. « C’est un prix du public. Ça change ! et je me sens d’autant plus choyé en recevant cette récompense ce soir », a-t-il confié.
Par l’attribution de ce prix, l’association Québec-France veut manifester l’importance de la création littéraire chez un écrivain français dont c’est le premier roman. Les œuvres soumises doivent se démarquer par une bonne maîtrise de la langue écrite et par son originalité, contribuant ainsi au rayonnement de la langue française.
Pour le président de l’association Québec-France, André Poulin, cette récompense « permet à des auteurs français de se faire connaître au Québec et en France. Ce prix leur offre un formidable élan alors qu’ils en sont à leur première œuvre littéraire ».
Grâce à ce prix, François Garde part en tournée promotionnelle dans cinq villes québécoises pour rencontrer ses lecteurs.
(crédit photo : Margaud Castadère-Ayçoberry)