Par Maelle Besnard et Nathalie Simon-Clerc
François Hollande et Philippe Couillard ont du pain sur la planche. À Québec et Montréal, le président français confirme que la belle province reste un allié de choix en matière d’économie, de progrès, de culture, d’éducation et de lutte contre les changements climatiques. Pourtant c’est en Alberta que le chef de l’État avait choisi de commencer sa visite officielle.
« Nous avons de l’amitié pour le Canada, et de l’amour pour le Québec », a déclaré le président François Hollande à la Chambre des Communes à Ottawa, le 3 novembre. Accompagné d’une forte de délégation de ministres, de parlementaires et d’une cinquantaine de chefs d’entreprises, le chef de l’État a mis le pied sur le sol canadien en Alberta, marquant ainsi son intérêt pour le développement économique de l’Ouest canadien. Mais à l’entendre, c’est aussi pour vanter la francophonie économique qu’il a mis foulé les terres du Premier Ministre Harper.
François Hollande a profité de cette première visite officielle d’un président français depuis celle de François Mitterrand en 1987, pour promouvoir la 21e conférence climat organisée par Paris en décembre 2015. Si le soutien de Philippe Couillard est acquis, celui du Premier ministre Harper est plus que timide. Le Canada a choisi de sortir du protocole de Kyoto en 2011.
L’économie et l’innovation, au coeur de la relation France-Québec
De nombreux points ont été abordés entre la délégation française et les québécois. Après son passage à Québec, le président s’est rendu à la SAT de Montréal pour parler culture et numérique, puis à l’hôtel Westin où il était question d’entrepreneuriat et d’innovation. Il a conclu sa visite par une rencontre avec Denis Coderre à l’hôtel de ville, ou il a assure le maire de l’implication de le France dans les célébrations du 375e anniversaire de la métropole.
« Nous sommes le 1er investisseur étranger au Québec et nous entendons le rester » rappelle François Hollande au Westin. Pour lui, cette relation privilégiée doit être soignée et cela passe par des mesures de simplifications qui permettront une circulation plus aisée de l’information et des personnes. La proposition des jeunes entrepreneurs du G20 de mettre en place un visa entrepreneurs a donc retenu toute l’attention des gouvernements français et québécois. Winston Chan, porte-parole du groupe des jeunes entrepreneurs du G20 a confirmé la mise en place d’un groupe de travail franco-québécois pour étudier les possibilités de mise en oeuvre de ce visa.
La relation franco-québécoise, en avance sur le Canada
Pour le Parti Libéral du Québec, la famille politique du Premier ministre Phillipe Couillard, l’économie et les entreprises doivent être une priorité. Un discours qui résonne aux oreilles de la délégation française. « Nous avons besoin de croissance » rappelle François Hollande. Selon lui, les mesures décidées sont même une avance sur l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Canada (AECG) qui n’est pas encore entré en vigueur, mais reste ardemment désiré par les gouvernements.
François Hollande confirme à Phillipe Couillard l’ambition de la France d’être un allié solide dans la mise en oeuvre du plan nord et de la stratégie maritime. Ces deux projets ont pour ambition de rentabiliser le Québec en profitant de ses ressources naturelles, en respectant les préceptes du développement durable. « Le plan nord permettra des investissements et des partenariats dans l’énergie, les mines, la téléphonie et les infrastructures ferroviaires avec un potentiel de création de 45.000 emplois » précise la directrice adjointe du Medef Dorothée Pineau, devant le parterre de privilégiés venus écouter le Président.
Les étudiants français au coeur des discussions
C’est surtout sur le dossier des frais de scolarité pour les étudiants français que l’on attendait la délégation française. « Cette spécificité va être maintenue », a annoncé le chef de l’État à l’Assemblée nationale du Québec. Si le principe du maintien des frais en l’état, qui permet aux étudiants français de payer les mêmes droits que les Québécois, semble acquis, les modalités de mise en œuvre sont à définir. La piste des quotas a été évoquée. De son côté, le Québec reste conscient de l’apport économique des étudiants français, mais entend échanger leur présence contre un quota plus important de jeunes québécois dans les grandes écoles parisiennes, et une plus grande rétention des jeunes Français en terre québécoise.
Accompagné, entre autres, de Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation, François Hollande n’a pas manqué de saluer le dynamisme de la communauté française de Montréal, forte de ses 100 000 membres, représentatifs de la diversité des Français du Québec, au cours d’une réception qui a réuni près d’un millier de personnes.