crédit photo : Rozenn Nicolle
Les jardins de la résidence de l’ambassade de France à Ottawa accueillaient hier les compatriotes français et tous les amis de la France à l’occasion des célébrations de la Fête nationale du 14 juillet. Un moment privilégié de la vie diplomatique pour rappeler les valeurs de la République française et se pencher sur la nature des liens privilégiés qui unissent la France et le Canada.
Bottes de foin, drapeaux, lampions tricolores, Tour Eiffel et l’incontournable accordéoniste, tout y est. Les organisateurs des festivités du « jour de la Bastille » ou « Bastille day », comme on l’appelle ici, ont travaillé fort afin de plonger leurs invités au coeur de la France rurale et bucolique, le temps d’une soirée. “Si j’ai choisi ce métier, c’est aussi parce que je pense que célébrer la République et les valeurs de la République, célébrer les Droits de l’homme dont le concept à en quelque sorte était légué par la France à l’humanité, c’est essentiel. Nous sommes ici, je me plais à le rappeler, 400 ans exactement après l’arrivée de Champlain dans cette région de l’Outaouais, et ça me parait important de célébrer notre Fête nationale”, estime Philippe Zeller, ambassadeur de France au Canada.
Priorité à la diplomatie économique
La présence annoncée du ministre des Affaires étrangères canadien, John Baird, et celle de certains élus français démontre néanmoins que la proximité entre nos deux pays ne s’inscrit pas seulement dans une histoire commune, mais surtout dans l’avenir de nos relations bilatérales au coeur d’un monde globalisé. “Laurent Fabius (ministre des Affaires étrangères français, ndlr) a fait de la diplomatie économique une vraie priorité”, explique l’ambassadeur. Pourtant, les négociations pour la signature de l’Accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne (U.E), entamée en 2009, n’ont toujours pas abouti.
Prudent et diplomate Philippe Zeller avance qu’un accord pour 2013 n’est pas certain, mais que la volonté politique a été réaffirmée de part et d’autre. Il affirme comprendre les préoccupations du Premier ministre Harper qui déclarait en visite à Paris le mois dernier vouloir prendre le temps de bien finaliser les discussions. “Le Premier ministre est soucieux que chacune des provinces dans leur diversité soit à bord de cette négociation y compris dans les ultimes arbitrages”, dit-il. De même, la France n’est pas la seule à devoir travailler de concert avec les autorités canadiennes puisque ce traité concerne les 28 États membres de L’UE.
L’ambassadeur collabore aussi étroitement avec les services publics français (Ubifrance, Chambre du commerce française à Montréal, conseillers du commerce extérieur français et les autres autorités consulaires), ainsi qu’avec les universités et les institutions canadiennes afin d’accompagner le développement de l’influence économique française au Canada. “La France est le 7e investisseur, le 8e client, et le 9e fournisseur du Canada, donc nous sommes relativement bien placés, et nous pouvons certainement progresser”, conclut-il.
ARM : tendance positive et difficultés
Autre sujet de discorde plus localisé celui-ci : l’entente sur les arrangements de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles (ARM), signée en 2008 entre la France et le Québec. Certaines professions comme les vétérinaires, n’ont toujours pas trouvé d’accord. D’autres, comme les infirmières, se mobilisent fortement pour une renégociation des arrangements. L’ambassadeur se montre pour sa part globalement satisfait. “Ça commence à bénéficier, mais plus à nos compatriotes qu’en sens inverse, puisqu’au 31 décembre 2012, on estimait à 884 personnes le nombre de bénéficiaires de part et d’autre dont 730 côté français”, avance-t-il avant d’ajouter : “Il y a une tendance positive, même s’il y a néanmoins des difficultés.”
Philippe Zeller mise sur la commission bilatérale, qui se réunit annuellement pour évaluer le dossier des ARM, afin de trouver des solutions. Il croit à la volonté des autorités françaises et celle du gouvernement de la Belle Province pour avancer sur ces questions et servir de modèle aux autres provinces canadiennes.
Les “Oubliés de Buffalo”, une question réglée
Lorsqu’il a rencontré le ministre fédéral de l’immigration Jason Kenney, ce dernier a reconnu la responsabilité d’Ottawa dans les retards de traitement des demandes de résidences temporaires après la fermeture du Consulat du Canada à Buffalo. L’ambassadeur de France considère d’ailleurs la gestion de ce dossier comme un exemple concret des bienfaits d’une représentation diplomatique à l’étranger. “J’ai toujours gardé mon courriel ouvert à tous cas particuliers qui m’étaient signalés. J’en ai eu un certain nombre en janvier et février, et pour être honnête, je n’ai pas reçu beaucoup d’autres demandes depuis quelques semaines, donc je me dis qu’il y a certainement une promesse qui a été respectée de la part du gouvernement fédéral. D’un autre côté, s’il y a encore des cas particuliers (…) mon courriel est toujours disponible pour transmettre ensuite le signalement précis de certains cas”, déclare-t-il.
Une représentation élargie
Réforme de l’Assemblée des Français de l’étranger, 11 nouveaux postes de députés, nouveaux rôles des conseillers consulaires, depuis quelques années justement, la représentation des deux millions de Français installés à l’étranger se développe et s’intensifie. “Ça fait de la France un des pays qui a probablement au monde le plus organisé la représentation de ses citoyens à l’étranger par rapport à d’autres pays. En même temps, moi je le prends comme une grande richesse. (…) Dans ce monde globalisé, ça reste très important que les Français restent au contact de leur réseau diplomatique consulaire, et montre au Parlement que ce réseau est mobilisé pour les Français de l’étranger”, termine l’ambassadeur avant d’accueillir ses convives venus en nombre et sur leur trente-et-un.