Jusqu’au 19 mars, les Grands Ballets Canadiens présentent au Théâtre Maisonneuve une programmation double, Préludes. Deux spectacles distincts, qui partagent la même scène et le même public.
La première partie du spectacle s’ouvre sur différents couples, liés par leurs costumes aux couleurs identiques et à leur proximité sur scène. Sur une première musique du compositeur et pianiste russe Sergei Rachmaninov, les corps s’élancent, volent, pour nous emmener progressivement dans la Lueur de L’aube. Ken Ossola, le chorégraphe s’est inspiré du célèbre poème de Victor Hugo, Demain dès L’aube. Ce texte avait à l’origine été rédigé pour sa fille Léopoldine, morte noyée. Même si le décor rappelle incontestablement cette ambiance lourde, feutrée que l’on peut imaginer dans le poème, là est la seule vraie référence à Victor Hugo dans le spectacle.
En revanche, le rythme soutenu de la chorégraphie ne laisse pas vraiment le temps de reprendre son souffle. Un couple finit à peine sa prestation qu’un autre entre en scène. Les portés sont jolis, gracieux, il faut que ce soit beau, majestueux, mais aussi énergique et moderne. C’est d’ailleurs ici que réside l’art du ballet contemporain.
Ken Ossola et ses danseurs réussissent dans ce ballet Lueurs de L’Aube à allier la douceur à l’intensité. Les musiques choisies par le chorégraphe sont propices à une ambiance feutrée, d’ombres et de lumières, parfaitement mises en scène.
Les trois dernières minutes du spectacle, sont peut-être les plus intenses, celles qui vous font hérisser les poils, qui vous fascinent jusqu’à en oublier les autres spectateurs.
RE — (II)
Le spectacle se poursuit après l’entracte avec une composition qui détone de la première. Ici, le chorégraphe Shen Wei tente de nous faire partager sa découverte du Cambodge et toutes les émotions qu’il a pu percevoir dans cette visite. RE — (II) nous plonge dans les souvenirs du chorégraphe, avec ses propres photos et ses propres enregistrements sonores. La danse est présente en première partie dans des mouvements amples, en groupe. Puis petit à petit, les artistes rentrent en scène torses nus, et prennent des poses généralement fixes. Même si la danse y est beaucoup moins présente, on peut facilement déceler l’effort artistique et la performance de ces danseurs, à moitié nus, face à un public inconnu. On y aurait presque vu des œuvres de musées, peintes par des spécialistes du nu.
Les deux spectacles qui composent Préludes sont totalement différents. L’un traite de la délicatesse, de la tendresse tandis que l’autre s’attaque à la découverte, aux sensations face à l’inconnu. Rien ne semblait pouvoir lier ses deux spectacles ensemble, mais le pari des Grands Ballets Canadiens de Montréal est plutôt réussi. Deux univers différents dans un seul et même spectacle, pour un public satisfait tant sur le plan visuel qu’émotif.
(crédit photo : John Hall – Grands Ballets Canadiens)