Les Français de Montréal, qui avaient choisi de voter le matin, ont dû s’armer de patience pour exercer leur devoir électoral hier. Malgré la pluie battante, une longue file s’est formée autour du collège Stanislas dans l’arrondissement d’Outremont dès 7H le matin. Le temps d’attente, de plus de deux heures en avant-midi, a fondu après 14H, ou il était possible de voter en quelques minutes, sans affronter les intempéries.
Par Yan Brassard et Cédrelle Eymard
Une partie d’entre eux restaient insatisfaits des mesures prises pour améliorer la fluidité de la file d’attente : « Un endroit pour toute la ville pourquoi? Il y a combien de Français sur Montréal? Même si tout le monde ne vient pas voter, il y a énormément de gens au même endroit », raconte l’un d’eux. Un autre affirme que « c’est déjà mieux qu’il y a deux semaines. Là, au moins, la file est balisée ». En effet, des rubans de signalisation de la police ont été installés pour indiquer aux gens où se situe la file d’attente et la signalétique du Consulat était améliorée.
Une autre affirme qu’elle n’est pas allée voter au premier tour à cause du temps d’attente « inacceptable », selon elle. Elle a décidé de se déplacer pour le deuxième tour. Moins du quart des Français que nous avons rencontré pensaient que la situation s’est améliorée comparativement au premier tour.
Néanmoins, le taux de participation à midi hier était trois fois supérieur à celui du premier tour à la même heure, attestant de la meilleure fluidité dans l’organisation. À 13H, les trois-quart des électeurs qui ont voté hier (24722 votants, soit 2 points de plus qu’au premier tour) s’étaient déplacés.
Les témoignages du matin (un reportage de Yan Brassard):
Faire barrage au Front National
D’ailleurs, même si plusieurs sont déçus des résultats du premier tour, faire barrage au Front National demeure une priorité : « L’important, c’est de repousser l’extrême-droite au maximum », nous a fait part un homme dans la file d’attente.
Une autre a affirmé qu’elle avait « peur » de la possibilité d’une victoire de la cheffe du parti d’extrême-droite et pense que la mobilisation pour le deuxième tour sera plus grande pour cette raison.
Depuis le début de cette course à l’élection présidentielle, un mouvement populaire s’élève et cristallise un mécontentement à l’égard de l’élite politique traditionnelle. Le succès de Jean-Luc Mélenchon, candidat de la gauche radicale qui a réussi à mobiliser 19,5% de l’électorat, en est un exemple. En outre, les deux candidats qualifiés au second tour, Marine Le Pen et Emmanuel Macron, ne sont pas issus des deux partis traditionnels.
Cette réalité semble susciter de l’enthousiasme auprès d’un certain nombre d’électeurs rencontrés : « On a explosé les gros partis, ça va faire un gros changement en France! ».
Le scrutin s’est déroulé sous haute présence policière, les risques d’un attentat, déjà élevés, avaient augmenté suite à un attentat trois jours avant le premier tour sur les Champs-Élysées, à Paris.
Voter en quelques minutes l’après-midi
Changement de décor en après-midi, puisque les bureaux de vote se sont vidés; on pouvait accomplir son devoir électoral en quelques minutes. À 13 heures déjà, l’attente s’est réduite à une heure, pour rapidement devenir une formalité. Nombreux sont ceux qui sortent du collège Stanislas avec le sourire en disant: « J’ai à peine attendu 10 minutes ».
On est déjà loin des temps d’attente interminable du premier tour. Des changements ont été opérés et cela se sent. Deux files ont été créées et les bénévoles, nombreux, indiquaient régulièrement quel bureau de vote était libre en faisant rentrer les votants concernés plus rapidement. À 20H, les 24 bureaux de vote de Montréal ont fermé, et le dépouillement était achevé à 23h, soit quatre heures plus tôt qu’au premier tour.
Avec 42,70% de participation, Montréal enregistre une hausse de deux points par rapport au premier tour. Sur des résultats partiels, la participation s’établissait à 43,25% en Amérique du nord.
Les témoignages de l’après-midi (un reportage de Cédrelle Eymard):
Un premier engagement pour Margot
Pour Margot, cette élection était une « première ». À 22 ans, cette Française de Montréal vote pour la première fois. Lors de la dernière élection présidentielle, il lui manquait quelques jours pour exercer son droit. De plus, elle a décidé de s’engager comme bénévole pour les opérations électorales. Elle était assesseur au bureau de vote numéro 23.
Une entrevue de Nathalie Simon-Clerc:
(crédit photo: Yan Brassard – Nathalie Simon-Clerc)