Une tribune de Jérôme Spaggiari
Le 4 novembre dernier, à Montréal, le Président François Hollande s’est adressé à la communauté française du Québec. Il a rendu hommage à son dynamisme et a souligné le rôle important qu’elle joue dans le maintien de la relation unique qu’entretiennent la France et le Québec. Au-delà de ces mots agréables à entendre que pouvons-nous retenir de cette visite ?
Une entente sur les frais de scolarité des étudiants français
Concernant les frais de scolarité des français étudiant au Québec, nous avons reçu l’assurance qu’une négociation avec le gouvernement du Québec permettrait entre autres de maintenir la spécificité française, spécificité dont le Réseau des Universités du Québec rappelait, dans une étude consultable ici, qu’elle bénéficiait aussi largement au Québec.
Comme conseiller consulaire, je suivrai attentivement ce dossier. La confirmation d’une telle annonce serait une très bonne nouvelle. Cela s’inscrirait d’ailleurs dans le cadre plus global d’une volonté partagée, par la France et le Québec, de stimuler encore davantage leur coopération universitaire et technique.
Une volonté d’encourager la mobilité
La mobilité des personnes, entre la France et le Québec, a été identifiée comme un des objectifs prioritaires de messieurs Hollande et Couillard. Je me réjouis de cette orientation ; toutefois, il m’apparaît fondamental que cette ambition soit supportée par les ressources nécessaires à l’accompagnement de nos compatriotes dans leur parcours d’immigration voire, pour certains, dans une démarche de retour en France dont on sait qu’elle est souvent laborieuse.
Ainsi, les services consulaires et associatifs (immigration, emploi-formation, etc.) offerts aux membres de notre communauté grandissante doivent évoluer avec elle et porter une attention particulière aux Français(es) qui sont mal pris en charge par les dispositifs québécois et canadiens (PVTistes, résidents temporaires, conjoints accompagnants, etc.).
Des partenariats économiques qui fragiliseront notre environnement
Les préoccupations environnementales ont aussi été omniprésentes, au moins dans les discours. C’est le signe d’une certaine prise de conscience mais l’urgence climatique, comme d’ailleurs celle plus silencieuse de la disparition rapide de la biodiversité, méritent que l’on fasse des choix ambitieux et sans délai. Les experts du GIEC (climat) comme ceux de l’IPBES (biodiversité) nous invitent à la plus grande prudence quand à l’exploitation de nos ressources naturelles, notamment énergétiques. Notre modèle de développement économique qui consiste à consommer toujours davantage et toujours plus loin notre capital naturel n’est plus viable.
Le véritable défi n’est donc pas d’aller chercher à tout prix une croissance dont on ne sait pas si elle reviendra et qui n’est souvent ni synonyme de bonheur, ni vecteur de réduction des inégalités sociales. Le véritable défi est de mettre en œuvre des solutions concrètes, favorables à la prospérité durable de nos sociétés et au bien-être de tous les concitoyens. Selon moi c’est l’axe de partenariat économique le plus innovant et le plus ambitieux que la France aurait pu proposer au Québec et au Canada.