En visite à Montréal le 16 juin dernier et accueilli par Michael Pilater, le député d’Amérique du nord, et candidat à primaire de la droite, Frédéric Lefebvre, continue de cultiver sa différence. Le parlementaire défend l’idée d’un revenu universel, fustige le clivage gauche-droite, et veut « régénérer » le monde politique français.
« Mais ce n’est pas un discours de droite que vous êtes en train de tenir? », questionne l’un des cinquante participants à la réunion publique du candidat à la primaire de la droite. Le parlementaire Les Républicains assure que le clivage gauche-droite bloque les réformes en France. « Quand il y a des textes qui sont bons pour le pays, je n’ai aucun problème à mêler ma voix aux socialistes », renchérit le député. Il se justifie en citant le premier ministre Chaban-Delmas, et veut, comme lui, additionner les différences pour réformer. Depuis presque six mois, le parlementaire fait le tour de France, de l’Outre-Mer et de l’étranger, pour défendre sa vision atypique de l’avenir de la France auprès des électeurs de droite.
Un discours qui séduit le représentant de l’UDI à Montréal, Arthur de Lembeye, qui s’interroge sur la place du centre dans le programme de Frédéric Lefebvre. « Je veux rentrer dans une logique d’addition avec les centristes de l’UDI », rassure le candidat à la primaire.
Mais c’est aussi sa position sur la mise en place d’un revenu universel, qui a retenu l’attention des participants à la réunion publique. Selon lui, l’automatisation et l’allongement de la vie vont conduire à réviser le modèle social de l’Hexagone. « Le combat entre les taxis et Uber est déjà obsolète, puisqu’avec la Google Car, il n’y a plus de chauffeur », justifie-t-il. Les pertes d’emplois et « le maquis social des allocations » créent des inégalités que le revenu universel pourrait aplanir. Il a convaincu le président de la région « Hauts-de-France », Xavier Bertrand, de l’expérimenter dans le Nord et promet de mettre le sujet au menu de ses discussions avec Philippe Couillard en octobre prochain, lors de la visite du premier ministre Manuel Valls au Québec. « J’ai déjà abordé cette question avec un certain nombre d’acteurs du parti Libéral », ajoute-t-il.
ARM : Je veux mettre ces dossiers au cœur des discussions entre gouvernements français et québécois
Les participants ont longuement questionné leur député sur les difficultés de remboursement ou de déduction de la CSG-CRDS. Au Canada, les sommes payées en France peuvent, la plupart du temps, être déduites de l’impôt à payer. Le député essaie d’obtenir du Quai d’Orsay, que la France s’assure auprès du Canada, que cette possibilité soit systématique, au nom des conventions fiscales entre l’Hexagone, le Canada et les provinces.
Il a indiqué avoir constaté des progrès dans l’application des Accords de Reconnaissance Mutuelle des diplômes entre la France et le Québec (ARM), notamment pour les avocats ou les ingénieurs, même si des difficultés subsistent, notamment pour les professions médicales, et récemment pour les infirmières. Pour les vétérinaires, il estime la situation complètement bloquée entre les deux ordres professionnels. « Je vais mettre ces dossiers au cœur des discussions entre gouvernements français et québécois », confie le député d’Amérique du Nord.
Quant à l’organisation du vote pour les primaires pour les Français de l’étranger, Frédéric Lefebvre a annoncé qu’il verrait avec la section locale des Républicains si le vote « papier » peut être organisé; dans le cas contraire, il a l’assurance de la Haute Autorité qu’un vote électronique pourrait être organisé.
(crédit photo : Baptiste Bardes-Saoli)