Par Maëlle Besnard
Le Centre d’excellence sur l’Union européenne des Universités de Montréal et McGill (CEUE) et le Goethe Institut de Montréal organisaient hier une table ronde sur un sujet brûlant: l’avenir de l’Union Européenne après le dernier scrutin. Les élections européennes du 25 mai dernier ont fait la part belle à l’extrême droite en France, ce qui préoccupe un bon nombre d’observateurs pro-européens. Mais, s’ils estiment que l’euro-scepticisme ne doit plus être considéré comme un mouvement marginal, les intervenants relativisent l’impact de cette victoire sur le fonctionnement des institutions européennes.
La table ronde débute avec l’intervention du Dr Klaus Hänsch, ancien député et président du parlement européen. Selon lui, l’Union Européenne (UE) souffre d’une crise de confiance, provoquée par la crise financière, la crise ukrainienne, le taux de chômage dans certains pays membres et l’augmentation de l’immigration. « Le problème de l’Union Européenne c’est le fossé entre elle et les gens, mais la vérité c’est que l’Europe protège les gens plus qu’ils ne le pensent. Même l’Euro a protégé les États lors de la crise financière », estime-t-il.
L’ancien député conçoit que la position de l’extrême droite en France soit préoccupante. « L’UE ne survivrait pas au départ de la France », rappelle-t-il. Cependant, les partis euro-sceptiques représentent toujours une minorité au sein du parlement européen, ce qui limite leur impact. « S’ils ne font pas de compromis, les partis d’extrême-droite n’auront pas d’influence », observe-t-il. Selon Karsten Mecklenburg de la délégation de l’Union européenne au Canada, cela diminue d’autant l’influence de la France au sein du parlement, car le Front National, le parti d’extrême-droite euro-sceptique, dispose maintenant de 24 sièges parlementaires, soit 24 députés sur les 74 députés français qui ne souhaitent pas voir l’UE progresser.
Pour Klaus Hänsch, l’UE a failli au test de la démocratie, mais elle a passé celui de la crise financière. «L’Union a fait preuve d’un niveau de solidarité qui n’avait même pas été imaginé il y a 15 ans. Elle a prouvé sa stabilité en étant suffisamment flexible pour combattre la crise », observe-t-il. Il prend pour exemple la situation de l’Italie, de l’Espagne et du Portugal qui se sont redressés depuis le début de la crise, en 2008. La seule ombre qui plane sur l’Union, selon lui, c’est la crise ukrainienne.
Simon Usherwood consacre sa recherche universitaire à l’euroscepticisme. D’après lui, le problème dépasse les frontières du vieux continent: « On constate un déclin de la démocratie partout dans le monde », rappelle-t-il. Pour Sven-Oliver Proksch de l’Université de Mc Gill, ces élections sont même « business as usual ».
Dans le public, un participant regrette que les bons côtés de l’Europe ne soient pas mis en avant. Un avis qui semble majoritaire dans l’assemblée. « Si les gouvernements nationaux ne relaient pas les informations sur l’Union Européenne, les bonnes nouvelles ne sortent pas. Si on ne fait pas du droit ou qu’on ne s’y intéresse pas, on ne sait rien. Finalement, c’est facile de blâmer quelque chose qu’on ne connait pas », estime une autre participante.