Rassemblés à l’Usine C ce dimanche, les Français de Montréal ont acclamé la victoire d’Emmanuel Macron dans un tonnerre d’applaudissements. Parmi eux étaient présents plusieurs Québécois intéressés par la politique.
Par Yan Brassard, Collaboration spéciale
Selon les organisateurs, ils sont plus de 300 à s’être déplacés en cette journée ensoleillée pour suivre sur écran géant les résultats du premier tour de l’élection présidentielle française. Les partisans du candidat d’En Marche étaient particulièrement visibles, même si l’événement se veut non-partisan.
Les drapeaux européens qui surplombaient la salle exprimaient un subtil parti pris contre les candidats anti-européens.
Pour Hugo Guerche, étudiant français en science politique à l’Université de Concordia, l’engouement pour cette élection s’explique ainsi : « C’est le premier gros test pour l’Europe suite au Brexit et à l’élection de Trump aux États-Unis. C’est un essai de laboratoire pour voir si la vague populiste va avoir un impact en France ou pas ».
Cet événement, organisé par le Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CÉRIUM), n’a pas attiré que des partisans de Macron. C’est le cas de Camille, expatriée française étudiant au HEC Montréal, qui soutient le candidat Jean-Luc Mélenchon de la France insoumise : « De mes 21 ans, c’est la seule élection où j’ai un espoir de voir le parti que je soutiens au pouvoir ».
Philippe Chassé, l’un des nombreux Québécois présents, s’intéresse à cette élection présidentielle à cause de la volatilité du vote : « Je trouve ça intéressant de voir l’effondrement des partis traditionnels. Je trouve cela aussi particulier que quelqu’un comme Macron […] soit capable de se retirer totalement de l’héritage du Parti socialiste ».
« Entre les deux tours, on va beaucoup parler d’Europe et d’ouverture »
En effet, avant de se porter candidat, Emmanuel Macron était le ministre de l’Économie de François Hollande. Il a notamment piloté le projet de loi portant son nom (surnommé « loi Macron ») qui vise à libéraliser certains secteurs de l’économie française. Social-libéral assumé, il représente pour plusieurs un compromis entre l’immobilisme du quinquennat Hollande et l’ultralibéralisme de François Fillon.
En arrivant en tête du premier tour avec 24% des voix, le leader du mouvement En Marche s’opposera à Marine Le Pen, présidente du Front National. Pour Frédéric Mérand, directeur du CÉRIUM, l’Europe sera un enjeu important entre les deux tours : « Entre les deux tours, on va beaucoup parler d’Europe et d’ouverture, Macron va mettre l’accent sur son choix européen alors que Le Pen va vouloir s’y opposer. Ça va être un facteur important pour les démarquer ».
Cependant, selon lui, Mme Le Pen risque d’être désavantagée puisque beaucoup de ses propositions sur la sortie de l’euro et de l’Union européenne, qui séduisent plusieurs personnes, font également peur.
La majorité des personnes rencontrées sont satisfaites de l’événement. M. Mérand avoue que l’ampleur de la mobilisation a dépassé ses espérances. Les organisateurs répéteront l’expérience pour le 2e tour.
(crédit photo: Twitter Cerium)