crédit photo : Véronique Vermorel – Parti Pirate
Véronique Vermorel se présente à l’élection législative partielle pour le Parti pirate français. Avec sa candidature, elle souhaite redonner au citoyen sa place dans les débats, dépasser les clivages des grands partis, et revenir aux sources de la démocratie.
Véronique Vermorel apporte un vent de fraîcheur dans cette campagne qui, il faut bien le dire, ne soulève pas les passions chez les électeurs. Au coeur de son engagement, elle revendique un retour à la transparence politique par la mise en place d’un système de démocratie directe et numérique, qu’on appelle dans le milieu “geek”, la démocratie liquide ou démliq. “Ce système représente l’avenir de la démocratie, et cela fait encore plus de sens dans une circonscription aussi vaste que celle d’Amérique du nord afin de permettre que les citoyens gardent le pouvoir”, affirme la candidate pirate.
À l’instar de son parti, elle dénonce l’accaparement de la vie politique par des élus qui, une fois en poste, travaillent seuls et dans l’ombre. Elle a signé la Charte Anticor (pour un député éthiquement exemplaire) et s’engage si elle est élue à mettre en place une plateforme Web, sur laquelle chaque citoyen aurait un droit de regard sur l’utilisation de sa réserve de parlementaire, et jouerait un rôle de co-décideur sur les propositions à porter à l’Assemblée nationale. Devant la multiplication des scandales politico-financiers qui entachent la crédibilité des partis traditionnels, l’idée mérite qu’on s’y arrête. Difficile toutefois de trouver plus de détail sur le fonctionnement effectif d’une telle structure participative.
Le programme de Véronique Vermorel est vaste, et parfois vague sur les problématiques qui concernent spécifiquement les Français d’Amérique du nord. “Dans mon programme il n’y aura pas d’enjeux locaux qui seront abordés. Mon programme est plus celui d’une nouvelle démocratie. Toutefois, grâce à la démliq, les gens pourront me faire remonter ces préoccupations locales”, assure-t-elle. Outre la transparence, la candidate entend défendre l’entreprenariat et la création d’emploi en réformant le système de subventions publiques, et en votant une taxation sur les plus-values boursières dans les secteurs très spéculatifs.
Elle souhaite aussi favoriser l’accès à la culture et au savoir par les nouvelles technologies. “On voudrait nous faire croire que le téléchargement nuit aux artistes mais c’est faux, déclare-t-elle, je le vois à Boston, où la vie artistique est bien supérieure à celle de France et où je connais des musiciens qui fonctionnent grâce au mécénat et aux concerts, laissant leur musique en accès libre.”
L’autre pari de la candidate pirate : faire une campagne à 0 euro. Arrivée à Boston au mois de juillet dernier, elle connaît peu sa circonscription, et sera dans l’impossibilité d’effectuer une campagne de terrain faute de budget. Elle concentrera ses efforts sur les réseaux sociaux et son blogue sur lequel elle poste régulièrement. Puisque le Parti pirate est un mouvement international, découpé en entités locales, elle bénéficie du soutien de la section du Massachussets pour relayer son message et agrandir ses réseaux sur le continent nord américain. Elle regrette cependant de ne pas pouvoir aller à la rencontre des électeurs : “Si je pouvais faire des conférences ou rencontrer des gens, cela serait plus agréable. Lors de ma campagne à Paris, j’ai fait du tractage, j’ai pu présenter directement mon programme, et ça me manque un peu ici.”
En effet, même si elle ne se gêne pas pour critiquer les “parachutés”, Véronique Vermorel doit justifier sa candidature. Cette étudiante de 22 ans réside à Boston depuis seulement quelques mois, et comme Louis Giscard d’Estaing, elle était candidate en France lors des législatives de juin 2012. Elle se défend : “Je n’avais pas pour objectif de me présenter, mais le candidat pirate (1) de cette circonscription a été rendu inéligible. Un appel a été lancé pour le remplacer et j’ai décidé de m’engager, car je croyais fermement qu’une candidature pirate était nécessaire aux Français de l’étranger.”
(1) Lors de la législative de 2012, Raphael Clayette, le candidat pirate pour la première circonscription d’Amérique du nord, a vu ses comptes de campagne invalidés car ils n’ont pas été déposés à temps. Le Conseil constitutionnel l’a frappé de trois ans d’inéligibilité.
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Né en Suède en 2006, à la suite du procès engagé contre les fondateurs du site de téléchargement The Pirate Bay, le Parti pirate s’est implanté dans une trentaine de pays. Sous l’égide du Parti pirate internationale, plusieurs sections se sont développées notamment aux États-Unis et au Canada. Le Parti pirate du Québec n’est cependant pas parvenu à obtenir auprès du Directeur général des élections son statut officiel. C’est en Europe que les pirates ont obtenu leurs meilleurs scores. En septembre 2011, ils ont réussi à faire élire 15 députés au Parlement régional de Berlin. En France, sur les 101 candidats présentés par le Parti aux élections législatives de juin 2012, seuls 23 ont dépassé le seuil des 1%.