Le président du pôle International et Europe du MEDEF, Bernard Spitz, était l’un des conférenciers du Forum Économique International des Amériques (FEIA), qui s’est déroulé à Montréal la semaine dernière. Cet européen convaincu est également partisan d’un « free and fare trade », auquel le CETA pourrait répondre.
Bernard Spitz connait bien le Canada. Son fils y fait ses études et il y séjourne régulièrement. « Il y a une attractivité immense et historique des entreprises françaises pour le Canada », explique-t-il. Il se réjouit de l’accord économique commercial global (AECG), appelé CETA en France, signé entre l’Europe et le Canada et que le Mouvement des Entreprises de France (MEDEF) soutient depuis toujours. « Je suis très optimiste avec cet accord, il peut réhabiliter l’image du libre-échange », soutient M. Spitz.
Selon lui, le CETA a été pris en otage (écoutez l’entrevue audio), et les citoyens ont parfois le sentiment que la mondialisation n’a profité qu’à quelques-uns. « Et c’est vrai ! », assure-t-il.
D’ailleurs, il développe depuis deux ans avec le B20, le pendant entrepreneuriale du G20, le concept du free and fare trade, qui « reflète nos valeurs ainsi qu’une vision de la société qui valorise notamment le développement durable et les conditions de travail. »
Macron, un environnement favorable pour les entreprises
Même si le MEDEF « ne fait de politique », il concède quand même que le climat a changé : « L’élection d’un président de 39 ans, qui parle anglais, qui respire le dynamisme, qui a fait un sans-faute sur le plan international a redonné un tonus à beaucoup de gens dans ce pays ». Selon lui, Emmanuel Macron était le seul candidat « qui tenait un langage pro-business et pro-européen ». « Maintenant, il va falloir délivrer », ajoute-t-il cependant.
Un Erasmus entre la France et le Canada
Il accueille avec satisfaction la mobilité de la main d’œuvre engendrée par le CETA, mais rêve d’aller plus loin. « Il faut aller plus loin que les standards minimum entre l’Europe et le Canada; il faut des standards maximum entre la France et le Canada », plaide M. Spitz.
Il cite le programme européen Erasmus, et lance l’idée d’un Erasmus entre la France et le Canada. Il cite en exemple le programme d’apprentissage mis en place par Air Liquide il y a plusieurs années, au cours duquel les étudiants apprentis vont travailler un an ou deux de l’autre côté de l’Atlantique, pour développer une double culture. « Les gens qui font partie de ce programme chez Air Liquide ont une progression plus rapide dans l’entreprise par la suite », témoigne-t-il.
S’il reconnait le pragmatisme de la culture entrepreneuriale nord-américaine, il regrette la culture de l’échec en France. « En Amérique du Nord, si l’on échoue, c’est que l’on a tenté quelque chose », commente M. Spitz.
(crédit photo: Seignette-Lafontan)