Du 8 au 11 mai le directeur Culture et Patrimoine d’Amiens Métropole Jean Vinet était de passage à Montréal avec une délégation d’acteurs des arts numériques de la ville du nord de la France. L’occasion de s’immerger quelques jours dans le prolifique secteur des arts numériques québécois pour tisser des liens et penser l’avenir du secteur à Amiens.
« L’objectif de cette mission est de découvrir l’écosystème de la production et de la diffusion des arts numériques au Québec, sans oublier l’aspect des liens économiques avec le monde de l’entreprise », explique M. Vinet.
Lui-même d’origine québécoise, le directeur Culture et Patrimoine d’Amiens Métropole était notamment accompagné de la directrice de l’Ecole Supérieure d’Art et de Design (ESAD) d’Amiens Barbara Dennys et du directeur du festival dédié aux arts numériques Safra’numériques Ikbal Ben Khalfallah.
De l’école des arts numériques NAD à la Société des Arts et Technologies en passant par Concordia, l’UQAM, l’incubateur Notman ou encore le Centre Phi, la délégation a pu rencontrer en quelques jours un panel impressionnant d’acteurs locaux des arts numériques.
Car un des aspects essentiels de la mission était de nouer des liens entre les acteurs amiénois et montréalais du secteur. « Mettre les gens face-à-face, discuter et voir ce qu’on a ou non en commun, c’est une étape essentielle pour imaginer des coopérations futures », souligne M. Vinet.
La directrice de l’ESAD évoque la possibilité de mettre en place des échanges étudiants de type Erasmus avec les établissements montréalais, mais aussi des partenariats pour de la recherche. « Nous avons notamment rencontré la chercheuse de l’université Concordia Lynn Hughes, dont les travaux autour des jeux vidéo me paraissent très intéressants par rapport au double-cursus que nous développons avec l’Université de Compiègne », explique Barbara Dennys.
Une autre échelle
« Il n’y a pas encore de stratégie pour soutenir la création numérique au niveau de la métropole d’Amiens, concède Jean Vinet, mais il y en aura une un jour et nous sommes notamment ici pour voir comment ça peut se mettre en place ».
Si le secteur du numérique amiénois n’est pas comparable à celui de Montréal en terme d’échelle, il bénéficie depuis une dizaine année d’un dynamisme croissant dont témoigne l’Ecole d’art et de design, qui est passé d’une à quatre sections académiques en moins de 10 ans.
Dans les quartiers d’Amiens Nord, le centre culturel Le Safran a lancé il y a deux ans un festival dédié aux arts numériques, le Safra’numériques, qui attire des milliers de visiteurs. « C’est un événement très populaire qui parvient à attirer un public de non-initiés vers les arts numériques, raconte M. Vinet. La découverte des outils numériques se fait sur un mode ludique, comme une expérience culturelle. »
Sur le plan économique, un cluster numérique (grappe industrielle) lancé il y a deux ans rassemble plusieurs dizaines d’entreprises amiénoises du secteur. La métropole a également mis en place un pacte pour l’emploi et l’innovation qui devrait générer d’autres initiatives. « L’enjeu pour l’école est que les entreprises locales du secteur fasse appel à nos étudiants en design numérique », relève la directrice de l’ESAD.
Car l’une des leçons à tirer du modèle montréalais est la cohésion qui existe entre les différents acteurs de l’écosystème des arts numériques, expliquent les deux membres de la délégation.
« On sent bien la dynamique ici par rapport à ce qu’on peut vivre en France et on voit qu’il y a des croisements entre public et privé ou entre écoles et entreprises, souligne M. Vinet. Les moyens mobilisés ici sont énormes, que ça soit au niveau des écoles, de la recherche ou de l’industrie. »
Le directeur Culture et Patrimoine d’Amiens espère que ce déplacement permettra de créer de nouvelles passerelles culturelles entre les deux métropoles et que les éventuelles coopérations futures favoriseront l’essor du secteur à Amiens.