Delgrès a fait vibrer les Montréalais dans le cadre du Festival international de Jazz de Montréal il y a quelques jours. Ce groupe qui oscille entre le blues et la musique caribéenne fait du bien au moral et réchauffe l’atmosphère d’un soir d’été.
Baptiste Brondy (batterie), Raphael Gouthiere (tuba sousaphone) et Pascal Danae (voix et guitare) se sont réunis autour d’un même désir de partager une culture, un style musical avec le plus grand nombre. Formé il y a moins de deux ans, le groupe s’est lancé dans un style musical moins connu du grand public, avec une charge historique non négligeable, comme nous l’explique Pascal Danae « Delgrès c’est le nom de Louis Delgres un officier de Napoléon basé en Guadeloupe en 1802 au moment ou les Français voulaient rétablir l’esclavage. Il s’est battu jusqu’à la mort, il s’est sacrifié pour un idéal de liberté. C’est un héros oublié. » Même si le nom choisi par le groupe est une référence directe à l’histoire guadeloupéenne, Pascal Danae ne souhaitait pas revendiquer quoi que ce soit ou faire passer un message. Il a juste renoué avec sa propre culture, avec un personnage historique que lui même ne connaissait pas. En partageant cela avec Raphael et Baptiste, les trois musiciens se sont simplement sentis bien autour de ce personnage historique, ils font de la musique et cela s’arrête là. D’ailleurs, pour Pascal « On essaye quand même de rester assez loin de passé historique parce que je pense que la mémoire c’est important, mais que la revendication mémorielle c’est dangereux. »
Le blues du cœur
Initialement c’est Pascal Danae qui a proposé des chansons au groupe, qui ont tout de suite plu à Raphael et Baptiste. Les trois artistes interprètent donc ces musiques, tout en ayant en tête l’écriture de nouvelles chansons à trois. Chacun apporte sa pierre à l’édifice, avec ses origines, son passé, son vécu, Pascal nous explique que « Quand j’ai rencontré Baptiste pour la première fois, j’ai senti qu’il avait un battement de cœur proche du mien. Pour Raphael, c’était pareil, je rêvais de jouer avec un tuba sousophone, c’est une sonorité que j’adore. Et la culture musicale de Raphael est énorme. » C’est avec cette belle alchimie de groupe qu’ils se sont lancés dans le blues aux accents caribéens. « Quand on dit blues, on pense surtout au style musical. Alors qu’en fait c’est surtout un sentiment qu’on peut retrouver dans n’importe quelle culture. Parfois notre style n’est pas véritablement blues dans le sens américain du terme, mais il l’est vraiment dans l’émotion qu’on souhaite partager. »
Musique thérapeutique
Delgrès n’est pas forcément un groupe connu au Québec, pourtant ils ont réussi à rassembler les foules autour de leur musique « qui parle au corps, à l’âme. On peut donc toucher les gens même s’ils ne comprennent pas forcément les paroles » comme nous le dit Raphael. Il est difficile de ne pas avoir envie de bouger, de taper des mains. On se sent comme happés dans un univers fabuleux, qui nous éloigne un peu du quotidien. « Le monde n’est pas en grande forme. On a besoin de toutes les forces possibles pour faire un peu de bien aux gens, alors si on peut aider un peu c’est génial ». Pari réussi puisque le blues caribéen de Delgrès résonne beaucoup dans nos têtes, comme une douce thérapie du bonheur.
(crédit photo : delgresmusic.com)