Une branche d’arbre carbonisée. Une masse de plomb travaillée à foison. Une photographie de fumée dense. Ces trois éléments sont quelques unes des pistes de réflexion que Claire Hannicq, jeune sculptrice alsacienne, a menée à la Fonderie Darling, à Montréal, pendant sa résidence artistique. L’Outarde Libérée revient avec elle sur son expérience québécoise. 4 décembre 2014. Montréal. Fonderie Darling. C’est l’heure du grand oral pour Claire Hannicq. Une quinzaine d’amateurs d’arts visuels sont venus écouter la démarche de l’artiste : « Je travaille la sculpture avec l’idée de disparition des matières. La photographie est pour moi un moyen d’en garder une trace. Je veux garder la mémoire d’un objet qui se modifie », expliquait-elle d’une voix feutrée. Cette jeune alsacienne de 30 ans présentait le bilan de six mois de travail à Montréal. Sa dernière réalisation à la Fondation : Burn burn burn. « C’est une branche carbonisée en superficie, que j’ai grattée en la blanchissant ; jusqu’à ce que la branche n’existe plus… Cela crée des images ! », décrivait-elle. [pullquote]le Québec n’est culturellement pas tout à fait identique à la France[/pullquote]Diplômée des Arts Décoratifs de Strasbourg et de l’ÉSAL-Épinal, Claire Hannicq avait postulé quelques mois plus tôt à l’Atelier Suisse pour une résidence internationale au Canada. Un portfolio et une lettre d’intention de projet plus tard, la voici sélectionnée pour partir à la conquête de la Belle Province. La Fondation Darling lui a ainsi offert l’hébergement et l’accès à un atelier de juillet à décembre. Objectif : produire des œuvres nouvelles et poursuivre son cheminement artistique. « C’est extrêmement enrichissant d’être dans des endroits inconnus, de confronter son travail à d’autres personnes et d’avoir des regards nouveaux sur ce que je découvrais en résidence. Même si on reste en Occident,le Québec n’est culturellement pas tout à fait identique à la France; et au niveau de l’art, ça se ressent beaucoup », analyse-t-elle. Montréal, ville des possibles artistiques Ce n’était pas la première fois que Claire Hannicq se rendait au Canada. Une exposition l’avait déjà conduite en 2012 à Québec, à la Galerie Engramme. « J’avais beaucoup aimé l’environnement, le fait que ce soit francophone aussi, tout en mettant les pieds aux Amériques », se souvient-elle. Alors quand l’occasion de revenir s’est présentée, la sculptrice n’a pas hésité. « Montréal m’attirait. C’est une ville très dynamique, comparé à Strasbourg qui est vraiment une petite ville », estime-t-elle. De ses travaux éphémères à Montréal, elle en a gardé une trace numérique, créant le site lesdisparaissants.com pour répertorier ses expériences de sculptrice de plomb. Une démarche originale, qui conduit le visiteur à découvrir les photos des étapes de transformation de la matière avec un défi : chacune des photos publiées n’est visible qu’une seule fois, sans possibilité de retour en arrière. Depuis rentrée en France, Claire nous a confié vouloir revenir au Québec. « Mais cela dépendra évidemment des projets artistiques qui se présenteront potentiellement », nuance-t-elle. Mais Montréal n’est jamais bien loin. Elle participera à une exposition de retour de résidence au Salon International d’Art de Bâle, en juin prochain. (crédit photo : Clément Richem – Claire Hannicq)]]>