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Cyrille Giraud, candidat Europe Écologie les Verts (EELV), était hier soir à Montréal pour présenter son programme aux électeurs. Malgré les dissensions qui traversent la gauche, et une droite décidée à reconquérir sa circonscription perdue en 2012, il joue la carte de la proximité au-delà des clivages, et croit en la victoire possible des écologistes.
“Je ne suis pas là pour faire de la figuration. Je suis là pour arriver au second tour”, prévient l’ex-suppléant EELV de Corinne Narassiguin, la députée destituée pour la 1re circonscription des Français de l’étranger. Devant la trentaine de personnes venues écouter ses propositions, il a détaillé son programme, et répondu aux questions dans une ambiance “vins et fromages” chaleureuse et détendue.
Faire campagne sur les enjeux locaux
Celui qui se décrit lui-même comme un atypique, un écologiste qui travaille en finance, propose un programme en sept points – Statuts de résidence, Vies professionnelle et associative, Éducation, Entreprenariat, Environnement, Fiscalité, Perspectives d’avenir – par lequel il entend couvrir tous les enjeux auxquels sont confrontés les Français d’Amérique du nord. “Cette fois-ci, l’élection ne se joue pas sur des enjeux nationaux et de construction de la majorité gouvernementale. C’est pour ça que j’ai décidé de concentrer ma campagne sur le local” annonce-t-il. La seule constante avec le scrutin de 2012 sera selon lui le rejet manifeste des parachutages.
Si Cyrille Giraud reconnait que son programme s’appuie sur les mêmes thèmes défendus aux côtés de Corinne Narassiguin lors de la précédente campagne. Il considère cependant que l’évolution de certains dossiers suppose d’adopter une posture plus pragmatique et réaliste.
Il revient sur la suppression de la prise en charge scolaire par le gouvernement Hollande. “ Dans ce dossier, on est en dehors des champs de 2012, analyse-t-il. Il y avait une promesse, celle que l’ensemble des montants seraient réalloués sous forme de bourse, et ce n’est pas le cas. Je ne me désolidarise pas des prises de positions de l’année dernière, mais l’évolution de la situation fait qu’il faut porter ces nouveaux sujets créés par rapport aux conséquences des mesures prises récemment.”
Une candidature écologiste légitime
En écho à son slogan de campagne, “Voyons loin”, Cyrille Giraud se tourne vers l’avenir. Le choc de l’annulation de l’élection et l’échec des négociations avec les instances nationales du Parti socialiste qui ont préféré choisir Franck Scemama comme candidat titulaire, semblent digérés. “L’accord électoral national passé en 2012 pour la majorité gouvernementale n’avait pas anticipé la possibilité d’une annulation. (…) Ainsi, il n’y a pas vraiment eu de négociation entre les deux partis. Les socialistes ont choisi d’investir Franck Scemama, c’est légitime. Maintenant, j’étais très impliqué dans la campagne de 2012, et il était normal pour moi et pour les Français de me présenter.”
Loin de craindre la dispersion des votes au profit de la droite, le candidat EELV défend le pluralisme démocratique. “Le point essentiel c’est que chaque parti ait le droit de se présenter. Est-ce qu’à chaque fois qu’on se retrouve dans un cas de figure où un autre bord politique peut gagner, cela veut dire qu’on doit s’effacer? À mon avis, ce n’est pas un argument tenable”, argumente-t-il. Cyrille Giraud ne se retrouve pas forcément dans le clivage droite gauche. Il explique cela par son propre statut de Français de l’étranger. “Au Canada, la vie politique est différente, les clivages et les modes de pensée ne sont pas les mêmes, déclare-t-il. C’est quelque chose que j’ai intégré et dont je m’inspire.”
Un député de proximité
L’écologiste considère que le député des Français de l’étranger doit avant tout de créer un lien entre les citoyens de sa circonscription et l’Assemblée nationale. À l’instar de son adversaire Louis Giscard d’Estaing, il insiste sur la nécessité de renforcer le rôle des suppléants. Sa propre expérience au cours des 8 mois de mandat de Corinne Narassiguin, lui a montré les limites actuelles de cette fonction. Mettant de l’avant le parcours de sa suppléante Emmanuelle Garcia Guillén, enseignante à l’École Internationale de Brooklyn et très engagée sur les problématiques migratoires, il milite pour une représentation active des suppléants sur le terrain. “Je veux que ce rôle de suppléante soit déterminant pour la circonscription. Je ne pourrais pas en couvrir toute l’étendue, et il faut que je puisse me reposer sur Emmanuelle pour récolter les informations et les faire remonter”, souligne-t-il.
Cyrille Giraud compte également faire du milieu associatif, le fer de lance de son action sur le terrain. « L’associatif est vraiment très important pour les Français sur place afin qu’ils puissent avoir des personnes compétentes vers qui se tourner, indique-t-il. C’est aussi important pour le député, afin de faire remonter les informations. Avec une circonscription aussi grande, le député ne peut pas recevoir ou répondre seul à 50 000 courriels, c’est essentiel d’avoir des relais.” Le candidat précise que, s’il est élu, il y aura une concertation avec les associations sur place en vue de construire une plateforme participative qui pourrait prendre la forme d’un site Internet. Il envisage même d’élargir ce système aux autres députés pour faciliter leur travail, et favoriser une vraie proximité entre élus et citoyens.
Web campagne
Pour faire campagne, Cyrille Giraud compte également sur les nouvelles technologies afin de diffuser son message. Signataire de la charte ANTICOR, il prône la transparence de la vie politique et une meilleure utilisation des fonds publics. “On a volontairement décidé de réduire les déplacements pour des raisons économiques et le poids que ça représente dans les factures de l’État, avance-t-il. À travers le maillage des réseaux sociaux et son site de campagne, il estime pouvoir s’adresser équitablement à tous les Français d’Amérique du nord, et pas seulement aux communautés françaises des grandes villes.
Confiant, Cyrille Giraud pense déjà au second tour. Même s’il se défend de vouloir faire de la politique fiction, le candidat d’Europe Écologie Les Verts aimerait se retrouver face au candidat UMP Frédéric Lefebvre, et rééditer la performance de la gauche en 2012. Toutefois, il refuse de dire s’il se ralliera au Parti socialiste en cas de défaite au premier tour. À Franck Scemama qui déclarait début avril : ”on commence séparé, on finira ensemble”, il répond : “On verra.”
La double compétence, financière/économique d’une part et éthique de l’autre, ne ferait que du bien à l’Assemblée nationale française ! En outre, Cyrille Giraud montre qu’il englobe sa vision écologique dans un ensemble de 7 thèmes en phase avec les besoins des Français de l’étranger (il faut dire que lui vit à l’étranger donc sait de quoi il parle). Clairement, pour moi, pour l’instant, il n’y a pas photo entre les candidats.
J’ai du respect pour Cyril Giraud qui mène une campagne honnête, positive et courageuse. En même temps il faut s’interroger sur le volet « vert » et « écologique » du programme d’un candidat député des Français de l’étranger. Quel parti d’envergure nationale est aujourd’hui le mieux à même de développer un programme de gouvernement réellement soucieux des enjeux environnementaux?