Du 28 mai au 1er juin dernier se tenait la deuxième édition du Festival d’humour “Rire à Lourdes”. Au programme, cinq jours de spectacles pour célébrer, dans un éclat de rire, l’amitié franco-québécoise.
“Les Québécois sont reconnus pour leur technique et leur professionnalisme. Ils proposent des produits artistiques extraordinaires; d’ailleurs cette année, deux des prix remis lors du festival ont été attribués à des Québécois. Gabriel D’Almeida Freitas a reçu le prix du jury et Louis Trembley, celui du meilleur auteur SACEM”, s’enthousiasme Norbert Dahman, directeur artistique du festival Rire à Lourdes. Un engouement confirmé par le public puisque pour sa deuxième édition, ce rendez-vous de l’humour franco-québécois a rassemblé plus de 3000 personnes.
Toutefois, ce ne sont pas les chiffres qui intéressent Norbert Dahman. “ Rire à Lourdes n’est pas un business puisque le festival est financé à 90 % par la ville de Lourdes, explique-t-il, c’est une vraie aventure humaine.” Selon le directeur artistique, ce festival constitue avant tout un tremplin afin de donner leur chance aux débutants, et mettre en valeur la francophonie à travers ce qu’elle a de plus universel : le rire.
« Notre objectif est de nous rapprocher du Québec »
Cette année encore, Rire à Lourdes invitait à s’affronter, lors de deux Battle, huit artistes de la relève de l’humour francophone venus de la Belle Province, de France, mais aussi de Belgique. La directrice de l’École nationale de l’humour (ENH), Louise Richer, et Francine Dubois, directrice générale de l’Association des professionnels de l’industrie de l’humour, avaient aussi fait le déplacement pour s’intégrer au jury de professionnels franco-québécois chargé de récompenser les jeunes talents. “Notre objectif ici est de nous rapprocher du Québec, de créer un lien, un croisement pour favoriser la rencontre des producteurs et des humoristes”, insiste Norbert Dahman.
Adib Alkhalidey fait partie de la relève montante au Québec. À Lourdes, il se sent un peu comme chez lui. Nommé découverte de l’année au Gala Les Oliviers 2013 (un équivalent des César en France), Louise Richer l’avait sélectionné en 2011, pour représenter le Québec lors de la première mouture de Rire à Lourdes. Il avait alors remporté le prix du jury. “La première édition c’était vraiment génial, raconte-t-il, on nous avait dit que l’objectif était de se faire des relations, des amis, et ça marche, puisque je considère les gens de ce festival un peu comme ma famille.” Il ajoute : “Les Français et Québécois qui y participent sont super chanceux. Ça permet de voyager, de sortir de sa culture pour proposer son humour dans un autre pays. C’est très intéressant et surtout très amusant.”
« Je me suis aperçu que je pouvais faire rire les Français »
Le festival le recevait cette année pour présenter son premier spectacle solo Je t’aime, (actuellement en rodage au Québec). Adib en a également profité pour offrir trois représentations au Théâtre de dix heures à Paris. Sans le Festival Rire à Lourdes, il n’aurait pas forcément pensé se tourner vers le public français. “Ma première visite répondait à une invitation, ce n’était pas une démarche réfléchie. Après, quand je me suis aperçu que je pouvais faire rire les Français, là je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire en France”, précise-t-il.
Selon l’humoriste de 25 ans, il n’est pas plus difficile de faire sa place en France qu’ailleurs, même pour un Québécois. Il reconnaît néanmoins avoir un peu adapté son spectacle : “Je vis à Montréal, j’écris à Montréal donc je ne vais pas raconter aux Français que je travaillais pour un Tim Horton, ils ne vont pas comprendre.” Une adaptation réussie au regard des critiques et du public lourdais qui ont encensé sa représentation. Norbert Dahman de son côté prédit un bel avenir pour son festival : “Tous les artistes qui sont venus pour la première édition nous citent en référence, et parlent même de nous dans leurs spectacles. Pour moi, c’est l’expression d’une grande reconnaissance mutuelle, d’une entente parfaite, d’une belle fraternité.”