Après avoir été présenté en première mondiale à la 71e Berlinale en sélection officielle, Memory box a pris l’affiche, le 25 mars, dans plusieurs salles du Québec. Ce long métrage de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, un couple de cinéastes-plasticiens, raconte l’histoire et le périple de Maia (Rim Turki) et de sa fille Alex (Paloma Vauthier).
En effet, le jour de Noël, Maia reçoit, à Montréal où elle vit désormais, un mystérieux colis en provenance de Beyrouth. Ce sont des cahiers, des cassettes et des photographies, que Maia a envoyé de Beyrouth, durant des années, à sa meilleure amie partie à Paris pour fuir la guerre civile et récemment décédée. Maia refuse d’affronter ce passé mais Alex s’y plonge en cachette. Elle y découvre l’adolescence passionnée de sa mère et des secrets bien gardés… un vrai voyage vers sa mère.
Coproduction franco-canado-libanaise, le film interroge la fabrication des images et des représentations, la construction des imaginaires et l’écriture de l’histoire, créant des liens thématiques entre la photographie argentique et de vieilles cassettes audio, tout en brouillant les pistes entre le réel et la fiction, et en mélangeant histoire et archives personnelles. De ce fait, le film rend hommage à une époque et un pays révolus, le Liban des années 80 dont la luminosité est en dialogue avec la blancheur de l’hiver du Québec et la violence en accord avec une tempête sur les bords du Saint-Laurent.
En fait, assister à ce film revient à lire un journal intime, l’histoire d’un déracinement et de blessures enfouies, qui prend presque vie à l’écran lorsque les personnages des photos prennent vie dans le film lui-même, construisant des histoires dans l’histoire. Cela équivaut aussi à construire un puzzle familial, un film dans le film que l’on construirait sans en connaitre ni le début ni la fin, imaginant simplement qu’il concerne la guerre et un autre secret. Or, ce secret, on n’en découvrira jamais vraiment le contenu. Sur le plan esthétique, l’effet est simple puisque, même la trame sonore de l’époque est conservée sur des cassettes audio qu’écoute Alex en relisant les lettres de sa mère.
Malgré toutes les critiques élogieuses qu’on a pu lire dans la presse sur ce film, je vous avouerais qu’il m’a laissé sur ma faim car il communique, à la fois, une impression de rudesse et de côté mielleux. De plus, le dénouement est abordé dans les dix dernières minutes, mais sans explication car on voit de loin la discussion entre les protagonistes, mais on n’y est pas associé et c’est-ce qui manque pour pouvoir faire le lien du film et de l’histoire. Bref, un film intéressant mais dans lequel la fin aurait pu être un peu plus fouillée et développée.