crédit photo : AstroLab
A près de trois heures de Montréal, situé dans le décor exceptionnel du Parc national du Mont-Mégantic, l’ASTROLab est un centre public d’activités astronomiques où il est possible de visiter l’observatoire le plus performant du Canada. Ce site, menacé par la pollution lumineuse il y a plusieurs années, est aujourd’hui devenue une Réserve Internationale de Ciel Étoilé (RICE) et un modèle pour de nombreux pays, notamment le Pic du Midi en France.
L’ASTROLab abrite le quatrième plus gros télescope du Canada et le plus important de l’est de l’Amérique du Nord, mais aussi des expositions très intéressantes, une salle multimédia avec un écran géant à haute résolution, au coeur des Cantons-de-l’Est.
Or, ce cadre magnifique était menacé depuis quelques années, par un ennemi moderne et implacable : la lumière… En effet, jusqu’au 19ème siècle, l’éclairage nocturne n’était assuré que par la pleine lune, des torches et de modestes lanternes. Mais, depuis l’avènement du gaz et de l’électricité, l’éclairage nocturne permanent a progressivement donné naissance à la pollution lumineuse. C’est ainsi que l’on désigne toute modification de l’environnement lumineux naturel par la lumière artificielle, et les conséquences les plus connues de cette pollution sont le voilement des étoiles, la dénaturation des paysages nocturnes jusqu’à la perte de visibilité ou encore le dérèglement des écosystèmes. En effet, si, en 1979, la brillance du ciel nocturne au-dessus de l’ASTROLab était de 25 % supérieure à sa valeur normale, la pollution lumineuse croissait, annuellement de 5 à 10 %, compromettant ainsi à moyen terme la rentabilité scientifique et la vocation de l’observatoire.
C’est pourquoi, en août 2007, une demande a été déposée pour que le Gouvernement crée la première Réserve Internationale de Ciel Étoilé (RICE), qui a officiellement vu le jour, le 21 septembre 2007, créant, de la sorte, un espace protégé s’étalant jusqu’à 60 km de l’observatoire.
Dans cet espace public (ou privé), de grande étendue, le ciel étoilé jouit d’une qualité exceptionnelle et fait l’objet d’une protection à des fins scientifiques, éducatives, culturelles ou dans un but de préservation de la nature. Cette réserve comprend une zone centrale où la noirceur naturelle du ciel est préservée au maximum et une région périphérique où les administrations publiques, les individus et les entreprises s’engagent à protéger, à long terme, la noirceur du ciel.
Le programme a connu un immense succès et ses retombées sont allées au-delà des attentes de l’ASTROLab puisque 16 municipalités sont désormais concernées; le coût total du projet sur trois ans s’élève à 1,7 millions de dollars; 700 sites ont été visités et modifiés dans les secteurs résidentiel, commercial, industriel, agricole et institutionnel; plus de 3 300 luminaires ont été remplacés pour générer des économies d’énergie d’environ 1 900 000 kWh par an, soit près de 200 000$ annuellement.
De plus, ce projet a rencontré un tel succès qu’il a été repris par d’autres pays et que, désormais, il existe aujourd’hui quatre autres réserves internationales de ciel étoilé ( Angleterre, Pays de Galles, Namibie, Nouvelle-Zélande).
Et, depuis juin 2012, un partenariat stratégique se met en place entre la Réserve Internationale de Ciel Étoilé du Mont-Mégantic et le projet du Pic du Midi de Bigorre. En effet, beaucoup de similitudes existent entre ces deux projets puisque la RICE du Pic du Midi intégrera dans son périmètre un observatoire astronomique de renommée internationale, un centre de vulgarisation de l’astronomie ainsi qu’un parc national.
Ce partenariat pourra déboucher sur un jumelage lorsque la RICE du Pic du Midi sera labellisée puisque, deux sites d’exception unis, de part et d’autre de l’Atlantique, sont guidés par la volonté de redonner une place aux étoiles, à la beauté de la nuit et à l’émerveillement qu’elles suscitent… reliant, ainsi, le Québec et la France, grâce aux étoiles !