The Elephant in the room présenté par le Cirque Le Roux jusqu’au 13 juillet au Théâtre Outremont est l’une des plus belles découvertes du festival Montréal Complètement Cirque. Entre théâtre, poésie, rires et figures impressionnantes, on en ressort avec la sensation d’avoir vécu un moment qu’on aurait bien voulu éternel.
Nous sommes en 1937 dans un coquet appartement à l’ambiance baroque. Un film vintage se déroule pour nous présenter les personnages de ce film noir. Miss Betty (Lolita Costet) vient d’épouser John Barick (Yannick Thomas) mais ne semble pas très heureuse de ce mariage. Entre rires démoniaques cachés par son visage angélique, la jeune femme cherchera par tous les moyens à éliminer son mari. Mais c’était sans compter les interventions du valet Bouchon (Grégory Arsenal), qui ne laisse aucun répit à la belle pour mettre son plan à exécution. Ne parlons pas de Mr Chance (Philip Rosenberg) qui fait tout pour séduire Miss Betty, avant de finalement s’intéresser au valet.
Il n’aura fallu que quelques minutes avant que les pirouettes, portés et autres figures de mains à mains clouent les spectateurs au fond de leurs fauteuils. On rit beaucoup dans ce quatuor amoureux, on a parfois la larme à l’oeil, mais on s’émerveille surtout de voir ces artistes et athlètes enchaîner les jeux de mains à mains. Tout paraît presque facile à voir leurs visages, leurs mimiques toujours fidèles à leurs personnages. Personne ne tremble, le regard est fixé sur les spectateurs pourtant l’effort est incroyable, la prestation tout autant.
Miss Betty devient rapidement l’objet du désir des trois hommes, qui la lance dans les airs comme une petite poupée. Elle virevolte des bras de John Barick à ceux de Bouchon et Mr Chance, elle enchaîne des pirouettes, des figures verticales à couper le souffle. Le petit gabarit de l’acrobate semble être particulièrement utile pour voler. C’était sans compter l’incroyable puissance de John Barick qui soulève, réceptionne ces partenaires avec classe.
Sensualité et prise de risque
L’ambiance devient soudain tamisée, avec de petites lampes qui descendent tout doucement du plafond. On se sent happés dans un autre monde, plus sensuel, plus intime encore. Les trois hommes enchaînent les portés tandis que Miss Betty arrive, nue, pour compléter un tableau tout droit sorti de l’imagination d’un peintre italien. Un moment de grâce pure. Bouchon et Mr Chance offrent ensuite des positions d’équilibristes en totale harmonie, comme un effet miroir. Ils ne forment plus qu’un, les corps s’entrelaçant pour dévoiler cette belle symbiose. Absolument remarquable.
La scène finale ou tout laisse présager que Miss Betty va enfin arriver à tuer son mari ne se passe pas vraiment comme prévu. Alors que le public s’attend à une fin à la Shakespeare, un mât chinois arrive sur scène, installé par les artistes eux même. Jusqu’à la dernière seconde, Miss Betty, John Barrick, Bouchon et Mr Chance vont grimper au plus haut du mât pour enchaîner les figures, les sauts, jusqu’à poser définitivement les pieds au sol.
Il n’y aura pas de moment de flottement dans ce spectacle, personne n’aura eu le temps de regarder son voisin, ou sa montre. Personne n’a envie de quitter la scène des yeux de peur de manquer quelque chose. On se souviendra du passage de claquettes, du comique de certaines situations, de la scène finale. Des costumes absolument sublimes qui rajoutent au décor la touche finale. Que dire à part bravo. Bravo aux artistes, athlètes du Cirque Leroux pour ce spectacle à couper le souffle, qui mériterait de durer des heures. On s’y sent tellement bien.
Au théâtre Outremont jusqu’au 13 juillet dans le cadre du festival Montréal Complètement Cirque.
(crédit photo : Festival Complètement Cirque)