Huit mois seulement après son implantation au Québec, Le Wagon a présenté, le 28 juillet dernier, les applications développées par sa 77ème cohorte d’étudiants-programmeurs. Française à l’origine, cette initiative semble avoir trouvé son public à Montréal : neuf semaines de codage pratique pour élaborer des programmes de plus en plus complexes.
Par Anne-Hélène Mai et Mathias Chevalier
Contrairement aux autres bootcamps montréalais qui visent à former des développeurs web (LightHouse Lab et DecodeMTL), Le Wagon dispense une formation axée avant tout sur l’entrepreneuriat.
Pourquoi apprendre à coder ? Dans un monde professionnel toujours plus numérisé, connaître les bases de la programmation peut paraître indispensable. Devant les nouvelles exigences du monde moderne, nous sommes parfois pris d’angoisse et voulons rattraper le temps perdu.
Comment apprendre à coder ? Pour beaucoup, retourner sur les bancs de l’université semble laborieux, et s’improviser geek en suivant forums et tutoriels sur YouTube demande bien du courage et de la détermination, choses que nous avons rarement en bagage après de longues journées de travail.
Conscients de ce manque d’alternatives, Sébastien Saunier, Boris et Romain Paillard ont fondé en 2013 le tout premier Wagon à Paris. Après avoir fait ses preuves dans l’Hexagone, la startup a fait des petits en Europe puis à travers le globe (Sao Paulo, Shanghai, Tokyo…).
Une « communauté tech internationale majeure »
Marie-Gabrielle Ayoub est arrivée à Montréal en 2005. Au même moment en France, son frère Antoine devient entrepreneur et ressent une frustration croissante due à son manque de compétence en codage. Il suit donc le programme du Wagon à Paris puis, avec sa sœur, ils lancent la première franchise du bootcamp en Amérique du Nord. Aujourd’hui ils en sont à leur 2ème « batch » d’étudiants, dont le nombre ne dépasse jamais la vingtaine afin de conserver la dynamique d’interaction propre à leur méthode d’enseignement.
Ses 1 500 alumni à travers le monde en font « une communauté tech internationale majeure » selon SwitchUp, site de référencement des formations tech intensives. Le Wagon est arrivé en première place de son classement en 2016. La recette du succès ? Une « pédagogie qui n’apprend que ce qui est nécessaire d’apprendre pour créer un produit web », résume Marie-Gabrielle.
Culture du code oblige, les conversations sont truffées de vocables anglophones. « Notre pédagogie reste la même partout, et elle fonctionne dans tous les pays ». À Montréal, les cours se donnent en anglais, car « beaucoup de cultures s’y rencontrent ». Pour cette raison, Le Wagon devient source de tourisme entrepreneurial : pour Sophie Meier, venue de Suisse, le bootcamp est l’occasion de passer l’été à Montréal tout en acquérant un savoir-faire 100% exportable.
Le Wagon reçoit aussi un nombre important d’Américains, attirés par son prix avantageux. Son prix gravite autour de 7 000$, ce qui revient à près de la moitié de l’argent à débourser pour un bootcamp aux États-Unis tel que AppAcademy ou IronHack. Le programme séduit aussi des Français souhaitant perfectionner leur anglais, plutôt que d’apprendre le code dans leur langue natale à proximité de chez eux.
« Résoudre des problèmes »
Seul étudiant québécois, Jean-Sébastien Dufresne travaille dans le milieu de l’édition. Après le camp, il a l’objectif de créer une application pour faciliter les communications entre éditeurs. En plus d’avoir acquis des soft skills (vendre son produit, le gérer et le pérenniser en équipe), il se réjouit d’avoir agrandi son réseau et exploré de nouvelles capacités : « Quand on rentre dans cet état d’esprit, dans cette communauté de développeurs, on développe le goût de résoudre les problèmes ».
Les plupart des applications dévoilées lors du Demo Day suivent le modèle des applications de rencontres. Par exemple, Medlii réunit des musiciens souhaitant jammer, Chowdown aide les foodies à se trouver des partenaires de cuisine, et Wasis permet de trouver un lieu de travail répondant à des exigences très spécifiques (pour ceux qui préfèrent travailler dans un café, une bibliothèque, un espace de coworking, etc.)
(crédit photo: https://angel.co/le-wagon)