L’Union Française fête ses 130 ans aujourd’hui. L’occasion pour ce phare de la communauté française de raviver les souvenirs qui ont forgé le succès de l’Union mais surtout d’éclairer l’horizon pour sortir des difficultés financières qui l’ont fragilisée.
Par Lise Ouangari
En 130 ans, l’Union Française a connu des hauts et des bas. Le président de l’Union Française, Jean Isseri, retient son rôle et son histoire. « L’Union est un lieu de rassemblement, d’échange, de chaleur et de partage. Elle a répondu aux besoins des différentes vagues de l’immigration. Elle facilite les intégrations et la représentation des besoins de la communauté française auprès des autorités », dit-il.
Depuis 1886, l’organisation accompagne les immigrants français à Montréal pour relever les défis de l’intégration. D’abord un refuge pour accueillir les immigrants qui arrivaient en bateaux, elle devient une maison de bienfaisance avec son « vestiaire » durant les deux guerres mondiales et la crise de 1930.
Populaire grâce à ses bals et notamment ceux du 14 juillet, l’Union nourrit la vie culturelle des Français à Montréal. « Il y avait dans la grande salle à l’époque des rencontres culturelles, sociales et conviviales, des conférences. C’était énorme. On a eu énormément d’évènements avec de grands chanteurs et de grands poètes », rapporte Jean Isseri.
Aujourd’hui, outre des événements culturels, l’institution conseille et oriente les immigrants dans les processus d’intégration et d’installation.
Des dettes et un bâtiment délabré qui « plombent » le budget
On imagine mal l’Union Française sans voir surgir la bâtisse qui la symbolise. L’une ne va pas sans l’autre. En 2010 pourtant, l’avenir de l’Union est en jeu. Sa bâtisse s’apprête à être vendue. « J’ai dit non, hors de question! On ne peut pas laisser des gens démolir un bien commun. Alors, on a fait arrêter la vente », rapporte le président.
L’Union Française a accumulé des dettes à hauteur de 650 000 dollars. Une banqueroute qui soulève des interrogations. « Je ne pense pas qu’il y ait eu un détournement mais plutôt une mauvaise gestion », estime Jean Isseri qui a repris depuis la direction.
[pullquote]On reprend le contrôle. On a arrêté la chute et on relance les activités[/pullquote]
Délabrée, la bâtisse doit subir des travaux. « Il reste 450 000 dollars de dette qu’il reste à payer tout en faisant tourner la boutique. On est en train de survivre », explique le président.
Pourtant, Jean Isseri affiche un air serein. Il préfère regarder vers l’avenir. « On reprend le contrôle. On a arrêté la chute et on relance les activités », assure le président qui a pu s’appuyer, entre autres, sur les contributions financières de quelques administrateurs et entrepreneurs.
Plus d’un million de dollars devront être réunis pour rénover tout l’établissement. Une campagne de financement est sur le point d’être déclenchée auprès du privé, du provincial, du fédéral, et à la France ainsi qu’un appel au crowdfunding.
Les six chantiers de l’Union Française pour l’avenir
Jean Isseri a défini six chantiers pour l’avenir de l’Union Française à savoir relancer les services à la communauté française comme les informations sur la retraite, l’emploi, les conseils juridiques et financiers, élaborer un plan de financement pour restaurer l’immeuble, stopper la détérioration de la bâtisse et l’embellir, améliorer la communication, mieux connaître la communauté française et enfin assurer une bonne gestion de l’organisation.
« L’Union a un cœur qui bat. C’est à la fois le café culturel, les rencontres et le secrétariat et ça, ça bat. À partir de là, on mobilise », explique Jean Isseri. C’est grâce aux liens forts qu’elle a su noué dans la communauté française que l’Union peut s’appuyer sur l’engagement de ses bénévoles.
À long terme, les membres de l’Union voudraient agrandir l’établissement à l’image des maquettes qui décorent le bar de l’organisation. « On voudrait démolir l’arrière de la bâtisse pour construire cinq étages qui réuniraient les différents acteurs de la communauté française, des milieux culturels, associatifs. On pourrait faire un théâtre modulaire, des résidences pour jeunes, des espaces d’accueil pour des petites associations, une vitrine commerciale, un espace de coworking, un incubateur d’entreprises,… On n’est pas à court d’idées », s’enthousiasme le président.
L’Union Française convie l’ensemble de la communauté française et ses amis québécois à venir célébrer son 130e anniversaire, jeudi 20 octobre, à partir de 17h. Au programme : souvenirs, projets d’avenir, quelques grignotines, un peu de musique et beaucoup d’échanges et de partages !