Par Ramzi Sfeir, un Français de Montréal
Monsieur le Député,
Je vous déclare, en tant que Français de votre circonscription, que je me dissocie de votre vote et je vous dis haut et fort : « Pas en mon nom! »
Le 2 décembre, l’Assemblée nationale votera une résolution invitant le gouvernement français à reconnaitre l’État palestinien. Vous avez déclaré vouloir voter « non », vous avez donc délibérément choisi d’être absent lors de ce grand rendez-vous avec l’Histoire des peuples, et ce, au nom de tous les Français d’Amérique du Nord.
Monsieur le Député, permettez-moi de vous témoigner de ma plus grande indignation devant ce geste irresponsable. Le CRIF met à l’honneur l’une de vos déclarations sur ses réseaux sociaux : « Israël est une démocratie. La seule dans la région. Et cette démocratie minoritaire et assiégée a appris à résister aux roquettes, mais surtout à répliquer aux bourrasques d’antisionisme emplies de relents antisémites ».
Je ne m’attarderai pas sur le contenu populiste de cette déclaration qui témoigne surtout de votre grand mépris pour ceux qui doivent subir quotidiennement des pratiques dignes des pires régimes d’apartheid tout en vivant sous l’emprise d’une occupation violente, illégale et xénophobe, laquelle vous choisissez de soutenir inconditionnellement, sans aucun sens critique. Sachez plutôt que vous salissez la fonction que vous occupez au sein de notre république, et ce, au nom de tous les Français d’Amérique du Nord, sans même vous donner la peine de les consulter!
Cette lettre ouverte n’arrêtera sans doute pas votre vote et mon but ici n’est pas de vous faire changer d’avis, mais plutôt d’exposer votre manque de profondeur politique au grand jour, car vos électeurs ont voté pour un député français et non pour un porte-parole d’Israël.
Par ailleurs, ayant grandi dans les territoires occupés, je peux vous témoigner du désarroi et de la douleur que cause cette occupation illégale, et les victimes de votre position ne sont nul autre que les deux peuples, Israélien et Palestinien.
Aujourd’hui, vous vous positionnez contre l’autodétermination des peuples, vous associez fièrement votre voix à l’apartheid et vous adressez un bras d’honneur aux 135 nations qui ont décidé de reconnaître l’État palestinien selon les frontières de l’armistice de 1967, c’est votre choix et vous serez jugé par l’Histoire.
(crédit photo : Assemblée nationale française)
DANS UN SOUCI D’ÉQUITÉ, NOUS PUBLIONS CI-APRÈS LA DÉCLARATION DE FRÉDÉRIC LEFEBVRE POUR EXPLIQUER SON VOTE :
« Parce que l’honneur de la France est d’être aux côtés des minorités.
Parce que la grandeur de la France est de combattre le terrorisme.
Parce que l’histoire de la France doit nous amener à soutenir les démocraties.
Peut on voter une telle résolution ? N’est elle pas aussi opportuniste qu’inopportune ?
Israël est bien minoritaire dans cette région du monde dominée par les pays arabes et par la religion musulmane.
La minorité juive, comme la minorité chrétienne, a droit de vivre en paix dans le berceau des grandes religions monothéistes.
Ce droit, la France est légitime à le défendre. Elle ne doit pas en rougir. Elle ne peut se laisser détourner de son histoire qui l’a toujours placée aux côtés des minorités.
Même si son devoir est aussi d’exiger que la minorité respecte elle même les plus faibles.
Israël assiégée est frappée quotidiennement par un terrorisme aveugle.
Le nombre de roquettes et missiles envoyés sur Israël à partir de Gaza l’été dernier est de 3.356.
578 ont été interceptés.
2.648 sont tombés en territoire israélien ou sur les forces de Tsahal.
Le Miklat ( abris ) fait parti du quotidien des enfants israéliens. Ils ont plus ou moins de temps, 15, 20, 30 secondes,1minute, suivant la zone dans laquelle ils vivent, pour courir s’abriter et surtout ne pas oublier de fermer la porte du Miklat…
La terreur fait partie de leur quotidien.
La terreur vient des airs mais aussi du sous-sol. Les tunnels terroristes se multiplient.
Je sais qu’il n’est pas politiquement correct de rappeler cette réalité. Et pourtant. Naître, grandir, vivre dans la peur, l’exigence de la Fuite et de la Défense vous changent un homme.
Un enfant israélien tout comme un enfant palestinien terrorisé reste avant tout un enfant qu’il faut protéger…
La terreur est dans les deux camps.
La force qui riposte au terrorisme aveugle est elle illégitime ?
Israël est une démocratie, la seule de la région, forte de sa culture de coalition : l’union fait la force. Et cette démocratie, minoritaire et assiégée, a appris à résister aux roquettes, mais surtout à répliquer aux bourrasques d’antisionisme emplies de relents antisémites.
La démission de cet élu EELV qui déclare « Je ne supporte pas qu’en matière de politique étrangère, 90% des interventions d’EELV se résument dans ce slogan : « Israël assassin ! » est sans aucun doute caricaturale mais souligne au minimum le malaise que suscite le sentiment de l’émergence d’un nouveau bouc émissaire : Israël.
La haine du Juif est toujours exacerbée par la crise…
La haine d’Israël l’est tout autant.
Elle est une traduction étatique de la peur de l’autre, de la désignation du responsable, du coupable…
La place de la France ne doit-elle pas être résolument aux côtés du bouc émissaire, minoritaire, assiégé et démocratique ?
Au moins tout autant que du peuple palestinien qui aspire légitimement à vivre en paix dans un État aux frontières reconnues avec un pouvoir légitime, stable et démocratique.
C’est la raison pour laquelle je ne voterai pas une proposition de résolution qui oublie l’essentiel.
Parce que la reconnaissance d’un État palestinien passe par la reconnaissance préalable par ceux qui aspirent à diriger cet État, du droit de son voisin, Israël, à vivre en paix.
Parce que la reconnaissance d’un État Palestinien passe par le renoncement, par ceux qui prétendent le diriger, à toute forme d’acte terroriste.
Parce que la reconnaissance d’un État Palestinien passe par un traité dûment signé, directement, par les parties, conformément à l’esprit des accords d’OSLO et ce sous le patronage de la communauté internationale.
Tout acte militant de tel ou tel parlement national est une pierre lancée dans le jardin de ceux qui se battent pour ramener à la raison les plus extrémistes de leurs propres camps. Et finalement une forme d’incitation au jusqu’au-boutisme.
Est-il responsable de poser un tel acte à des milliers de kilomètres d’une zone enflammée, en risquant d’attiser le feu et d’embraser toute la région ?
Je voterai non. Ne desservons pas la paix »
Monsieur Sfeir, oublie de préciser qu’il est le Président du Parti Socialiste à Montréal