Le 30 septembre, se tenait au Pavillon Judith Jasmin de l’UQAM un grand kiosque de rencontres, dédié à l’information relative à la mobilité étudiante vers la France. Baptisée « Et si les études en France étaient pour vous », l’opération a accueilli près de 200 étudiants.
Par Rozenn Nicolle
Attirer plus d’étudiants québécois dans ses universités, c’est là un des défis que la France s’est fixé. Condition importante de la nouvelle entente entre l’Hexagone et la Belle Province concernant la mobilité étudiante, la promotion de la France auprès des jeunes Québécois est une mission que le Consulat général de France à Québec prend au sérieux. Associé à Campus France, Agence française rattachée à l’Ambassade de France au Canada pour le développement de la mobilité internationale, le consulat a tenu un grand kiosque au cœur de l’Agora de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) le mercredi 30 septembre. « Le but est de conseiller et de renseigner les étudiants sur l’offre française et aussi de leur apporter du soutien dans leurs projets de mobilité internationale », explique Magali Bricaud, responsable du service scientifique et universitaire du Consulat général de France à Québec.
Une balance « pas si déséquilibrée »
Neuf représentants d’universités et écoles d’ingénieurs avaient également fait le déplacement dans le cadre de développements de partenariats avec les universités québécoises, et se sont rendus disponibles durant toute la durée de l’évènement pour rencontrer les étudiants de l’UQAM et répondre à leurs questions. Car si la promotion de la mobilité vers la France est si importante, c’est qu’elle est beaucoup moindre que celle des jeunes Français vers le Québec. Pierre Van de Weghe est professeur et vice-président des Relations Internationales de l’Université de Rennes 1 et pour son établissement, qui envoie toujours plusieurs étudiants dans les universités du Québec, il est parfois difficile d’attirer les québécois. Pour lui, le facteur financier semble être un frein important, mais il relève également un manque de curiosité des Québécois pour l’expatriation et une plus grande attractivité des États-Unis, plus proches et anglophones. À la même table, son homologue de l’Université de Reims, Nourreddine Manamanni dénote également le déséquilibre des échanges dans son université, mais évoque un plus fort dynamisme au niveau des doctorats, notamment ceux proposés en co-tutelle (plus de 500 thèses franco-québécoises menées actuellement) ainsi que pour la mobilité des chercheurs et des professeurs. Toutefois, la population québécoise étant de huit millions et celle de la France de 65 millions, « le rapport démographique est de 1 pour 8 », relève Magali Ricaud, « et dans cette optique, la balance n’est pas si déséquilibrée ».
Et si la France peine à attirer, le Québec, lui, perd de son accessibilité depuis le début de l’année. Outre l’augmentation des frais de scolarité longuement débattue et finalement adoptée dans l’entente signée en mars dernier par les deux premiers ministres des deux nations, les stages sont devenus, suite à une décision du gouvernement fédéral, soumis à des procédures d’obtention de visa plus complexes qu’auparavant, nécessitant notamment des frais de 230$ ainsi qu’une étude du marché du travail. « Beaucoup de nos étudiants ont abandonné leur projet de mobilité à cause des complications pour les visas de stagiaire », regrette M. Manamanni.
« Mieux renseigner et mieux s’engager »
Étudiante québécoise de 22 ans en urbanisme, Nabila revient d’un semestre à Grenoble. Venue saluer le responsable des Relations internationales de l’université dans laquelle elle a étudié en France, elle ne tarit pas d’éloges sur le vieux continent et l’incroyable expérience qu’elle y a vécue. Elle conseille évidemment à tout le monde de partir et de se confronter à une expérience d’expatriation, et apprécie les initiatives comme l’opération qui se tenait à l’UQAM : « C’est vraiment bien de voir que des universités font le déplacement pour venir se présenter et prendre le temps de parler de leurs programmes avec des étudiants », confie-t-elle.
Il y a sept ans déjà, Campus France organisait ces rencontres et faisait venir des universités. En 2008 s’était tenu le premier forum franco-québécois des études supérieures, sur trois jours et rassemblant plus de 80 établissements français. « Aujourd’hui, la politique a changé », confie Magali Ricaud, au lieu de faire des grand événements mais tous les cinq ans, on préfère occuper le terrain plus fréquemment ». Avec une population étudiante en perpétuel renouvellement, s’inscrire dans la durée et la fréquence semble donc être la nouvelle façon de promouvoir l’enseignement supérieur français et tenter de conquérir plus de jeunes Québécois. « Nous devons mieux renseigner et mieux nous engager », conclut la responsable de cette opération séduction qui devrait donc revenir très prochainement.
(Crédit photo : Rozenn Nicolle)]]>