La Cop21, la plus grande rencontre de chefs d’états de l’histoire moderne hors des Nations-Unies… 150 leaders des pays riches, industrialisés, et en voie de développement ou tout simplement pauvres, 195 états plus les Nations-Unies réunis au secours de la terre qui se présentent à Paris, au lendemain d’actes terroristes jamais vus en sol européen. Les manifestations interdites, dont celle où on attendait 300 000 personnes la veille de l’ouverture de la Cop 21, tournent au vinaigre, alors que plusieurs milliers d’irréductibles prennent tout de même la rue après avoir déposé autant de paires de chaussures pour protester contre l’interdiction de manifester…
Par Jacques A. Rivard, journaliste spécialiste des questions environnementales
Au départ, le président François Hollande parle d’urgence climatique, qualifiant la cop 21 « d’immense espoir qu’il ne faut pas décevoir ». Un climat pour lequel il faut impérativement limiter à 2c l’augmentation des températures d’ici la fin du siècle, au-delà de quoi les conséquences sur le climat seront catastrophiques, inondations, sécheresses, réfugiés de l’environnement, etc… Déjà, les grands de ce monde appuient l’atteinte d’un accord visant le contrôle des gaz à effet de serre (GES): les Hollande, Obama, Poutine, Trudeau, ce dernier nouvellement élu qui ramène la Canada dans le giron des états favorables à des actions fortes en matière de redressement du climat, après 10 ans d’absence du précédent gouvernement conservateur.
L’argent, le grand point de discorde annoncé à cette conférence, où les pays riches se sont engagés à verser 100 milliards de dollars annuellement à l’horizon de 2020 pour aider les pays en développement à la transition vers une dé-carbonisation de leurs économies, une somme déjà jugée insuffisante après seulement quelques jours de négociations à la cop 21 par des participants comme l’Inde, immense pays d’un milliard d’habitants en instance d’industrialisation. Et que dire des pays africains producteurs de pétrole, tels l’Algérie, le Nigéria, qui craignent de voir leurs redevances naissantes être déjà contrôlées par des normes rendues nécessaires par l’avidité des pays riches ces cinquante dernières années.
Pour réduire la pression de ce dossier économique au cœur des négociations de Paris, le président François Hollande vient de promettre 2 milliards d’euros d’ici 2020 pour les énergies renouvelables en Afrique, afin justement de régler une partie de la « dette écologique » des pays riches envers ce continent. « La France veut montrer l’exemple », précise le président français, montrer qu’elle n’est pas « le soutien aux forces africaines », comme au Mali et en Centrafrique. L’Afrique, un continent qui voit la sécheresse s’installer à demeure sur une partie du territoire, menaçant ainsi la production agricole et les populations qui essaient d’en vivre, ces être humains qui deviennent rapidement de nouveaux réfugiés de l’environnement. Un continent africain si menacé, qui n’est pourtant responsable que de 4% des émissions de GES qu’on veut réduire.
Ces énergies renouvelables vers lesquelles les pays aux populations milliardaires comme la Chine et l’Inde se tournent, le solaire, l’éolien, pour éviter la carbonisation de leurs économies déjà avancée dans les pays riches. À cet effet, vingt pays riches, dont le Canada, les États-Unis et des milliardaires dont Bill Gates, George Soros, s’engagent à Paris à investir de nouvelles et importantes sommes d’argent pour accélérer les recherches en énergies renouvelables, investissements qui sont à la veille de dépasser en milliers de milliards de dollars ceux historiquement faits dans les énergies fossiles. Des nouvelles qui font dire au premier ministre de l’Inde Narendra Modi que « nous avons toujours besoin des énergies conventionnelles, qu’on doit rendre plus propres, mais pas imposer la fin de leur utilisation ». Une résistance connue, mais moins dangereuse que la position de la Russie qui, selon certains écologistes, démontre des positions difficiles à suivre logiquement jusqu’à la fin des négociations aux rencontres passées, selon le représentant Québécois du groupe écologiste Équiterre, Steven Guilbault.
Le climat appuie la COP21Et, comme pour appuyer les négociations difficiles de la COP 21 à Paris, Pékin est depuis plusieurs jours en alerte orange, couverte d’un nuage de smog si intense qu’il empêche le soleil de pénétrer; les autorités demandant aux citoyens de rester préférablement à l’intérieur, ceux et celles qui se risquent à sortir, à le faire en portant des masques anti-pollution. Pendant ce temps, en Inde et au Pakistan, des orages exceptionnels provoquent des inondations faisant des centaines de victimes, et forçent l’évacuation de centaines de milliers de personnes. Toutes ces perturbations climatiques qui surviennent au moment où, malgré tout, des deux côtés de l’Atlantique, des sondages indiquent aussi bien au Canada qu’en France, que les citoyens continuent de démontrer un certain scepticisme vis-à-vis des changements climatiques et des bouleversements sociaux et économiques annoncés, un constat qui étonnait encore hier matin le journaliste spécialisé en environnement Étienne Leblanc de Radio-Canada.
Les négociations de la COP 21 qui deviennent ardues, matières de points et de virgules, se poursuivent jusqu’à samedi lorsque le président de la conférence et ministre français des Affaires Étrangères Laurent Fabius doit recevoir les cinquante pages de propositions qui seront la semaine prochaine soumises aux sous-ministres et chefs d’état pour approbations avant le 11 décembre prochain, date prévue mais souvent reportée pour un accord final.
(Crédit Photo : Présidence de la République française – C. Alix)]]>