« Au Canada, il faut voir l’épargne comme un fonds de pension », explique Rafael Formey de Saint Louvent, conseiller privé pour les nouveaux arrivants chez Desjardins. « C’est un changement de paradigme, renchérit Laurence Reynaud, Responsable développement des partenariats internationaux pour les nouveaux arrivants, car en France la retraite est prélevée à travers les cotisations sociales ».
Tous deux français d’origine, ils vivent au Canada depuis plusieurs années et se sont rendu compte de l’importance de l’épargne de ce côté-ci de l’Atlantique.
Contrairement à l’Hexagone, elle est ici accessible à tout le monde sans beaucoup de frais. « Ce n’est pas fait pour les riches » contrairement à l’idée qu’on pourrait s’en faire. « Les premières SICAV sont accessibles dès les premiers 500 dollars », justifie Raphaël Formey de Saint Louvent.
Des enveloppes fiscales adaptées à ses projets de vie
Le conseiller financier décrit lesenveloppes fiscales disponibles au Canada en trois produits: le REER (Régime Enregistré d’Épargne retraite, lancé en mars 1957), le CELI (Compte Épargne Libre d’Impots, lancé en 2008) et le REEE (Régime Enregistré d’Épargne Études). Tous ces dispositifs ouvrent droit à desavantages fiscaux, voire même à un abondement du gouvernement pour le REEE.
« C’est différent de la France car ici les déposants peuvent choisir le support de l’enveloppe fiscale. Contrairement au Livret A avec capital garanti », prévient M. Formey de Saint Louvent.
Tous ces produits offrent des placements offensifs ou plus sécuritaires, au choix des participants. Même le CELI, qui s’apparente à un livret A, peut être constitué de plusieurs types de placements.
« Ça dépend de vos types de projets », explique le conseiller financier. Il peut s’agir du prochain achat d’une voiture, qui nécessitera un placement sécuritaire, d’un achat immobilier à moyen terme, d’une lointaine retraite, qui s’accommodera plus facilement de placements en bourse ou de la constitution d’un pécule pour financer les études des enfants.
Il rappelle l’importance de se constituer une retraite car la retraite de base des gouvernements, est de moins de 24 000$ par année… dans le meilleur des cas.
REER, CELI, REE…
Le gouvernement permet de défiscaliser 18% de son revenu annuel chaque année dans un REER, dans la limite de 26 230$ pour 2018. Par exemple, pour le rapport d’impôt fait en 2019 pour l’année 2018, on peut déduire 100% de son revenu 2018. L’avis de cotisation envoyé par revenu Canada chaque année indique le droit à REER. Les droits ne se perdent pas d’année en année. Les droits à REER se cumulent ainsi que les droits à CÉLI: 6 000 $ en 2019, 5500$ en 2018.
Le REEE permet de constituer un pécule (50 000$ maximum) pour les études des enfants. « Le CEGEP et l’Université sont payants; même s’ils sont moins chers qu’aux États-Unis, ils ne sont pas gratuits comme en France», rappelle M. Formey de Saint Louvent. Cette enveloppe fiscale permet également de panacher les placements sécuritaires ou plus offensifs. « Ça dépend de l’âge des enfants et de la tolérance au risque des parents », explique le conseiller financier. Particularité de ce programme, le gouvernement abonde pour compléter le pécule.
L’importance du conseil
« Ici la retraite n’est pas prélevée à la source, il faut être proactif et autonome », insiste Laurence Reynaud. Elle ajoute qu’il ne faut pas attendre trois ou quatre ans avant de se poser la question de l’épargne, mais qu’il faut l’adapter à sa situation et à son projet de vie. « La première question à se poser est: reste-t-on au Canada ? », ajoute Rafael Formey de Saint Louvent. Lesenveloppes fiscales et ses incidences seront en effet différentes, et la réintégration fiscale de gros montants d’épargne en cas de départ peut faire changer de tranches fiscales.
Tous deux insistent sur l’importance de prendre conseil dans une institution financière. D’ailleurs Desjardins a mis en place des simulateurs, sur son site et en agence, pour personnaliser ses offres. « Ça rend les choses très concrètes », insiste Laurence Reynaud.
Pour en savoir plus:
Question retraite: Cotiser à un REER ou à un CELI?