Après une première visite au printemps dernier, Folamour, artiste lyonnais et co-fondateur du label Moonrise Hill Material, était récemment de retour à Montréal dans le cadre du festival Ancient Futur. Au programme : chaleur, sonorités tropicales, disco, funk et enfin, un public fébrile enflammant le quai de l’horloge de par son énergie. Véritable étoile montante malgré son jeune âge, Folamour nous dévoile ses impressions concernant la scène musicale au Canada, ses inspirations et futurs projets.
« Il existe à Montréal une authentique liberté qu’on ne retrouve pas en France », confie l’artiste tout juste après son concert au Quai de l’horloge. Que ce soit le ressenti de la part du public, l’atmosphère générale ou la musique en elle-même, les barrières sont inexistantes et les codes absents, pense-t-il. Lors de sa dernière représentation, tout comme pour sa première, il avait en face de lui un public très enthousiaste, transporté par l’ensemble des sons remixés : « les deux fois je me suis régalé, j’ai pu passer tout ce que je voulais, soul, disco, funk … ». Alors qu’en France, la foule semble moins réceptive avec des sons qu’il qualifie de plus « émotionnels », moins rythmés, ou plus « soul », avoue-t-il.
Au-delà du public particulièrement ouvert et réceptif, la musique au Canada est également très différente d’en France, souligne le producteur. Selon lui, les artistes canadiens se rapprochent davantage des Australiens que des Français en terme de créativité musicale : « tout comme en Australie, la musique y est plus lente, avec des mélodies plus pop, plus naïves… Elle raconte une histoire, et de ce fait parait beaucoup moins adaptée à des boites de nuit ». De l’autre côté de l’océan, on retrouve des sons tels que Kaffé Crème , plus discos et instrumentales, précise-t-il.
D’un continent à l’autre, un contraste qui s’explique en retraçant l’histoire
« J’adore dénicher des pépites des années 70, des vieux sons discos perdus au quatre coins du globe, à Trinidad et Tobago par exemple. Quand ils essaient de reproduire la musique disco qu’ils entendent ailleurs, c’est tout à fait différent puisqu’ils sont détachés du reste du monde, ils n’ont pas la même info que les autres ont ailleurs au même moment ». Même principe au Canada : depuis plus d’une trentaine d’années, la France est bercée par la musique électronique ; on ne peut pas en dire autant ici. Le pays fut davantage isolé des influences musicales européennes. Résultat : une liberté musicale bien plus vaste, plus de créativité et moins de codes.
Non à la techno, oui au disco
Pour sa part, bien que lyonnais, Folamour semble on ne peut plus libre à travers sa musique, avec des influences débutant dans les années 70, allant de Sun Ra en Jazz, Prince ou Marcus Miller en Funk, et Moodyman, Kerry Chandler, Glenn Underground au niveau de la «house music». Influencé par un éventail de styles musicaux, Folamour toutefois reste fermé à la techno, « la techno, ça ne m’évoque rien, ça ne me touche pas. Je n’ai jamais aimé les sonorités agressives, je préfère les mélodies sentimentales et émotionnelles, j’aime quand la musique te raconte une histoire ».
Aussi bien mélomane que cinéphile
« Je n’ai aucune inspiration si je ne lis pas ou si je ne regarde pas de films intéressants. J’ai un véritable besoin de remplir ma tête d’images et d’histoires, afin de les ressortir à travers mes compositions et mettre en lumière mes expériences personnelles », explique le cinéphile. Ainsi son inspiration est directement tirée des films qu’ils visionnent. Mais ça, vous vous en doutiez certainement si vous avez vu le film de Kubrick, Dr. Folamour, qui traitre avec humour et subtilité la folie de l’Homme.
À travers la musique, il espère ainsi toucher l’âme de son auditoire, l’envahir d’émotions et de souvenirs. Par exemple à travers « home beyond the clouds », Folamour a voulu exprimer une certaine solitude, après avoir vu Moonrise Kingdom, réalisé par Wes Anderson.
Pour finir, bonne nouvelle : le premier album de Folamour sort dans les prochains jours. Sans plus tarder, son second album sortira début 2018, et sera suivi d’une tournée panaméricaine. Pas encore de dates fixées à Montréal, mais l’artiste assure qu’il y en aura une.
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(crédit photo: Camille Balzinger – Léopoldine Frowein)