Géraud (Dejou), représentant l’association Val d’Oise-Québec, a remporté, le 23 mars, le 7ème édition du concours de slam organisé par la Fédération France-Québec. Le jury a été séduit par ses textes poignants, rythmés et poétiques. Cette victoire, une première pour lui, va lui permettre de voyager au Québec et de monter sur quelques scènes de la Belle Province.
Entrevue recueillie par Romain Lambic, correspondant à Paris
L’Outarde Libérée: Depuis combien de temps fais-tu du slam et pourquoi t’être tourné vers cet art ?
Géraud: Je pratique le slam depuis très peu de temps, pour tout dire. Je ne connaissais pas ce genre de scènes avant le début de l’année dernière. J’écrivais de la poésie depuis des années, mais je n’avais jamais songé à présenter mes poèmes à l’oral. C’est Yoarashi, que je connais de l’université, et qui est le vainqueur de la précédente édition du concours France-Québec, qui m’a proposé de venir à la scène slam d’Auvers-sur-Oise, il y a donc à peu près un an, et j’ai été séduit par ce concept. Cela fait du bien d’être entouré d’artistes, et de partager ses créations avec eux.
L’Outarde Libérée: Pourquoi avoir décidé de participer à ce concours organisé par la Fédération France Québec ?
Une occasion pareille ne se rate pas. J’ai été contacté par Corine Tartare qui avait, il me semble, assisté à l’une de mes prestations à Auvers-sur-Oise, début 2017. J’ai accepté immédiatement l’invitation. Partir au Québec, c’est un rêve.
L’Outarde Libérée: Quels sont les messages que tu as voulu faire passer par tes textes ?
Géraud: Le texte du premier tour évoquait la vie imaginaire d’un enfant mort dans les bombardements à Damas. Ce n’était, certes, pas très gai. Cependant, je pense qu’il faut écrire sur ce genre de choses, que la parole ne doit pas rester, dès qu’il s’agit de telles actualités, aux journalistes et aux hommes politiques, que les artistes doivent en faire leur objet d’étude. Et même lorsqu’on a l’impression que tout a été dit, un texte est toujours bon à prendre pour ne pas oublier. En ce qui me concerne, raconter une vie qui n’allait en réalité jamais être vécue, c’était un moyen de rendre le sentiment de gâchis que nous pouvons éprouver face à de telles catastrophes, le sentiment de tout ce qui aurait pu être et qui ne sera jamais par la faute de la guerre.
Le second texte portait sur la littérature elle-même, sur la poésie, et défendait des idées d’ouverture et de décloisonnement de l’art, de désacralisation. Ces idées ne sont pas nouvelles, bien-sûr, mais je pense qu’il faut les mettre en avant. Trop souvent, on entend des jeunes dire « je ne pourrais jamais faire ça, je n’ai pas le talent… » Mais il n’y a pas de magie, si l’on veut, on peut, car l’art, c’est surtout du travail, aucun artiste n’est infaillible, et personne ne devrait avoir peur de se lancer.
Je parlais aussi dans ce texte de refuser les mouvements, d’aller chercher l’inspiration dans les lieux qui n’ont pas l’air inspirants au premier abord, dans la modernité de notre époque, dans les combats sociaux à mener. J’évoquais le fait que l’art était pour moi un moyen, un langage, et que le message devait primer sur l’idée de l’art pour l’art. C’était donc un texte très théorique comparé au premier. Mais toujours travaillé pour l’oral, plein d’allitérations, d’assonances, et réglé sur un débit assez soutenu.
L’Outarde Libérée: Comment as-tu réagi à l’annonce de ta victoire, comment va se passer ton voyage au Québec ?
Géraud: C’est une immense joie, évidemment. J’ai été surpris, tout d’abord parce que je ne m’attendais pas à ce que mon premier texte rencontre autant de succès, mais surtout parce qu’il y avait du très bon niveau chez les participants. Cela s’est vu à la fin de la soirée, tout simplement au décompte des points, et j’ai gagné de très peu.
J’avais déjà remporté un concours de poésie, mais tout s’était fait par mail, et il n’y avait pas vraiment de tension. Pour le slam, ma toute première victoire, et je n’avais jamais connu cette électricité dans la salle, tout juste avant l’annonce des résultats, cette pression que les trois finalistes ressentent, et qui explose à la fin. Pour ce qui est du voyage, je vais vite me pencher sur la question, mais pour l’instant, je ne sais pas comment cela va s’organiser, cela va dépendre de beaucoup de choses, notamment du meilleur moment pour participer à quelques scènes là-bas, pourquoi pas. Ce qui est certain, c’est que j’ai hâte.
(crédit photo: Georges Poirier)
Bjr je faisais office de papy au milieu de cette jeunesse …mais que de bonheur d avoir pu participer à un tel événement ou les rencontres sont riches …bravo a à toutes et tous avec un petit plus a ce beau vainqueur. Mais la richesse des textes était magnifique. Merci à tous les organisateurs de ce projet et que les profs de français s’inspire et entre le slam dans leur programme , Ca ne pourra que bonifier et donner plus de confiance a beaucoup des le plus jeune âge…merci encore et que vive l écriture la liberté d expression dans tous ses états
Chavlem