Dans une question orale du 6 juin dernier au Sénat, le sénateur des Français de l’étranger, Ronan Le Gleut, a demandé au gouvernement les statistiques enregistrées par la cellule Tolérance Zéro du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), et a demandé l’amélioration de son fonctionnement. Il a dénoncé « l’omerta » qui règne au Quai d’Orsay.
Depuis sa question orale, le sénateur Le Gleut affirme que « les choses bougent », et que des agents de postes consulaires saisissent régulièrement leurs élus de proximité.
Du côté du ministère, on a enregistré 189 signalements en 2022, qui concernaient 109 situations différentes. 15 enquêtes administratives et missions d’inspection ont été diligentées. Dans 98% des affaires, le MEAE affirme avoir mené une action, et des « mesures correctrices ». « Il n’y a pas d’impunité », assure Jean-François Carenco, ministre délégué chargé des Outre-mer, qui a dénoncé « des articles de presse qui ne donnent qu’une version des faits. »
« Il est temps de lever le grand secret qui règne depuis quelques années au sein de ce ministère », a ajouté le sénateur Le Gleut, qui a promis d’utiliser le règlement du sénat pour accéder aux informations que le MEAE refuse. Il n’exclut pas une commission d’enquête ou une mission d’information, si le ministère continue de refuser une audition du référent écoute à l’AFE.
Le sénateur a rappelé que des faits ont été signalés au Canada « entrainant de lourdes conséquences tant pour les agents du ministère que pour la France et les Français de l’étranger »: disfonctionnements, mauvais services rendus, image ternie de la France. A Toronto, cinq agents ont saisi la cellule Tolérance Zéro. Quatre ne sont plus en poste et la cinquième est en arrêt maladie. « ça interroge » selon Ronan Le Gleut.
En mars dernier, la demande d’audition du référent écoute a été refusé à l’AFE par le MEAE. Le sénateur a qualifié ce refus de « grave » dans une entrevue à nos confrères de lesfrancais.press, car les agents victimes doivent être traités comme tous les Français.
En novembre 2020, le MEAE a mis en place un « référent écoute » pour lutter contre le harcèlement, les discriminations et les agissements sexistes ou violents que les agents pourraient rencontrer dans le cadre de leur travail dans les postes diplomatiques français.