Horizon Québec Actuel est la seule organisation politique d’Amérique du Nord reconnue par Marine Le Pen. Son fondateur et président, Alexandre Cormier-Denis, péquiste depuis plus de 10 ans, prône la souveraineté, le patriotisme économique, la diplomatie patriote et s’insurge contre le multiculturalisme… tout comme la présidente du Front National en France, avec qui il était le 8 novembre dernier à Paris, à l’occasion de la Convention thématique Marine 2017.
Par Nathalie Simon-Clerc et Cédrelle Eymard
Le trentenaire ne décolère pas contre Jean-François Lisée, le nouveau chef du Parti Québécois. » Jean-François Lisée a gagné sur des questions identitaires qu’il renie aujourd’hui », s’insurge M. Cormier-Denis. Péquiste depuis l’âge de 18 ans, il fustige les Libéraux, mais aussi la CAQ de François Legault, tous deux coupables, à ses yeux, de favoriser le multiculturalisme. « Nous sommes américains, mais il y a quelque chose de l’esprit français qui nous habite », assène le président qui veut renouveler le nationalisme québécois et s’inspirer de la laïcité de la France. De plus, il reproche au Parti Québécois (PQ) de toujours pencher vers l’aile progressiste et d’envisager aujourd’hui une alliance avec Québec Solidaire, « une espèce de Front de Gauche », selon lui.
[pullquote]Au PQ, il y a beaucoup d’adhérents qui se sentent orphelins car le parti est pris dans ses contradictions idéologiques[/pullquote]
Il a fondé Horizon Québec Actuel il y a six mois, avec deux autres comparses, après avoir rencontré Marine Le Pen en mars 2016, lors de son passage au Québec. Il est l’un des quatre péquistes qui avaient défrayé la chronique à cette occasion et dont le PQ avait désapprouvé la démarche. Une procédure d’exclusion avait même été envisagée. Il définit son organisation comme un « think-tank », qui compte quelques dizaines d’adhérents, et n’exclut pas de présenter des candidats en 2018 aux élections provinciales.
« Au PQ, il y a beaucoup d’adhérents qui se sentent orphelins car le parti est pris dans ses contradictions idéologiques internes, explique M. Cormier-Denis, et on refuse d’aborder certains thèmes populistes ». Il soutient que « pas mal de péquistes » ne désapprouvent pas le discours de Marine Le Pen et voient d’un bon oeil la création d’Horizon Québec Actuel.
La francophonie et la défense de la langue française préoccupent également la nouvelle organisation politique, qui voit en Marine Le Pen, un ardent défenseur de la langue de Molière. D’ailleurs, Horizon Québec Actuel est partenaire du Collectif Mer et Francophonie (COMEF) et du Rassemblement Bleu Marine, deux associations satellites du Front National.
« Marine Le Pen est plus gaulliste que Sarkozy! »
Alexandre Cormier-Denis se présente volontiers comme le seul soutien du Front National en Amérique du Nord. En effet, lors de la venue de la Présidente frontiste, les fondateurs du mouvement québécois ont été les seuls responsables politiques à l’accueillir officiellement. « Horizon Québec Actuel est un mouvement cousin du parti frontiste. Nous sommes un soutien idéologique et non officiel du Front National », précise le Président.
S’il a pu se sentir idéologiquement proche de l’ancien Président de la République française, le président d’Horizon Québec déplore la position du « ni-ni » de Nicolas Sarkozy en février 2009 qui a, selon lui, marqué le début de la détérioration des relations entre la France et le Québec. En ce sens, Marine le Pen lui apparaît plus gaulliste qu’un Nicolas Sarkozy plus fédéraliste, dans sa vision souverainiste de la France et du Québec: « Pour ce qui est de projeter la France à l’international, dans son rapport aussi à la politique internationale, Marine Le Pen est plus gaulliste que Nicolas Sarkozy ». Le Président d’Horizon Québec Actuel exprime sa volonté de tisser des liens avec les souverainistes français et voit en Marine Le Pen une « rupture » politique diplomatique à l’opposé des années Sarkozy et Hollande.
« Les relations France-Québec ont été négligées ces dernières années, regrette Alexandre Cormier-Denis, l’alliance France-Québec devrait être forte. » Il se dit déçu par la politique de Philippe Couillard vis-à-vis de la France, et notamment l’augmentation des frais de scolarité au Québec pour les étudiants français.
« Quand le Général vient en 1967, il crée une dynamique politique à l’interne qui permet la libération de la parole sur la question de la souveraineté du Québec et il met le Québec sur la mappemonde finalement ». Ce « néo-gaulliste québécois » ne cache pas son admiration pour le Général de Gaulle. Il précise, en outre, que le mouvement souverainiste québécois prévoit des festivités l’année prochaine pour le 50e anniversaire de la visite de l’ancien président français au Québec, avec la création, entre autres, d’un comité particulier pour l’occasion.
(crédit photo: Nathalie Simon-Clerc – légende: Alexandre Cormier-Denis)