Jeudi soir, à la Maison Notman à Montréal, avait lieu la soirée de lancement du livre Je suis moi, premier d’une série qui va suivre de la collection « Je suis ». Coécrit par Maryem Harras, psychoéducatrice belgo-marocaine ayant vécu en France et Éléonore Brieuc, écrivaine et comédienne québécoise, le livre s’inscrit dans le projet LIB’R, une structure de l’économie sociale et solidaire née en 2015 et dédiée au « coaching de vie ». L’objectif : libérer le plein potentiel de chacun d’entre nous.
Par Victoire Pottiez
Sur les murs de la salle dédiée à l’événement, étaient affichés les fragments d’une grande carte énigmatique représentant le cheminement de la vie. Chacun de ces fragments nous invitait à nous questionner sur nous-mêmes. Quelle est notre histoire? Quels sont nos besoins ? Quels sont nos obstacles ? Pourquoi exerçons-nous notre métier ? Les plus éclairés affichaient leurs réponses sur un post-it transformant le mur en billboard interactif.
« Questionner pour donner du sens, c’est ça le métier de coach de vie », nous explique Maryem. La jeune femme qui se définit comme étant libératrice de potentiel et co-créatrice de sens est elle-même passée par ce long processus de remise en question. « J’ai cherché toute ma vie une école de vie » raconte-t-elle. Bien établie dans son métier de psychoéducatrice, Maryem ressentait un manque qu’elle a su combler par la créativité dont le livre est l’aboutissement. D’ailleurs, le livre est plutôt un objet hybride semblable à une carte dépliante et présenté comme « un mode d’emploi pour grandes personnes ». Au verso, Éléonore et Maryem nous racontent l’histoire d’un personnage en quête de sens sur son identité. Un récit qui nous rappelle les contes initiatiques de notre enfance comme L’Alchimiste de Paulo Coehlo ou encore celui du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry. Au recto, nous retrouvons la fameuse carte présentée comme un labyrinthe, avec des voies sans issues, des chemins plus ou moins étroits et des cercles fragmentés desservant de part et d’autres des espaces d’écritures que le lecteur/acteur doit combler. « On a utilisé des outils de coaching et des archétypes et on a travaillé les métaphores pour que l’histoire parle à tout le monde », explique l’auteure.
[caption id="attachment_12772" align="aligncenter" width="640"] Eleanore Brieuc et Maryem Harras, lors de la soirée de lancement du livre « Je suis moi » à la maison Notman de Montréal, le jeudi 19 novembre 2015[/caption] « Le déclic a été Charlie Hebdo »Maryem n’a pas toujours exercé auprès des adultes. Sa première structure, Créavif, qui est toujours active, s’adresse aux jeunes en proie à des difficultés psychologiques. À but non lucratif, elle a été fondée à Montréal en 2008 et comprend deux autres antennes, l’une en France, à Aubervilliers, et l’autre en Belgique. Le projet LIB’R a été créé en 2015 en réaction à l’actualité. « Le déclic a été Charlie Hebdo », raconte Maryem. « J’ai senti que la détresse pouvait être également très présente chez les adultes, et j’avais besoin de me sentir aussi utile auprès de cette population ». Bâtie sur le principe de l’économie sociale et solidaire, LIB’R s’adresse plus particulièrement aux entreprises désirant « libérer leur plein potentiel» en proposant des ateliers, des conférences, des vidéos en lignes et des séjours. Tous les bénéfices sont ensuite reversés à Créavif.
« La France n’est pas prête » Quand on l’interroge sur son expérience en France, Maryem nous parle de « résistances ». « J’ai le sentiment que la France n’est pas prête à expérimenter le coaching de la même façon », explique-t-elle. « Pour les Français, c’est encore une pratique réservée aux élites ou aux entrepreneurs, d’ailleurs, là-bas on travaille beaucoup avec des politiques », révèle-t-elle. Les différences culturelles qui résident entre les deux pays expliquent cette divergence, selon la coach. « En France on n’ose pas essayer, ou alors on essaye à moitié et cela ne peut pas marcher », affirme-t-elle. « Mon gros défi est de faire que les Français arrivent à sortir de leur zone de confort pour arriver dans leur zone de magie », lance-t-elle avec un sourire qui en dit long sur ses aspirations.
(Crédit photos : Victoire Pottiez) ]]>