Le 22 décembre 2023, le film L’Abbé Pierre, une vie de combats sort dans les salles du Québec.
Le film raconte la vie d’Henri Grouès (Benjamin Lavernhe), ce fils de famille bourgeoise né à Lyon en 1912 qui devient moine chez les Capucins et en est chassé à cause de sa constitution trop fragile. Il s’enrôle alors dans le maquis du Vercors et devient résistant, sous le nom de l’abbé Pierre. A la libération, il continue son action en étant élu député, et en défendant toujours les sans-abris dès avant l’hiver 54, et jusqu’à sa mort.
Si le film met en évidences la création d’Emmaüs qui fait de lui une star télévisuelle, il met également bien en évidence les doutes et ses fragilités de l’abbé, ses souffrances et ses révoltes, lui, cet homme complexe, tiraillé entre ses aspirations sociales et mystiques.
Deux moments sont très forts dans ce long film de 2h20: Le premier se construit progressivement pour montrer la relation étrange, voire ambigüe (le film ne le précise pas) entre l’abbé et Lucie sa fidèle complice. Leur relation, construite au fil des décennies, est assez étrange, voire peut-être ambigüe, le film ne le précise pas.
Benjamin Lavernhe, pensionnaire de la Comédie-Française, et Emmanuelle Bercot sont toutefois criant de réalisme et de sincérité dans ces deux rôles.
Autre moment fort, à la toute fin du film, quand l’abbé Pierre est prêt à mourir et qu’il annonce son départ à son successeur, plein de tendresse et de drôlerie, dans le réfectoire d’un centre Emmaüs.
J’ai toujours eu beaucoup de difficulté avec cet abbé Pierre, cet homme qui pouvait avoir une action si forte et déterminante et, en même temps, avoir, comme il l’a fait à la fin de sa vie, un discours très homophobe. Eh bien, ce film me la rendu plus compréhensible. Je ne dis pas que je comprends ou que j’accepte son discours
homophobe, mais au moins, je comprends la complexité de l’homme… ce qui me le rends bien plus sympathique.
Sans Benjamin Lavernhe, très impressionnant par son talent mimétique, et l’excellente Emmanuelle Bercot, le film apparaîtrait sans doute tout aussi grandiloquent et peut-être un peu moins convaincant.
Mais, quoi qu’il en soit, c’est un bon film à voir.
Benjamin Lavernhe
En 2008, Benjamin Lavernhe entre au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. En 2011, il fait ses premières armes de comédien professionnel au théâtre dans le rôle de Benvolio de Roméo & Juliette. En 2012, il intègre la Comédie Française où son talent lui permet d’interpréter de multiples rôles dans des grands classiques. Il apparait pour la première fois au cinéma dans la comédie Radiostars de Romain Levy aux côtés de l’humoriste Manu Payet et l’acteur Clovis Cornillac. En 2014, il est dans Un beau dimanche de Nicole Garcia. C’est en 2015 que le comédien commence à se faire connaître, interprétant un jeune homme autiste dans Le goût des merveilles d’Éric Besnard. Il y donne la réplique à Virginie Efira. Benjamin tient ensuite le rôle principal de la comédie Rupture pour tous d’Éric Capitaine. Après avoir joué Jean-Michel Cousteau, frère du commandant, dans le film biographique L’Odyssée, il interprète le rôle de Pierre aux côtés de Jean-Pierre Bacri dans le film à succès Le sens de la fête d’Éric Toledano et Olivier Nakache pour lequel il est finaliste pour le César du Meilleur espoir masculin. En 2021, on le retrouve dans Délicieux d’Éric Besnard et dans Les choses humaines d’Yvan Attal. L’année suivante il joue dans Le sixième enfant de Léopold Legrand et Les engagés d’Émilie Frèche.
Dans une salle près de chez vous: https://www.cinoche.com/films/l-abbe-pierre-une-vie-de-combats
(crédit photo de Une: © PHOTOS : Jérôme Prébois)