Jeudi soir, la « Galette des Rois » de l’Union Française a réuni près de 120 personnes. Les membres de la communauté française et leurs amis se sont retrouvés autour d’un verre de mousseux et d’une part de frangipane. Une semaine après les attentats en France, l’atmosphère était particulière et l’émotion encore palpable. La cornemuse retentit. L’orchestre breton se met à jouer. Quelques personnes commencent à se déhancher timidement sur la piste de danse. Les autres ont formé des groupes. Attablés, ils dégustent la fameuse galette des rois. On discute, on rit, on boit, on mange… C’est presque une ambiance de fête qui se dégage de l’assemblée. Presque. Le fantôme de Charlie Hebdo plane encore dans la grande salle de l’Union Française, où à peine une semaine plus tôt, la communauté française s’était rassemblée pour rendre hommage aux victimes. Invité à s’exprimer, le leader du groupe de musiciens breton L’An-des-vents dédie le premier cantique à Charlie Hebdo. Sur la scène, une pancarte indique en breton « Nous somme tous Charlie ». Martine, une Française installée au Québec depuis 42 ans, est une adhérente de l’association depuis une dizaine d’années. Son amie, Louise, une Québécoise, a tenu à l’accompagner. Elles ont réservé leurs places lundi, le lendemain de la marche républicaine. « Cela faisait des années que Martine me disait d’adhérer à l’Union Française, explique Louise. Je ne le faisais pas. Mais depuis Charlie, voir tous ces rassemblements à Montréal, ça m’a donné envie de le faire. Alors, je me suis lancée, j’ai adhéré aujourd’hui même». Et Martine d’ajouter : « Puis, on est gourmands, alors on ne perdra plus une occasion de se retrouver ici autour d’évènements comme celui-là ». « Se retrouver pour une galette des rois, c’est très rafraîchissant par les temps qui courent » Et des évènements comme la Galette des rois, il y en aura d’autres cette année. À terme, l’objectif pour l’Union Française est même de les multiplier afin d’augmenter en visibilité. « Il y a eu une certaine lacune par le passé, se souvient Cédric Dumoulin, son président. Ici, beaucoup de Français sont dans la solitude et ne savent même pas que l’association existe. Des rassemblements comme ceux de Charlie Hebdo la semaine dernière leur ont ouvert les yeux quant à son existence. On en a un bel exemple ce soir». La visibilité de l’Union Française et l’organisation de ce type de rendez-vous sont un enjeu d’autant plus important pour 2015 que l’association a besoin de fonds pour se renouveler. Et pour cause, le premier défi à relever cette année est de taille : la modernisation et la mise aux normes de l’immeuble qui abrite l’association. M. Dumoulin en fait sa priorité : « C’est une bâtisse vétuste dont la grande salle n’est pas en très bon état, affirme-t-il. On est gêné, parfois honteux, d’inviter les gens à des activités comme celle du 14 Juillet, alors qu’il n’y a même pas l’air conditionné! ». Pour y remédier, une équipe d’une vingtaine d’étudiants et d’architectes est sur le coup. Le 9 février prochain, ils proposeront leurs plans de construction et de réagencement de « la Maison de la France ». En tout cas, ça n’a pas eu l’air de gêner Yann et ses amis trentenaires qui plaisantent sur sa couronne. « Ça faisait longtemps que nous ne nous étions pas vus. Alors avec la galette des rois, on a sauté sur l’occasion. Et Yann n’est pas déçu !», relate Emilie, une fille du groupe, adhérente depuis cet été. Ils étaient douze reines et rois à trouver la fève hier. (crédit photo : Charlotte Lopez) ]]>