C’est au Musée des Beaux-Arts de Montréal que le journal Le Monde, en collaboration avec Le Devoir, a tenu le 26 octobre dernier la toute première édition du Monde Festival hors de France. Au programme : dix conférences, animées par des journalistes du Monde et du Devoir et réunissant des invités de renom. Une occasion de nourrir le dialogue franco-québécois et de porter des regards croisés sur les grands enjeux qui nourrissent le débat public de part et d’autre de l’Atlantique.
Par Sandrine Bourque, rédactrice en chef adjointe et Camille Balzinger, journaliste
« Ensemble » : c’est le thème retenu pour cette première édition montréalaise du Monde Festival, rendue possible grâce au soutien du ministère des Relations Internationales du Québec et du Consulat de France à Québec. La programmation du festival, élaborée conjointement par Le Devoir et par Le Monde depuis près d’un an, s’est façonnée autour d’enjeux aussi variés que la laïcité, l’éducation, l’environnement ou l’intelligence artificielle. « À travers les thèmes retenus, nous avons voulu croiser les regards et discuter de ce qui rassemble, mais aussi de ce qui distingue les sociétés française et québécoise », explique le rédacteur en chef du journal Le Devoir, Brian Myles.
Le choix de tenir cette première expérience étrangère à Montréal est révélateur de l’intérêt renouvelé pour la relation France/Québec, à l’heure où un nombre croissant de Français font le choix de s’expatrier dans la Belle-Province. « Il y a une relation d’amitié historique entre nos deux peuples, avance Brian Myles. Nous partageons une histoire commune dans le temps, bien sûr, mais nous partageons aussi une langue, des valeurs. Avec l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, la multiplication des correspondances aériennes, les expatriés français qui viennent au Québec, nous sentons que les liens forts qui nous unissent sont appelés à se renforcer. »
Des valeurs communes
Ce premier partenariat entre les deux quotidiens est le résultat « d’une communion d’esprit et d’une alliance forte », avance M. Myles. « Le Monde et Le Devoir partagent les mêmes idéaux quant à la valeur de l’information et du journalisme dans une société démocratique. Nous essayons de tirer le débat social et politique vers le haut. Là où d’autres succombent à faire des vidéos de chat, ajoute-t-il avec le sourire, nous continuons d’encourager la production de contenu de qualité. » Il a donc été très facile pour les co-organisateurs de s’entendre, « que ce soit sur les contenus, les thématiques ou les choix d’invités », ajoute le directeur du quotidien montréalais.
Pour Brian Myles, la collaboration avec un journal de renom comme Le Monde permet également au Devoir de s’imposer comme acteur incontournable du débat social au Québec. « Non seulement ce partenariat nous permet de nous positionner comme un journal de qualité, mais cela nous permet d’avoir une influence plus grande dans le débat d’idées. Nous ne sommes pas seulement des spectateurs assis dans les estrades. Nous essayons aussi de façonner le débat public, d’y jouer un rôle actif. Et Le Monde Festival nous aide à y parvenir. »
Des similitudes importantes existent également entre la France et le Québec du point de vue de la pratique du journalisme. « On a des valeurs de base qui se ressemblent : l’équité de traitement, la vérification des faits, la rigueur. Les canons du journalisme s’exercent de la même façon, » précise M. Myles. Les challenges auxquels font face les médias sont similaires au Québec et en France : l’indépendance des rédactions, le virage numérique… Il décrit les Français comme « avant-gardistes sur les mesures d’aide à la presse, » mais estime que le Québec n’a rien à envier à la France. « On vit des réalités qui sont assez similaires, mais on les vit ici dans un marché de huit millions de personnes alors qu’en France, on est à 67 millions. »
Vers un rendez-vous annuel ?
Si l’heure est présentement au bilan, les organisateurs du Festival souhaitent à coup sûr renouveler l’expérience dans les années à venir afin d’en faire un rendez-vous incontournable pour le public québécois. « Rien n’est confirmé pour l’instant, mais l’intérêt est là, assure Brian Myles. Nous avons mis sur pied ce partenariat dans l’idée d’une alliance durable, pas temporaire. »
La formule pourrait toutefois changer lors de la prochaine édition. « Nous avons déjà des idées de thématiques pour l’année prochaine, mais nous devons d’abord faire un post-mortem de la présente édition, reconnaît Brian Myles. Il y aura certainement plus d’invités, plus de journées de panel et plus d’activités. C’est notre objectif. Nous aimerions que ce soit un vrai festival, comme à Paris, mais dans les proportions du Québec. » Avec plus de 3 000 participants à cette première édition, gageons que le partenariat naissant entre Le Monde et Le Devoir a de beaux jours devant lui.