Yan Chantrel est un sénateur heureux. De retour sur « ses terres » au début du mois de mars 2022, le parlementaire a passé une semaine studieuse au Québec et a évoqué, avec la rédaction de l’Outarde Libérée, un début de mandat démarré sur les chapeaux de roue au Palais du Luxembourg.
Vainqueur surprise face à Ségolène Royal en septembre 2021, Yan Chantrel s’est rapidement mis au travail. À peine sorti de l’avion, il posait une question au gouvernement dans le cadre de son nouveau mandat. « On m’a élu pour agir, et les problématiques des Français de l’étranger, accentuées par la pandémie, sont importantes », justifie le parlementaire.
Membre de la commission de la Culture, de l’Éducation et de la Communication du Sénat, il interpelle, deux jours après son arrivée en France, la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, sur la politique de recherche du Gouvernement, « le parent pauvre des politiques françaises ». Très actif sur le dossier de l’enseignement supérieur et de la recherche, l’élu montréalais, connait l’importance des universités et des nombreux étudiants de la métropole québécoise.
« C’est une question de souveraineté : un pays qui n’investit pas dans la recherche est un pays qui ne pense pas à l’avenir ».
Après six mois passés au Palais du Luxembourg, Yan Chantrel n’a rien perdu de sa combativité québécoise. Celui qui a arpenté Montréal et mené de nombreuses campagnes électorales, avec plus ou moins de succès, n’a oublié, ni son manteau d’hiver, ni sa carte Opus. Vêtu d’une chemise, veste et paire de jeans, le quadragénaire, qui fut conseiller consulaire et conseiller à l’AFE durant sept années, reprend vite ses habitudes montréalaises.
« Je suis très heureux de retrouver mes compatriotes de Montréal, qui m’ont fait confiance à plusieurs reprises. Je me sens redevable vis-à-vis d’eux car je n’oublie jamais d’où je viens. Je veux rester au plus près du terrain »
Attentif aux dossiers consulaires
Élu national, il n’en reste pas moins un élu des Français de l’étranger. « Je veux être très pratico-pratique sur les dossiers qui concernent mes compatriotes ». Il défend le réseau de l’enseignement AEFE et rappelle que « pour le rayonnement de notre langue et de notre culture, il est important que nous puissions faciliter les études et l’enseignement en français à travers le monde », tout en regrettant que les bourses scolaires ne soient pas suffisamment dotées.
« Les Français de l’étranger sont souvent les parents pauvres des politiques publiques », se désole le sénateur. Il a rejoint le groupe de travail des sénateurs des Français de l’étranger, afin de contribuer aux dossiers portés par ce groupe.
Durant son séjour, il a bien-sûr pris connaissance des dossiers consulaires des postes de Montréal et Québec. S’il salue les politiques de dématérialisation mises en place ses dernières années, il regrette qu’elles le soient parfois au détriment d’agents consulaires ou de moyens financiers. « Le service public, ça reste un contact humain », explique-t-il.
Il évoque la problématique des demandes de passeports à Montréal et note la sous-dotation des postes consulaires au regard de l’importance de la communauté française. Il souligne les « coupes drastiques » dont est victime le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères depuis toujours.
« La force de la France, c’est son réseau diplomatique, le 3e au monde, et la puissance de son service consulaire »
« Les Français de Montréal sont épuisés »
Franco-canadien, Yan Chantrel se réjouit de sa double citoyenneté et de sa double culture : « C’est une richesse, même dans ma vie parlementaire, car j’ai vécu des choses différentes et ça enrichit le débat parlementaire ».
Durant sa semaine québécoise, il a rencontré de nombreux Français, qu’il a trouvés « épuisés, lessivés, fatigués… Avec ces deux ans de pandémie tout le monde est à bout, je l’ai ressenti plus fortement qu’en France. »
« On avait une responsabilité historique à s’unir »
Le militant de gauche n’est jamais loin. À Paris, au plus près de la campagne électorale des élections présidentielles, il a choisi de soutenir Anne Hidalgo, candidate officielle du Parti socialiste. Il reste pourtant amer.
« Je souhaitais que la gauche s’unisse; avec la montée de l’extrême-droite, on avait une responsabilité historique à nous unir et ne pas être dans un bal des égos »
Il milite pour l’union de la gauche : « Dans l’hémicycle, tous les parlementaires de gauche sont solidaires; au moment des élections on ne l’est plus; il n’y a pas de lignes infranchissables entre nous pour être unis. »
Il estime que « les responsables politiques de gauche ont une responsabilité et devront y répondre après les élections. »
#AUDIO: Yan Chantrel veut reconstruire la gauche:
Crise climatique et GAFAM au menu du sénateur
Il évoque le rapport du GIEC, passé quasiment sous silence avec la crise ukrainienne. « On va compter 3 milliards de réfugiés climatiques en 2050, c’est la moitié de la population, c’est colossal ! » s’inquiète le sénateur, qui ajoute :
« Nous sommes toutes et tous potentiellement un futur réfugié climatique. C’est l’enjeu de demain, il faut y répondre ».
Il a déjà pris la tête du groupe d’amitié France-Canada au Sénat, pour y mener un « travail concret » et constituer une force de proposition et d’action. Alors que nous célébrons la francophonie, il a pour projet de mettre en place une coalition internationale pour, élaborer une charte via l’UNESCO, et contraindre les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) à considérer la diversité culturelle dans leur offre de programmation. « C’est un sujet majeur qui concerne nos deux pays et que l’on va élargir à d’autres pays francophones », prévient le parlementaire.
Suivre l’action de Yan Chantrel: https://www.yanchantrel.fr/