En 2020, les Canadiens ou les Américains qui se rendront en Europe devront se procurer l’ETIAS, European Travel Information and Authorization System, un visa électronique payant qui, à l’instar de l’AVE canadien ou de l’ESTA américain, constituera une demande d’entrée sur le territoire de Schengen, pour les personnes aujourd’hui exemptées de visa.
L’ETIAS est à l’étude pour une mise en application d’ici trois ans. « Ce système exigera que toutes les personnes qui n’ont pas besoin d’un visa soient contrôlées préalablement à leur déplacement vers l’espace Schengen. Toute personne présentant un risque peut se voir refuser l’entrée. », précisait en juin dernier la présidence maltaise du Conseil de l’Europe qui venait de définir l’orientation générale de ce projet, déjà évoqué au printemps 2016 par le vice-président du conseil, Frans Timmermans.
Certes, le Conseil de l’Europe évoque des raisons de sécurité: « Ce système contribuera à renforcer la sécurité intérieure, à prévenir l’immigration clandestine, à limiter les risques pour la santé publique et à réduire les temps d’attente aux frontières grâce à l’identification, avant leur arrivée aux frontières extérieures, des personnes susceptibles de présenter un risque dans l’un de ces domaines. » Ce système permettrait la constitution d’un fichier central de non-européens, bourré d’informations. Actuellement, les personnes exemptées de visa ne sont pas répertoriées par l’Europe.
Toutefois, l’autorisation de voyage ne conférera pas un droit d’entrée ou de séjour automatique; c’est le garde-frontières qui prendra la décision finale.
Selon l’Europe, « les informations communiquées dans chaque demande donneront lieu à un traitement automatique par consultation d’autres bases de données de l’Union Européenne afin de déterminer s’il y a des motifs raisonnables s’opposant à la délivrance d’une autorisation de voyage. »
Une manne financière
Si la sécurité de l’Europe reste la noble cause de ce système, l’aspect financier n’est pas négligeable. Une source française parle de « motivation sérieuse » pour sa mise en place. L’Europe, première destination touristique du monde, accueille 600 millions de touristes chaque année, dont 30 à 40 millions sans visa. Les autorités européennes ont déjà calculé que cette manne pourrait rapporter de 500 millions à deux milliards d’euros chaque année, à un budget européen de plus en plus serré.
Le tarif de l’ETIAS a été fixé à 10 euros pour le moment. Il sera valable trois ans. Les coûts de développement et de mise en place de l’ETIAS sont de 212 millions d’euros, et la maintenance annuelle de 80 millions d’euros chaque année. Le prix modéré a été privilégié pour favoriser le développement du tourisme dans la zone Schengen, et pour s’aligner sur les systèmes existants au Canada, aux États-Unis et en Australie. Aux États-Unis, l’ESTA rapporte 200 millions de dollars par an.
De plus, ce service pourrait être sous-traité à une entreprise privée, qui se chargerait de collecter et de valider les données, l’Europe n’intervenant en bout de ligne, que pour accorder ou non le précieux sésame.
Les Français d’Amérique du Nord, ayant la double citoyenneté, franco-canadienne ou franco-américaine, devront donc voyager avec leurs deux passeports dès 2020.
Le site d’information de l’ETIAS: etiaseurope.eu