Mardi, le président de Metropolis, Denis Coderre, a invité Anne Hidalgo, maire de Paris, et Justin Trudeau, Premier ministre du Canada, à Montréal pour réaffirmer le poids grandissant des grandes villes dans le monde et de leur implication dans la lutte contre le changement climatique et le « vivre ensemble ».
« Le 21e siècle, c’est le siècle des villes-monde, a rappelé Anne Hidalgo, c’est la 1ère ligne de front de la mondialisation ». Tous se sont entendus pour affirmer que les villes ne sont pas un contre-pouvoir mais un pouvoir à échelle locale et humaine, qui doit « inventer des solutions aux nouvelles problématiques du siècle ». « Nous desservons les mêmes citoyens », a justifié le Premier ministre du Canada.
Fini le jumelage culturel pour écoliers ou la tradition verticale française, ou l’État décide et la ville exécute. Désormais les villes sont des gouvernements de proximité, qui collaborent à égalité avec les autres paliers de gouvernement, et pratiquent même la « diplomatie urbaine » chère à Denis Coderre. Le maire de Montréal justifie ses déplacements dans le monde : « Ça génère un impact économique énorme! ». Montréal enregistre d’ailleurs une baisse du chômage de 3%.
« Livrer 60% des services sur 10% des impôts, ça exige une discipline, une capacité à innover, qui fait des villes un partenaire essentiel », ajoute Justin Trudeau.
Les villes, principales émettrices de GES
Selon les débateurs d’un soir, c’est la COP21 qui a accéléré ce mouvement naissant. « Ce qui nous a fait progresser à l’international c’est Mike Bloomberg, ancien maire de New-York, nommé envoyé spécial de l’ONU pour le climat », affirme Anne Hidalgo qui considère que cette décision traduisait la volonté de l’ONU de s’appuyer sur ce réseau urbain mondial pour porter un message commun et pousser les États réticents à s’engager.
« 47% des GES(1) sont les effets des congestions, ça se passe dans les villes », a fait valoir Denis Coderre. « Nous pouvons réduire les GES de 40% et nous avons pris des engagements à l’horizon 2020 au cours du dernier C40(2) à Mexico », a renchéri Anne Hidalgo, présidente de C40, qui a avancé que les villes produisent 70% des GES.
La maire de Paris a évoqué les critiques qu’elle a dû essuyer lorsque son administration a décidé d’interdire les berges de la Seine aux automobiles. « Il y a des visionnaires et des gens qui regardent dans le rétroviseur », a-t-elle commenté.
Le maire de Montréal a mis en avant les 1 000 bornes de rechargement électrique prévues d’ici 2020 dans la ville, les 780 kilomètres de piste cyclable qui vont passer à 1280, la politique de stationnement et l’investissement dans le transport collectif.
« Je remercie M. Trump »
« Je remercie M. Trump, il a provoqué quelque chose de grand et positif », a ironisé le maire Coderre, faisant référence à la mobilisation des maires américains pour que les engagements pris lors de la COP21 au nom des États-Unis soient respectés. Anne Hidalgo a salué leur « mobilisation exceptionnelle » et a ajouté : « Les grandes villes et les états américains ont un poids énorme dans la mise en œuvre de l’accord de Paris ».
« Les gouverneurs, les villes et les entreprises américaines foncent et cherchent des partenaires, ça pourrait être le gouvernement du Canada », a lâché Justin Trudeau.
Le Premier ministre du Canada n’a pas manqué de souligner l’aspect économique du développement durable et les créations d’emplois à la clef.
« Il faut que les villes accompagnent la sortie des énergies fossiles, il y a énormément d’emplois dans les nouvelles énergies », a considéré la maire de Paris.
- (1) GES : Gaz à effet de Serre
- (2) C40 : http://www.c40.org/ – Réseau de villes et métropoles oeuvrant contre le changement climatique, que Montréal a intégré l’année dernière
(crédit photo: Nathalie Simon-Clerc)