À l’occasion de son passage au Canada où il a défendu l’Accord économique et commercial global (AECG), Manuel Valls s’est adressé jeudi soir à la communauté française de Montréal. Devant ses concitoyens, le premier ministre y a livré un discours éminemment plus politique.
Par Lise Ouangari
« Vous contribuez au renforcement de notre pays, de son économie, de sa culture, de sa gastronomie, en un mot vous participez de l’influence de la France », a déclaré Manuel Valls dans la soirée du jeudi 13 octobre à l’hôtel Sheraton devant la communauté Française. Il a salué les Français, les élus, les conseillers consulaires et les représentants des associations.
Dans un discours cérémonieux, il a rappelé la relation « directe et privilégiée » qui unit la France et le Québec. « Sur cette terre d’Amérique du Nord, il y a une part de nous même. […] nos destins sont aussi liés par cette belle langue que nous avons en partage et que nous devons défendre et promouvoir », a-t-il dit.
Le Premier ministre a également souligné l’importance de la jeunesse : « Cette priorité ne s’est jamais démentie », a voulu rassurer Manuel Valls alors que les frais de scolarité des universités pour les étudiants français ont triplé en 2015.
Valls réagit aux confessions d’Hollande sur la magistrature
Alors que de l’autre côté de l’Atlantique, François Hollande est sujet à de vives critiques suite à ses confessions tenues à l’encontre de la magistrature qu’il a décrit comme « une institution de lâcheté », Manuel Valls a désapprouvé ces propos en prônant une « éthique faite de respect aux institutions de la Ve République » tout en plaidant que le quinquennat de François Hollande, « aura été celui d’un respect strict de l’indépendance de la justice ».
Le premier ministre a défendu le bilan du chef de l’Etat en insistant sur le contexte qui a entouré son quinquennat : la menace terroriste, la poussée des populismes, la crise migratoire, a-t-il énuméré. « C’est un moment grave qui demande de la hauteur de vue, du sang froid, de la détermination. Exercer des responsabilités dans ces moments si particuliers c’est savoir prendre des décisions lourdes », a-t-il rappelé en citant l’intervention des forces françaises au Mali et la décision de décréter l’État d’urgence face aux actes terroristes.
Un discours aux allures de campagne
Le discours de Manuel Valls avait des airs de campagne qui rappellent que le chef du gouvernement pourrait se déclarer si François Hollande décidait de ne pas se représenter. Le Premier ministre a aussi défendu le bilan de son gouvernement : « Je crois que les premiers résultats sont là mais nous devons faire beaucoup plus » a-t-il affirmé devant « une croissance qui revient mais qui est encore trop faible » et un « chômage de masse ». « Pour moderniser notre modèle social, je pense à la lutte contre les inégalités à l’école, je pense aussi à une belle idée que j’essaie de porter qui est le revenu universel », a enchaîné Manuel Valls, devant le député d’Amérique du nord, Frédéric Lefebvre, ardant défenseur de ce dossier, qu’il m’a pourtant pas manqué de tacler : « Ne restez pas derrière moi, on va penser que vous me soutenez pour la primaire! », soulevant l’hilarité de l’assemblée. Il a conclu, devant la communauté de Français à Montréal, en assurant avoir « de l’énergie à revendre ».
La soirée s’est terminée sur une note culturelle. Manuel Valls a profité de sa présence au Québec pour décorer officiellement Nathalie Bondil, la conservatrice franco-canadienne du Musée des Beaux-Arts de Montréal. Elle a été promue au grade d’Officier de l’ordre des Arts et des Lettres devant la ministre de la culture Audrey Azoulay.
(crédit photo : Conrad Vitasse)
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Surpris d’entendre Manuel Valls ce soir-là au Centre Sheraton parler du « pouvoir judiciaire » et non pas de « l’autorité judiciaire », instituée à côté du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif. Apparemment, il n’a pas lu la Constitution de la 5ème République. Cf. son Titre VIII: « De l’autorité judiciaire ». Nous ne sommes pas aux États-Unis où, de la même manière que les citoyens choisissent leurs représentants, sénateurs, gouverneurs, et présidents, les Américains élisent leurs magistrats. Ce n’est bien évidemment pas le cas en France.