Né au Québec et révélé en France, le groupe Mauve a été remarqué sur France Inter et lors de la sélection finale du Printemps de Bourges 2015. La chanteuse, Mauve Lunel nous raconte son parcours et la genèse du projet.
Jeune compositrice-interprète originaire de Paris, Mauve Lunel a commencé sa carrière musicale au Québec avant de la poursuivre en France. C’est avec le musicien nantais Gaëtan Durandière, rejoint plus tard par Benoît Gautier, musicien arrangeur, qu’elle a fondé son groupe. En 2014, celui-ci réalise son premier EP nommé Décembre. Son titre, qui est aussi celui de la chanson phare de l’album, évoque avec une tendre mélancolie l’hiver québécois et ses jours qui passent lentement à une allure folle.
De l’écriture à la chanson
Pour Mauve, c’est à Montréal que tout a commencé, c’est là qu’elle révèle son talent et qu’elle y fait les rencontres déterminantes pour sa carrière musicale. Car Mauve n’était pas prédestinée à être chanteuse. Issue d’une famille de créatifs, elle s’oriente d’abord vers le graphisme puis la création textile. Quand elle arrive à Montréal dans le but de poursuivre ses études et d’y vivre indéfiniment, elle a 25 ans, l’âge où l’on commence à réaliser le passage à la vie adulte et à s’interroger sur le sens qu’on a envie de lui donner. « J’avais envie d’entreprendre de nouvelles choses, de me refixer des buts. J’ai commencé à écrire sur ce que je vivais et ce que j’avais vécu » confie-t-elle avant de préciser « c’était une forme d’exutoire ».
« Jamais je n’aurais imaginé monter sur scène un jour » s’étonne-t-elle encore. La première fois qu’elle a osé porter sa voix devant un spectateur, en l’occurrence son ami, elle s’est mise dos à lui. « J’avais peur qu’il me juge, j’avais une toute petite voix que je n’assumais pas du tout » explique-t-elle. Parce qu’elle habitait seule, elle s’est amusée à chanter régulièrement jusqu’à se familiariser avec son organe vocal « plus je chantais, plus je sentais que ma voix se transformait ».
Premières scènes, premiers éclats
Pour sa première scène, Mauve a répondu à une annonce diffusée dans son école de création textile qui proposait de participer au tremplin « Cegeps en spectacle ». « Vous avez dix minutes pour vous exprimer » disait-on. Elle décide de le faire en chanson et se voit sélectionnée pour convaincre sur scène un public de 500 personnes. Forte de son succès, elle y participe trois années consécutives. Invitée à performer dans plusieurs bars dont le Quai des Brumes à Montréal, c’est à l’auberge de jeunesse de Tadoussac qu’elle rencontre le musicien Gaëtan Durandière, avec lequel elle créera MAUVE. Mais son amour du voyage l’amène d’abord à New Delhi pour effectuer un stage. Changement de décor, de culture, et d’inspirations. Pendant un an, l’artiste vagabonde se détache de la musique pour vivre pleinement son expérience et s’imprégner des richesses de son nouveau pays d’adoption.
« Je me suis rappelée mon premier hiver québécois »
Le retour en France est synonyme de labeur, Mauve se replonge dans l’écriture et retrouve Gaëtan avec qui elle lance le projet de création d’un EP. Elle écrit Décembre animée par la nostalgie. « C’est une chanson que j’ai écrite en juin, je me suis rappelée de mon premier hiver québécois » raconte-t-elle. « Chaque fois que je la chante j’ai cette image qui me revient. J’habitais pas loin du marché Jean Talon et j’étais sortie faire une course après une grosse tempête de neige… Les flocons tombaient encore et il y avait un silence hallucinant, j’avais l’impression d ‘être dans du coton… Finalement cette image a traversé l’EP ».
Aujourd’hui, Mauve enchaîne les projets et les concerts. Elle prône fièrement ses inspirations venues du Québec qu’elle ne manque jamais de citer dans ses interviews. Avant de venir à Montréal, elle était davantage portée par des groupes anglophones, oscillant entre le folk, la pop et le blues. Ses influences sont complétées par la chanson francophone dont elle cite, avec l’enthousiasme d’une grande fan, Emilie Proulx et Pierre Lapointe. Le prochain album devrait sortir en 2017, elle espère avoir l’occasion de revenir sur scène au Québec et aspire « Si je pouvais faire la première partie d’un artiste québécois, ça serait génial ». (crédit photo : organisation Mauve Lunel)]]>