Savoir-faire Linux ne se contente pas d’être un acteur majeur du numérique à Montréal. Forte de ses 150 employés issus de 28 pays différents, l’entreprise franco-québécoise est attentive à son éthique sociale et exige deux langues courantes : le code et le français.
« Chez Savoir-faire Linux, nous essayons de réinventer le monde à notre mesure », plaide Cyrille Béraud, fondateur et président de la compagnie. Avec Christophe Villemer, vice-président exécutif, M. Béraud a convié une centaine de personnes le 10 avril dernier, pour inaugurer un nouveau plateau de travail dans Petite-Italie, dédié à l’industriel et à l’ingénierie. Forte de 150 personnes, l’entreprise a établi son siège social à Montréal, mais rayonne aussi à Québec, Toronto et même Paris.
Le logiciel libre, un état d’esprit différent
Cyrille Béraud ne se contente pas d’inaugurer ses nouveaux locaux. Il plaide pour l’économie du logiciel libre, « l’économie du réel » selon lui. Il estime les défis du monde considérables. « La crise climatique nous rend tous égaux, et il va falloir réinventer une nouvelle façon de créer de la richesse », avance le président de Savoir-faire Linux.
Pour Christophe Villemer, « il y a un état d’esprit différent quand on travaille dans le logiciel libre et c’est ce que l’on recherche avant tout lorsqu’on recrute un candidat. Cette envie et ce besoin de changer la technologie ». D’ailleurs, l’entreprise recrute ses employés aux quatre coins du monde, car les spécialistes en logiciel libre n’ont pas de frontières. La langue française est la langue de travail. « On y tient pour maintenir la cohésion de l’entreprise », justifie le vice-président. Un tiers des employés sont français et côtoient 27 autres nationalités. « C’est la Tour de Babel et tout ça en français! », s’amuse M. Villemer.
Alexandre Boulerice veut 10 000 entreprises comme Savoir-faire Linux
Mais l’engagement social de l’entreprise ne s’arrête pas là. « On cherche des gens qui ont un vrai projet et qui ont envie de s’intégrer au Canada », ajoute-t-il. L’entreprise consacre 1900 heures par an à la francisation et à la formation pour faciliter l’intégration des nouvelles recrues dans leur société d’accueil. « Tous ceux que l’on a fait venir en 2012 sont devenus canadiens aujourd’hui », se félicite le vice-président.
Le député fédéral NPD de Rosemont — La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice, salue le rôle de Savoir-Faire Linux pour la vitalité économique de Montréal et l’espace de liberté qu’offre le logiciel libre. Le député progressiste relève également l’engagement social de l’entreprise : « Ils sont très conscientisés sur la démocratie, la lutte aux inégalités sociales ou les changements climatiques, des entreprises comme ça, j’en veux 10 000 à Montréal! »
Le logiciel libre, miroir d’un nouveau modèle d’organisation ?
L’entreprise participe à l’amélioration de logiciel grand public comme FFmpeg mais travaille aussi avec de nombreuses compagnies du secteur tertiaire, mais également avec l’industrie, notamment aérospatiale. Elle finalise d’ailleurs la mise au point d’un composant pour un constructeur canadien, qui pourrait bien également intéresser un constructeur européen.
« La question du logiciel libre va être super importante pour le Canada », estime Cyrille Béraud. Selon lui, « aujourd’hui les jeunes veulent travailler dans des modèles distribués, décentralisés et collaboratifs, et non plus verticaux; c’est pour ça que Savoir-Faire Linux est une entreprise « politique » au sens noble du terme, une entreprise engagée ».
NB: Le système d’exploitation LINUX a été développé dans les années 90, sur la base de la gratuité de la collaboration des développeurs du monde entier, pour contrer les systèmes Windows et Apple fermés et chers. Le logiciel libre était né.
(Photo de Une: de gauche à droite, Christophe Villemer, Alexandre Boulerice et Cyrille Béraud – Crédit: Nathalie Simon-Clerc)