Par Nathalie Simon-Clerc, Rédactrice en chef
Le « choc », pourtant annoncé, du résultat des élections régionales de dimanche dernier, a généré un déferlement de commentaires plus ou moins judicieux sur les réseaux sociaux de France comme du Québec.
Depuis 20 ans, le Front National (FN) progresse régulièrement et l’on continue de s’offusquer au lieu de le combattre sur le plan des idées, pour dissuader les électeurs de faire ce choix. S’il est anti-républicain, fasciste et antisémite, la République doit l’interdire! À défaut, il faut le confondre sur son programme pour informer les Français au lieu de les ostraciser. Le considérer différemment fait précisément le jeu de ce parti qui fonde sa stratégie sur la différence.
Lorsque Marine Le Pen assure que ses troupes sont prêtes à diriger les régions, et que Marion Maréchal-Le Pen ne connaît pas les compétences de la région PACA, il y a de quoi s’inquiéter.
Lorsque Marine Le Pen veut abandonner l’Euro et revenir au Franc, il y a de quoi s’interroger. Avec quelle parité? Avec quelles conséquences sur notre dette et nos importations?
Lorsque Marine Le Pen veut fermer les frontières et tourner le dos à l’Europe, il y a de quoi se questionner. Quid des jouets chinois ou vêtements vietnamiens qui permettent à des millions de Français, dans les Carrefour ou Auchan, de jouer les Père Noel ou d’acquérir un manteau d’hiver à bas prix? Quid de la technologie française, vantée à l’étranger, et que l’on ne pourra plus exporter? Quid de cette Europe protectrice, dont nous, Français de l’étranger, sommes fières, tant elle est enviée et admirée à l’étranger, malgré tous ses défauts?
Depuis 40 ans, alors que le groupuscule d’extrême-droite de Jean-Marie Le Pen s’est mué en parti nationaliste aux angles arrondis de Marine Le Pen, on préfère encore le « sensationnel » de résultats prévisibles au « décorticage » d’un programme populiste, pourtant facile à mettre en pièces tant il est simpliste et dépassé, apportant de fausses solutions à de vrais problèmes.
Il est encore temps d’établir une procuration à Montréal
Mais c’est aussi en votant, avec ce geste citoyen, que l’on affirme ses idées. L’abstention des sceptiques de la politique balise la route des partis protestataires. Plus les Français s’exprimeront, plus les élus seront indiscutables, plus les idées foisonneront et se confronteront, et moins le FN sera l’issue de secours de l’exaspération.
La moitié des Français n’a pas voté dimanche dernier.
À Montréal, combien de Français se sont prévalus de leur droit de vote ? Peu, trop peu… Alors que notre métropole québécoise compte près de 62 000 compatriotes inscrits au Consulat, on estime pourtant ce nombre au double.
S’inscrire sur une liste électorale est un geste citoyen, même, et surtout, à 6 000 kilomètres de la France. S’inscrire sur la liste consulaire de Montréal, permet de voter pour les élections nationales et européennes, mais aussi de voter pour les élections municipales, départementales et régionales, en choisissant une commune de rattachement, et en établissant une procuration.
Pour voter pour le 2e tour des élections régionales, il faut donc être inscrit sur une liste électorale en France, ou bien être rattaché à une commune sur la liste électorale consulaire de Montréal, et ensuite, faire établir une procuration au consulat, au profit d’un mandataire inscrit sur la même liste électorale de la commune.
La procédure est aujourd’hui simplifiée (il suffit de télécharger le formulaire et de le faire signer au Consulat) et les procurations sont envoyées par voie électronique en France. Donc il est encore temps !
Depuis le début de l’année 2015, 811 procurations seulement ont été établies à Montréal, dont 565 sur les trois derniers mois. Valables jusqu’à trois années, les 1646 procurations (2.65% des inscrits à Montréal) établies depuis décembre 2012 sont encore valables pour le second tour des élections régionales (pour autant que le mandant ait choisi cette option).
De plus, s’inscrire sur la liste consulaire de Montréal, c’est également permettre au Consulat de bénéficier de plus de moyens pour remplir sa mission administrative dans de meilleurs délais. Car inscrit ou pas, chacun se souvient qu’il est français et qu’il « a droit » aux services consulaires, lorsqu’il a besoin d’un passeport, d’une bourse scolaire ou d’un document administratif.
Il ne reste que quelques jours pour faire établir une procuration au Consulat, pour faire entendre sa voix lors du 2e tour des élections régionales. Lundi prochain, il sera trop tard, et il ne nous restera que les réseaux sociaux et nos yeux pour pleurnicher.
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Félicitations Nathalie pour ton analyse et ta prise de position sans ambiguïté. Tu aurais pu ajouter que si d’un côté le programme du FN est nationaliste, d’un autre il est socialiste. Il reprend, sans que curieusement personne n’en parle en France, le programme du PS de 1981: retraite à 60 ans, hausse du SMIC insupportable pour les PME,, nationalisation des banques, augmentation du déficit budgétaire, …